John Baete

Lettre aux anti-Stéphane Pauwels

Depuis le début des démêlés judiciaires de Stéphane Pauwels, je ne compte pas le nombre de fois qu’on m’a demandé de ses nouvelles ou ce que j’en pensais. Comme je ne pouvais pas satisfaire ces demandes par manque d’informations, on me posait des questions sur le personnage.

J’ai toujours aimé la façon dont il enfonçait un coin dans la rigidité sectaire de l’analyse footballistique et ne m’en suis jamais caché. Maintenant qu’il est forcé de rester sur le banc des réservistes de la télé belge alors qu’en France on le refait travailler, j’ai eu envie d’évoquer sa carrière, son caractère et le manque d’indifférence qu’il suscite.

Un soir d’hiver, quelque part en Wallonie. On est à un match de foot de gala au profit d’une bonne oeuvre. Avec forcément un mix hétérogène qui fait mal aux crampons : des vedettes des médias genre Héros du Gazon, des journalistes, consultants, animateurs et heureusement quelques anciens joueurs professionnels. Presque tout le monde se connaît et ça rigole sans arrêt dès avant le début du match. Dans les vestiaires, il y a plus de canettes de jus de houblon que de bouteilles d’eau plate. Deux ou trois cents spectateurs ne sont pas en reste, d’ailleurs. Et du terrain gras juste ce qu’il faut émane cette inoubliable odeur de terre humide et de gazon à rendre stone les vers de terre.

Stéphane Pauwels joue dans une des deux équipes. Et n’est pas encore inculpé dans une affaire judiciaire qui déborde le cadre du sport.

L’échauffement est plus long qu’il devrait l’être pour une partie de ce niveau. Mais le Premier Ministre, qui doit donner le coup d’envoi, se fait attendre. Quand il arrive enfin, les deux équipes se rassemblent au milieu du terrain pour l’immanquable photo souvenir. Dans une ambiance si amicale et décontractée qu’elle parvient même à dérider les deux gorilles du Premier. Et alors que quasi tout le monde a pris la pose en jouant des coudes ou en se hissant sur la pointe des pieds pour paraître plus grand et être à son avantage dans le groupe, un petit malin placé derrière Stéphane Pauwels lui saisit le bas du short à deux mains et le baisse brusquement. Geste grandement facilité par le fait que la victime se tient jambes tendues avec les talons décollés du sol.

La vanne classique en football où aucune ceinture ne retient fermement ce qu’en France on appelait le « flottant » au siècle dernier. Une liberté qui se prend naturellement dans ce sport où l’on est justement fier de mêler les origines socio-économiques, religieuse ou philosophiques. Bref, on n’est pas à un match de polo.

« Mais ça ne va pas, non ? », hurle pourtant Stéphane Pauwels en redressant son short à pleines mains sans laisser le temps d’apercevoir nettement son sous-vêtement. « Arrête tes conneries, John ! ».

Le coach d’une des deux équipes en lice rit franchement mais la farce du potache assumé n’a pas du tout plu à un Steph pourtant vanneur et connu pour apprécier les blagounettes. Le Premier Ministre ne s’est malheureusement aperçu de rien, mais sa présence n’a pas réfréné la réaction explosive. D’autres exemples vécus me permettent d’affirmer que Stéphane Pauwels peut être d’une susceptibilité extrême. Il n’accepte pas facilement la critique, même teintée d’humour.

Pas fondamentalement rancunier, il réagit toujours de façon viscérale…alors qu’il a bâti sa carrière médiatique footballistique sur ses qualités de sniper.

Sans vouloir pratiquer de la psychologie de comptoir ou tenter de révéler avec plus ou moins de justesse des pans d’un passé que je ne connais pas suffisamment et qui lui appartient totalement, j’ai vite compris que Stéphane Pauwels adore surtout qu’on l’aime.

Mettez-le au milieu de ses semblables et il commencera à parler à tout le monde, en toute gentillesse, sans arrière-pensées. Il l’a toujours fait, même avant d’être connu. Alors que la majorité des « vedettes des médias » observent un certain devoir de réserve, lui pas du tout. Zéro grosse tête. Un ami absolument non footeux m’a dit l’avoir rencontré dans le TGV, engagé la conversation avec lui et juré avoir passé un excellent moment. En parlant foot !

Il s’est créé une famille idéale dans le foot

Sans mauvais jeu de mots, Stéphane Pauwels est passé maître dans la vulgarisation du ballon rond. Quitte à manquer parfois de pudeur.

Tout le monde a besoin d’être reconnu et apprécié, évidemment, mais cette exigence et sa satisfaction dépendent toujours du passé de l’individu et de ses blessures intimes non cicatrisées. C’est valable pour l’amitié ou l’amour pur. Et en corollaire, plus on s’aime, moins on ira quémander l’affect des autres.

On est capable de rentrer dans un bar pour prendre son café tout seul ou pas. Cela dépend du caractère, de sa confiance en soi et de ne pas avoir besoin du regard des autres.

Mais comment suffisamment s’aimer si on n’a pas reçu assez d’amour ? On devient un boulimique du contact et on se crée de toutes pièces sa famille idéale où on s’immerge. Et le football (ou le sport en général) est idéal dans cette démarche. Qu’on soit sur le terrain, dans l’équipe, c’est évident. Mais c’est aussi vrai en tribunes ou dans les coulisses du club également. On se voit régulièrement, on lime les aspérités des différences, on rit et on pleure ensemble. Et plus on a de temps à consacrer à cette famille de substitution, plus on se lie. Avec pour conséquence qu’on se découvre l’un ou l’autre vrai talent qu’on peut mettre à la disposition du club. D’abord bénévolement et puis contre rétribution. Car on a beau être un écorché vif, on peut aussi être terriblement ambitieux. Ce qui n’est pas un défaut.

On connaît l’image de Rémy Bricka que véhicule ce Pauwels aux cent métiers, longtemps inclassable. De membre de la police – déjà ! – militaire à GO du Club Med en passant par des jobs de DJ. Même dans le milieu du foot, il a eu plusieurs casquettes : scout, recruteur, dirigeant, attaché de presse, commentateur, présentateur. Dans les médias, il a été aussi été décathlonien des genres, passant du foot aux émissions grand public en faisant rigoler les flics ou pleurer dans les chaumières lors d’orages existentiels ; et inversement. Et tout ça dans une valse des transferts en Belgique et en France (RTBF, RTL Group, Sport/FootMagazine, RMC, TF1, L’Equipe, FR3, W9 et récemment TV5Monde, Cnews, etc.) mettant à mal l’amour d’un maillot unique et sans s’imposer à un seul poste (télé, radio, blog, presse écrite, tout est bon).

Le problème de ce type de parcours est que s’il est terriblement formateur sur le plan humain et technique, il frotte le personnage central à tant de pratiques et déontologies diverses qu’il devient une espèce de caméléon capable de s’adapter à tous les environnements.

Pour avoir longtemps observé et même travaillé avec Stéphane Pauwels dans le microcosme des médias du foot (on s’y est donné du travail l’un à l’autre), j’estime qu’il est le meilleur en tant qu’animateur, ou consultant. Certainement pas en tant que sniper, cette espèce de bouffon raté du roi football. Car si, jadis, un bouffon disait leurs quatre vérités aux puissants de la cour (monarque y compris) avec lucidité et impertinence, il devait aussi accepter les réparties ou, pire encore, les jets de reliefs de repas, les baffes et les coups de pied aux fesses.

Ce que Stéphane Pauwels n’a jamais su faire. Car si ses fissures (par où rentre la lumière des spotlights ; pardon Leonard Cohen) lui permettent un contact intime avec les fracassés de la vie qu’il a pris l’habitude d’interviewer (on imagine les « moi aussi j’ai souffert » en coulisses), il est également un paradoxe vivant.

Stéphane Pauwels
Stéphane Pauwels

Bête de télé populaire aux élans d’Abbé Pierre

Inculpé dans cette satanée affaire de homejacking au sujet de laquelle il a toujours hurlé qu’il s’était retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment avec la mauvaise personne et que la vérité lui donnera raison, il n’a jamais supporté que la presse en parle alors que c’est la règle du jeu de la notoriété.

Il asséna donc à chaque évocation que la « presse poubelle » ne respectait pas la présomption d’innocence. Sauf que c’est toute la presse (de qualité et populaire) qui, à un moment ou un autre, a abordé le sujet.

Bien sûr, il faudrait énormément de patience, de sagesse et d’auto-dérision pour supporter ce que Stéphane Pauwels affronte sur le plan judiciaire. Surtout qu’il adore qu’on parle de lui en bien. Mais c’est le prix à payer pour avoir apparemment au moins croisé des habitants du monde obscur. Et il est le premier à le savoir puisque quand des employeurs l’ont suspendu d’antenne en attendant qu’il soit disculpé pour éventuellement parler de son avenir, il n’a jamais évoqué la fameuse présomption d’innocence. Précision : un employeur ne peut mettre à pied un employé inculpé. Sauf que dans le cadre de ses activités médiatiques, Pauwels n’est pas employé mais indépendant.

Et il a beaucoup à perdre en mordant les mains qui peuvent le nourrir. Il vit une rentrée dans le rang qui doit être d’autant plus douloureuse que la chaîne de télévision belge RTL TVI (où il avait troqué le rôle de consultant contre celui d’animateur depuis quelques saisons autour des coupes européennes) enregistre de permanentes hausses d’audimat. Et c’est forcé : personne n’est irremplaçable sur un plateau télé quand la vraie vedette est la Ligue des Champions.

Mais comme il est généreux, Stéphane Pauwels doit sincèrement se féliciter que l’équipe en place s’en sorte bien. Car il a contribué à la former. Si le personnage est forcément autocentré puisqu’il travaille en télévision, il n’en demeure pas moins qu’il a toujours cherché à bien s’entourer à l’écran en cherchant aussi à faire plaisir. Cette authentique bête de télé populaire possède de vrais élans d’Abbé Pierre.

Donc, si Stéphane Pauwels ne s’en prend pas aux puissants médias qui l’ont mis au placard malgré sa présomption d’innocence, il préfère se défouler sur sa chère « presse poubelle ». En utilisant les réseaux sociaux avec une énergie qui frise la paranoïa et un sens de l’orthographe et de la ponctuation lamentables, n’hésitant parfois pas à dépasser certaines limites de bienséance en retwittant les messages aveuglés de ses partisans les plus farouches. Quitte à effectuer quelques pas en arrière en réalisant avoir été trop loin. Et certes, il a bloqué nombre d’anciens copains des médias. Mais ce n’est rien face à ses menaces de pourfendre avec délectation ceux qui ont osé l’attaquer à un moment qu’il ne choisira pas (la fin du chapitre judiciaire) dans un espace public bien à lui où il pourra enfin s’exprimer : son prochain livre !

C’est touchant comme la chose écrite a toujours été importante pour quelqu’un qui a fait de l’audiovisuel son domaine de prédilection. Sans doute est-ce lié au fait qu’il trébuche toujours méchamment quand il doit mettre son message par écrit. Une faiblesse que partagent nombre de ses collègues du petit écran, d’ailleurs. Quand ils étaient titulaires d’une rubrique dans l’hebdo que j’ai dirigé, ils avaient quasi tous leur nègre ou un relecteur chevronné.

Le Steph s’entiche donc de dicter des livres à un pro de la plume. Pour le prochain, il sortira des stades et de ses coulisses puisqu’il donnera sa version de l’affaire judiciaire et des retombées médiatiques qui lui ont pourri l’existence. Les journalistes pointés du doigt à qui il jure réserver quelques bonnes pages ont le choix de hausser les épaules ou de se tracasser. Si c’était moi, je le saurais. Je rappelle simplement que la parution de son dernier opus avait fait l’objet de soucis judiciaires.

Le jongleur des « Moi je »

Une chose est sûre, Stéphane Pauwels aime le risque. Normal pour un sniper. S’infiltrer en territoire ennemi en se faisant oublier, passant pour une carcasse d’animal ou un buisson sur lequel vient uriner le bétail, devenir gris comme les murs de la ville et puis frapper avec une précision biblique. Mais s’il rêve de terrasser son auditoire à l’aide de grandes vérités, il rate souvent son coup. Il tire trop vite, sans avoir suffisamment analysé le sens du vent.

Quand on cherche avec autant d’acharnement l’effet d’annonce que l’information exclusive, il arrive qu’on se tire une balle dans le pied. Et faire référence à son passé à divers niveaux dans des clubs pros donne parfois l’impression de virer à l’obsession, ce qui fait moins sérieux.

Les « Moi je à Monaco », « Moi je en Algérie », « Moi je avec Halihodzic », « Moi je à Mouscron », « Moi je à La Louvière », « Moi je avec Leekens » de Stéphane Pauwels en ont ulcéré plus d’un. Qu’il se fût agi de bétonner un avis ou un commentaire, ça finissait par sentir le nombrilisme et le bluff à plein nez. Avec la sanction damoclessienne de ne plus tenir la route quand trop d’informations ne se vérifiaient pas.

Mais c’est le jeu du foot. Je ne pense pas qu’il existe un sport où la vérité d’un jour soit aussi souvent démentie rapidement ; surtout dans le cadre de l’actualité de la foire d’empoigne des transferts. Or, très vite, ses avis se sont heurtés sur les plateaux de télévision ou ailleurs à des mines hautaines, sourcils relevés et bouches pincées en culs de poule. Le même effet qu’aurait eu l’intrusion d’un punk à la Chambre des Lords. D’accord que la vie de sniper ne soit pas de tout repos quand on flirte parfois avec l’info non recoupée parce qu’on se place en mode consultance non journalistique. Ouste la déontologie parce qu’on n’y est pas soumis, soit. Mais la situation se figeait régulièrement à La Tribune, sur la RTBF télévision, quand Pauwels jouait seul contre tous, à savoir les journalistes professionnels détenteurs d’une carte de presse et les ex-pros reconvertis en consultants. Ces deux catégories se faisant parfois tackler par le trublion, elles se sont liguées contre lui de manière à lui rendre la parole trop précautionneuse, faisant passer son rôle d’amuseur par la fenêtre.

A un point tel que le directeur de l’information du service public me lâcha un jour être dérangé par le manque de fair-play de son équipe sportive. Mais en laissant le pouvoir à cette collusion snobinarde, on a laissé passer une chance de progresser vers une émission foot plus en phase avec la réalité.

Quel courant d’air salutaire dans une télé étouffante !

En Belgique et en France, on constate la cristallisation de ces grandes émissions de télévision autour d’une distribution de rôles tellement convenue ! Depuis la vénération aveugle obligatoire envers un animateur principal onctueux jusqu’aux choix de consultants représentant obligatoirement tous les types de la société, intronisant certains perroquets répétant les évidences à l’infini en les tartinant de citations pêchées sur le web ou des manipulateurs prenant à leur compte des informations parues dans la presse écrite sans trop citer leur provenance.

Et on doit subir les vautrages de certains ex-pros incapables de terminer leurs phrases ou coupables de tant de déchets dans les contrôles et relances linguistiques. Sans parler de l’omerta qui s’installe quand il s’agit d’épingler certains ex-collègues joueurs ou entraîneurs.

A La Tribune, en tout cas, on a décapité le bouffon et une certaine gaudriole spontanée en renforçant le ronron ou pire. Dans cet environnement sectaire par manque de courage et opaque du fait des rideaux de fumées, Pauwels jouait le rôle de courant d’air salutaire, seule vraie alternative à des émissions réussissant à être aussi superficielles qu’étouffantes. L’exemple de la BBC, où l’émission-phare Match Of The Day est totalement aux mains d’ex-joueurs professionnels, Gary Lineker en tête, représente un art hors d’atteinte.

RIP le sniper Stéphane Pauwels en Belgique où il s’est reconverti en animateur de soirées européennes, servant la soupe avec tant de regrets dans les yeux qu’il renversait parfois une assiette en ne contrôlant pas l’un ou l’autre « Moi je… ».

En radio ou sur le web, de façon bien plus confidentielle, il a pu parfois donner le change mais que tout cela sentait les communications de gouvernements en exil. Parce qu’il monopolisait le micro et s’arrangeait pour ne pas devoir affronter trop de contradiction, évidemment.

On ne peut à la fois être bon dans un rôle d’électron libre tout en contrôlant le jeu. N’est pas Antoine de Caunes qui veut… Et pourtant, qu’est-ce que c’aurait été bon de le voir fonctionner dans un rôle de faux incontrôlable, en pouvant compter sur la bienveillance du restant du casting, à condition que ce dernier soit à la hauteur. Il a pu commencer à fonctionner de la sorte en France avant d’y subir le même sort qu’en Belgique après son inculpation, même s’il amorce un retour Outre-Quiévrain.

Quoi qu’il arrive à Stéphane Pauwels (le mieux pour lui étant d’être innocenté pour retrouver son rôle d’animateur de soirées européennes en Belgique, où il pourrait se composer un personnage plus philosophe par rapport à son passé de fils d’anarchie), il aura manqué le grand virage de l’émission du futur à cause de ces chaînes qui auront souvent tourné autour du pot.

Avec ces retransmissions de matches omniprésentes, truffées d’analyses et interviews pendant et après la partie, faut-il encore se pencher sur ces événements à froid, comme des médecins légistes dans une odeur de formol ?

Stéphane Pauwels
Stéphane Pauwels© BELGA PHOTO BRUNO FAHY

On l’aime parce qu’il ose, pas parce qu’il sait

Les fans de football demandent des débats animés autour d’une table ou au comptoir, avec des gens qui leur ressemblent vraiment, dans une vraie ambiance de troisième mi-temps où on se malmène avec amour comme dans du Pagnol, où tout le monde a raison, où personne n’a peur de donner sa vision des choses. Parce que dans la grande fantaisie du foot, personne n’a raison et personne n’a tort tant les manières d’obtenir un résultat sont diverses. Et cela, peu importe son passé.

La tactique reste l’hénaurme tarte à la crème du foot, sans doute le seul sport au monde où on peut être le meilleur pendant la quasi-totalité d’un match et perdre. Dominer pendant 89minutes52 secondes et se faire battre n’est pas une rareté.

Dès lors, quand on a un avis, comment ne pas risquer d’être contredit directement ? Impossible. La seule issue : oser dire ce qu’on pense et accepter avec humour que le boomerang revienne. Stéphane Pauwels a été un précurseur de cette posture en Belgique, mais en ne remplissant pas totalement la seconde condition.

Si on prend les règles du foot, pompeusement nommées les Lois du Jeu, c’est majoritairement l’interprétation arbitrale qui aura le dernier mot, VAR ou pas VAR. Quand un arbitre peut interpréter la réalité en fonction de ses goûts et de ses principes, les fans terminent leurs discussions par des « Mais tu n’y connais rien », « Tu es complètement dépassé, toi ! Mets-toi au courant ! ».

Ces phrases qui déclenchent l’hilarité générale autour d’un pot sont les tests ultimes pour savoir si on fait partie ou non du jeu. Mais quand on tançait Pauwels ex cathedra à La Tribune, il donnait trop l’impression de sombrer dans un trou d’eau sur la banquise, incapable de comprendre qu’on ne discutait pas entre potes.

En conclusion, les fans de Pauwels ne l’aiment pas parce qu’il a raison mais parce qu’il ose dire ce qu’il pense. Plus que pour sa connaissance ultra fine du jeu.

Comme, par exemple, en s’acharnant contre vents et marées sur le supposé manque de technique du Diable Rouge Romelu Lukaku. Il n’est pas le seul à penser de la sorte. En Angleterre, Big Rom n’a jamais fait l’unanimité parmi les supporters de Manchester United. Mais entre le début de ses critiques à l’égard d’un grand buteur en plein rodage et l’époque où il a donné sa pleine mesure, Pauwels s’est senti obligé de ne pas changer d’avis alors qu’il aurait pu.

Quelle grande gueule faussement brute de décoffrage car terriblement fragile ! Avec une certaine propension au masochisme pour ne rien arranger. Un insupportable mix de défauts pour des censeurs peu collégiaux qui vomiront toujours ses côtés « café du commerce » en se pinçant le nez. Et quand on leur objectait qu’il était authentique, ils répondaient qu’il était trop malin car soucieux de monétiser sa notoriété.

Alors qu’eux-mêmes font également des ménages en profitant de leur popularité, en situation de concurrence transversale.

Jusqu’au jour où Stéphane Pauwels a été inculpé et où sa réussite a été mise entre parenthèses, courant même le risque d’être irrémédiablement plombée. Disculpation ou non, il est fini selon ceux qui ont baptisé « affaire Pauwels » le coup de filet sur les home invasions. Certains journalistes qui en font des tonnes disent que c’est leur métier « vu le dossier que nous avons sur lui » (sic). Sauf que le football a toujours su prendre soin de ses mauvais garçons … à condition que Pauwels en soit un de façon avérée.

Le foot devient trop lentement moins machiste et plus transparent dans ses coulisses, mais demeure très canaille. On y pardonne toujours trop facilement la criminalité financière. L’alcool (un gros sponsor générique par voie brassicole comme les sociétés de paris) et la violence larvée lors des matches en nocturne ont toujours suscité des frissons d’excitation chez ceux qui aiment fréquenter des gens qu’ils ne fréquenteraient jamais dans la vie de tous les jours. Ce football où tous les chats sont gris et où les ex-joueurs redemandent ces complicités de vestiaires, où l’étudiant portait le même maillot que l’éboueur.

Si on exagère vraiment sur un terrain, on est exclu, on reçoit une carte rouge. Et puis, après une éventuelle suspension, on revient jouer. Citer les joueurs pros qui ont eu maille à partir avec la justice pour mille et une raison serait bien moins drôle que d’évoquer tous les grands entraîneurs ou joueurs alcooliques, les dirigeants et agents monte-en-l’air ou ces fédérations qui ne respectent pas leurs propres règlements. Bref, avec tant d’amateurs de pourriture noble, les secondes chances abondent. Quoi qu’il arrive à Pauwels, je ne conseillerais à personne dans le foot d’en faire son deuil.

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