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Lingerie masculine: la solitude de Francken

Muriel Lefevre

Pour la première fois, personne, ou presque, n’est monté au créneau pour défendre la dernière sortie de Francken sur la lingerie masculine. Pas de cordon protecteur autour du secrétaire d’État, pas de « #iksteuntheo ». Au point que cela a des airs d’un lâchage public analyse De Standaard.

Si, à la N-VA, on peut se permettre des sorties tonitruantes sur les migrants ou sur l’économie, la question des droits LGBT est nettement plus sensible. Car le cap libertaire de la N-VA sur les droits LGBT est très clair. La loi transgenre a été votée sous son impulsion. Le sujet se trouve également au carrefour des débats chers aux thèmes de prédilections des nationalistes flamands que sont l’identité, la liberté et l’esprit des lumières. Mais le politicien le plus populaire du parti, considéré comme faisant partie des plus traditionnels, n’arrive pas à suivre ce choix rationnel et cela cause des dommages.

M. Francken a suscité la polémique dimanche après un message publié sur Facebook. « Les hommes qui se maquillent, qui portent de la lingerie, qui portent une sacoche, qui sont enceintes… Le monde tourne-t-il encore rond? Longue vie à l’homme ordinaire qui n’a pas besoin de toutes ces fadaises pour se sentir bien dans sa peau », a-t-il écrit en commentaire d’un article de presse sur la lingerie masculine. Le secrétaire d’État a précisé son message, en expliquant qu’il ne s’opposait en rien à ce type de comportement et qu’il ne voulait nullement offenser la communauté « holebi » dont, dit-il, il défend les droits depuis longtemps. Le tollé ne faiblissant pas, il a finalement retiré son commentaire. Il n’empêche: le mal était fait.

Au point de toucher à l’image du parti, voire de la plomber. En effet, de telles sorties prêtent le flanc à la critique comme quoi la N-VA ne soutient les droits des homosexuels que pour des raisons stratégiques.

« Merci à Theo Francken d’illustrer ma position, à savoir que la position pro-LGBTQ de la N-VA n’est toujours pas soutenue de manière égale par tous les membres du parti », a tweeté le politologue Dave Sinardet (VUB), lui-même gay. « Cette position est aussi en partie stratégiquement motivée par le positionnement de la N-VA dans le débat sur l’islam et la migration ».

https://twitter.com/DaveSinardet/status/1034043323835658241Dave Sinardethttps://twitter.com/DaveSinardet

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La N-VA a réussi à devenir le plus grand parti en unissant les votes de toutes sortes de dénominateurs. Mais si elle reste au pouvoir et cherche à s’imposer en tant que parti populaire par excellence elle va bien devoir de plus en plus annoncer la couleur. Une chose qui ne passe que par une déception d’une partie de la base.

La N-VA a dû laisser le communautaire au frigo à son entrée au gouvernement fédéral. Elle a réussi à maintenir le cap en se positionnant comme un parti axé sur l’économie et un budget à l’équilibre, mais ce discours s’étiole. Ils se sont alors dirigés vers les thèmes de la migration, mais là aussi il y a quelques couacs. Combien de temps la N-VA peut-elle continuer à concilier les voix conservatrices et libérales? se demande le Standaard.

De Wever prend ses distances, mais refuse des excuses

Le président de la N-VA, Bart De Wever, a pris ses distances lundi avec les déclarations du secrétaire d’État Theo Francken, mais ne les a pas condamnées et juge qu’elles ne doivent pas donner lieu à des excuses. « Je ne pense pas que l’on doive présenter des excuses parce que l’on a une opinion, tout le monde peut avoir des opinions sur tout », a expliqué M. De Wever à la VRT. « Mais il s’agit ici de ce que dit le parti. Et ce que dit le parti à propos de l’identité sexuelle des gens, c’est qu’il ne peut y avoir d’obstacle dans une société libre au XXIe siècle ».

Pour Demir par contre, l’identité sexuelle se vit comme on l’entend. « L’identité sexuelle est une liberté individuelle que chacun vit à sa manière et dont personne d’autre ne doit se mêler. Continuez à acheter les sous-vêtements dans lesquels vous vous sentez bien », a-t-elle écrit sur Twitter. A son message, Mme Demir a joint une photo du chanteur Iggy Pop et cette phrase en anglais: « Je n’ai pas honte de m’habiller en femme parce que je ne pense pas que ce soit honteux d’être une femme ».

La N-VA, qui veut à tout prix recruter des voix lors des deux vagues électorales à venir au cours des neuf prochains mois, pourrait bien être confrontée à des questions sur le modèle de société que le parti préconise.

Si certains se lancent sur le sujet, on risque dès lors de leur demander si c’est une opinion personnelle ou la position du parti. De quoi être laissé dans le vent, même si on est un secrétaire d’État hyper populaire.

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