Des insultes qui sont devenues courantes pour certains sans vraiment en connaitre la portée. © Rainbow House

LGBT: L’heure du grand départ pour le Pride Festival 2015

Stagiaire Le Vif

A l’occasion du Pride Festival à Bruxelles, la Rainbow House, coupole regroupant 46 associations culturelles et LGBT organise un grand nombre d’événements. L’objectif principal est de sensibiliser la population sur le regard porté sur la communauté homosexuelle.

Le Pride Festival démarre aujourd’hui. Et pour véritablement marquer les esprits, la Rainbow House, lieu de rencontre d’associations de la région, a vu les choses en grand. Une fresque géante sous forme de bande dessinée de 40 mètres de long ainsi qu’une campagne de photographies-chocs faite par des ouvriers communaux seront les deux événements principaux de la quinzaine.

La première, baptisée « Out in the street » (dans la rue), retrace chacune des difficultés rencontrées par la communauté LGBT : que ce soit les couples homosexuels, la non-reconnaissance des personnes transgenres ou encore les violences urbaines… Ces dernières représentent d’ailleurs un des problèmes majeurs au niveau de la Belgique. C’est pour cette raison que la Rainbow House de Bruxelles et la ville ont décidé l’instauration de cette fresque dans une rue du centre. La représentation sous forme de BD fait référence à la culture belge pour appeler à l’union et à la décommunautarisation. Cette initiative était la première du genre en Europe avant que Dublin ne lance sa propre fresque en marge du vote pour autoriser le mariage homosexuel ou non, qui aura lieu le 22 mai. Son inauguration est prévue dès aujourd’hui à partir de 12h en présence de certains des artistes à l’origine du projet, comme Ralf König ou Fotini Tikkou.

Une fresque de 40 m qui retrace chacun des problèmes auxquels doit fait face la communauté LGBT.
Une fresque de 40 m qui retrace chacun des problèmes auxquels doit fait face la communauté LGBT.© Rainbow House

Dès le lendemain, cette oeuvre sera complétée par le lancement de la campagne « All genders welcome » (tous les genres sont les bienvenus). À travers une série de photographies mises en scène, la police de Bruxelles-Ixelles, les ouvriers communaux et l’administration de la ville de Bruxelles, les communes de Schaerbeek et d’Ixelles tentent de montrer qu’un Homme peut se comporter librement, sans pour autant correspondre aux stéréotypes de la société. Ces clichés seront disponibles dès samedi en consultation après la soirée d’inauguration, et affichés dans la totalité des institutions et communes participantes à partir du lundi 4 mai.

La campagne
La campagne « All genders welcome » a notamment mis à l’honneur un couple de transgenres en train de se marier.© Rainbow House

De nombreuses autres activités auront lieu jusqu’à la Belgian Pride, qui fêtera ses 20 ans le 16 mai: des conférences, des soirées, des concerts ou encore des expositions. Toutes sont à destination du grand public, pour informer et faire changer les comportements. Jean-Paul Gaultier relookera même le Manneken-Pis pour l’occasion.

Encore du chemin à parcourir

Ces vingt dernières années, ce genre de manifestations a grandement contribué à changer les mentalités au sujet de la communauté LGBT. La Belgique est d’ailleurs en avance sur certains pays au sujet du mariage pour les couples homosexuels, adopté en 2003 et pour l’adoption par ces couples, autorisée depuis 2006. Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir dans certains domaines. Et notamment au sujet de la visibilité dans l’espace public qui reste encore à l’heure actuelle très compliquée. Des morts ont même été à déplorer. En 2012, Ihsane Jarfi avait été mortellement agressé par trois hommes lors d’une soirée. La circonstance aggravante d’agression homophobe avait été reconnue contre les coupables: deux ont écopé de la prison à perpétuité, le troisième d’une peine de 30 ans. Une marche sera d’ailleurs prévue le 8 mai pour lui rendre hommage. « En Belgique, il n’y a pas vraiment de groupes discriminants, ce sont surtout des personnes discriminantes » explique François Massoz-Fouillien, porte-parole de la Rainbow House à Bruxelles. C’est d’abord sur cette piste là que le pays doit activement travailler.

Des demandes d’action en amont

La Rainbow House a d’autres revendications qu’elle tentera de (re) faire passer lors du Pride Festival. Elle souhaite d’abord remettre en question les stéréotypes, faire cesser la stigmatisation de la communauté LGBT et lui permettre de s’exprimer librement et de façon sécurisée dans la société. Pour cela, elle essaie de relancer les négociations pour la réinstauration du plan interfédéral de lutte contre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie. Il doit être remis en place, mais avec davantage de moyens et surtout de façon plus structurée.

L’éducation doit aussi devenir une des solutions à ces fléaux. La Rainbow House souhaiterait qu’elle soit menée à la fois chez les enfants dès leur plus jeune âge, mais également auprès des ouvriers des communes comme la police. Lorsque les plaintes pour violences homophobes sont correctement complétées, elles sont envoyées dans les bons services et aboutissent à une enquête auprès d’un magistrat et du parquet. Et donc à des sanctions adaptées. Lorsqu’il est signalé, le complément « violence à caractère homophobe » correspond à une circonstance aggravante. La Rainbow House offre déjà quelques formations, mais ce nombre ne peut en aucun cas être suffisant.

Les actions s’orientent également vers la lutte contre le SIDA. Après la coupe des subsides pour un projet de dépistage communautaire, il faut pouvoir trouver des solutions parallèles. Ou même les réinstaurer comme le souhaiterait la coupole.

Degrés d’évolution variables en Europe

D’un pays à l’autre en Europe, les droits de la communauté LGBT sont assez variables. Seuls treize pays de l’Union Européenne autorisent aujourd’hui le mariage entre des personnes du même sexe: les Pays-Bas (2001), la Belgique (2003), l’Espagne (2005), la Suède et la Norvène (2009), le Portugal et l’Islande (2010), le Danemark (2012), la France (2013), l’Angleterre (2013), le Pays de Galles (2013), l’Écosse et le Luxembourg (2014) et la Slovénie (mars 2015).

En ce qui concerne la procréation médicalement assistée (PMA), recourir à des techniques pour procréer, seulement sept pays européens la pratiquent. Le chiffre est le même en ce qui concerne la gestation pour autrui (GPA), c’est-à-dire le fait de recourir à une tierce personne pour procréer. Dans les deux cas, la Belgique fait partie de la courte liste.

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Par Camille Ledun

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