© Yann Bertrand

Liesbeth Homans: « Dommage qu’on parle de racisme à tort et à travers »

Après la plainte déposée par la N-VA contre Francis Delpérée (cdH) qui a accusé le parti nationaliste de racisme, Liesbeth Homans, présidente du CPAS et échevine aux Affaires sociales à Anvers, revient sur le racisme et la discrimination lors d’une interview accordée à nos confrères de Knack.

Dans une interview accordée au Standaard, vous avez qualifié le racisme de « relatif ».

Homans: J’assume ce que j’ai dit. Je trouve dommage qu’on parle de racisme à tort et à travers. Quand je demande à un garçon dans le tram de ne pas mettre ses pieds sur le siège, je ne veux pas être traitée de raciste. Je trouve qu’il faut poursuivre toute forme de racisme en justice, mais l’utilisation abusive du terme est dommageable pour les véritables victimes.

Mais il existe une forme de racisme structurel. Ceux qui s’appellent Mohammed, trouvent plus difficilement un emploi que ceux qui s’appellent Bart.

Homans: Je refuse d’adhérer à la supposition que tout Flamand est raciste. Je ne démens pas l’existence du racisme et de la discrimination. Mais le retard de certains groupes est dû à plusieurs facteurs. Si vous ne parlez pas néerlandais à la maison, il ne me semble pas illogique que vous soyez désavantagé quand vous commencez la première année de primaire.

La langue ne peut être une explication. Pour les personnes hautement qualifiées, parfaitement néerlandophones, l’écart sur le marché de l’emploi est aussi grand, parfois plus important encore.

Homans: Si ces gens ont effectivement le sentiment d’être les victimes de discrimination, je trouve qu’il doivent dénoncer ce problème. Je serai la première à les défendre.

Vous aurez beaucoup de travail. Dans les études comparatives, la Flandre atteint des chiffres très élevés en matière de racisme.

Homans: Je refuse d’adhérer à la thèse que le Flamand soit fondamentalement raciste.

Mais comment expliquez-vous alors le retard d’allochtones hautement qualifiés?

Homans: Je ne sais pas. Il faut que vous vous adressiez aux personnes concernées. Je vous le répète, je ne démens pas qu’il existe des formes de discrimination. Mais pourquoi, je l’ignore. Je ne peux répondre à cette question. Et je veux indiquer que l’inverse existe. Je ne trouve pas normal qu’une jeune femme vêtue d’une jupe courte soit traitée de pute. Je trouve que c’est aussi répréhensible que les insultes à l’égard de personnes d’origine allochtone.

Le racisme et la discrimination ne sont pas seulement une question d’insultes. Le problème, c’est qu’il est beaucoup plus difficile de réussir dans l’enseignement, sur le marché immobilier et sur le marché de l’emploi.

Homans: Et je persiste à dire que le retard linguistique joue un rôle important. À Anvers, plus de cinquante pour cent des enfants de parents d’origine immigrée ne parlent pas néerlandais chez eux. Qui est responsable de cette situation ? La société ? Ou les parents?

Les deux. L’état devrait pouvoir rendre l’enseignement maternel obligatoire.

Homans: C’est effectivement primordial. C’est pourquoi c’est dans notre programme. Si tous les enfants parlent néerlandais et suivent le même enseignement avec les mêmes résultats, je ne peux pas m’imaginer qu’il y aura encore des personnes discriminées.

Vous croyez donc qu’aujourd’hui un enfant de parents marocains a autant de chances qu’un enfant de parents belges autochtones.

Homans: Si les parents font tout pour saisir les chances que leur offre la société ? Alors oui. Absolument. Les gens doivent envoyer leurs enfants à l’école le plus tôt possible, au mouvement de jeunesse, s’intégrer dans notre société.

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