Carte blanche

Lettre aux 40.000 Roumains qui vivent officiellement à Bruxelles

Je m’adresse à vous, citoyens roumains vivant à Bruxelles. Pour vous demander dans quelle société vous voulez vivre votre nouvelle vie, que vous avez choisi de mener ici. Vous êtes partis de Roumanie pour chercher ailleurs un meilleur avenir pour vous et vos enfants, pour vos études. Le plus souvent, par manque d’opportunités à la maison.

Roumains de Belgique : La participation aux élections communales et le besoin de cohérence

Je m’adresse à vous, citoyens roumains vivant à Bruxelles. Pour vous demander dans quelle société vous voulez vivre votre nouvelle vie, que vous avez choisi de mener ici. Vous êtes partis de Roumanie pour chercher ailleurs un meilleur avenir pour vous et vos enfants, pour vos études. Le plus souvent, par manque d’opportunités à la maison.

Vous le savez déjà, la réalité roumaine est de plus en plus difficile.

Corruption endémique, classe politique déconnectée, clientélisme, justice mutilée.

Retraites de misère pour nos parents et grand-parents, après des longues années de travail pénible, dans un système communiste qui les méprisait et les écrasait.

Un pays sur la toute dernière place du système médical européen et avec une basse espérance de vie par rapport à la moyenne européenne. Système parmi les plus catastrophiques de l’Union Européenne, où aller dans un hôpital vétuste peut s’avérer plus dangereux que la maladie en soi. Mais où il faut glisser une enveloppe pour avoir une chance minimale à la survie.

Un monde rural qui se meurt et où les villages de notre enfance se dépeuplent.

Un pays où les non-valeurs sont promues sur des critères politiques et les talents ne sont pas encouragés.

Un pays où la premier-ministre est littéralement incapable de s’exprimer correctement dans sa langue maternelle.

Un pays qui est méprisé même quand ses grands sportifs gagnent le Roland Garros.

Un pays qui a donné à l’humanité des éminents littéraires et philosophes, des brillants scientifiques, des artistes mais qui actuellement souffre d’une image très négative.

Un pays où les incompétents décident votre avenir et celui de vos enfants quand ils ne piétinent pas le passé de vos ancêtres.

Un pays où la mortalité infantile atteint des chiffres effroyables, mais où la priorité brulante du gouvernement qui se dit de gauche et social est de dépénaliser l’abus en service.

Un pays où la maîtrise insuffisante de la lecture, des mathématiques, et le décrochage scolaire touchent des sommets jamais rencontrés auparavant, périclitant le futur même de cette nation, mais où l’Exécutif social-démocrate s’est concentré sur le pardon des gens poursuivis par la Direction Nationale Anti-corruption.

Un pays d’eurosceptiques de vaudeville, qui fulminent contre les décisions de Bruxelles mais sont incapables de présenter un plan de développement national et régional autrement que par les fonds européens.

Un pays parmi les plus nécessiteux de l’UE (deux de ses régions au top 10 de la pauvreté), et où cette mesure à la faveur des corrompus montre une indifférence totale envers les préoccupations courantes des citoyens.

Vu la situation catastrophique, la Roumanie se confronte avec une émigration massive de ses habitants, forcés de choisir l’exile comme solution. Emigration la plus élevée depuis 1989.

Dans l’année du Centenaire de l’existence de l’Etat roumain moderne, environ un quart de la population nationale vit et travaille à l’étranger. Parmi ces gens, il y a plus de 40.000 Roumains inscrits légalement comme résidents rien que dans les communes de Bruxelles, surtout dans des communes moins aisées. La majeure partie des Roumains de Bruxelles appartiennent au groupe des 30-44 ans, ayant donc devant eux encore de longues années de vie, de travail, qui espèrent un avenir meilleur pour leurs enfants.

La communauté roumaine représente donc la deuxième communauté européenne à Bruxelles, après les Français. Selon l’Institut bruxellois de Statistique, ils ont dépassé les 10% de la population étrangère de la capitale. Une communauté roumaine qui a fui le populisme creux, promesses démagogiques faites pendant la campagne électorale et vite oubliées par les socio-démocrates au pouvoir.

Une communauté faite de gens volontaires et laborieux, qui veulent travailler et s’intégrer en Belgique.

Une communauté qui a le droit de vote et qui veut faire entendre sa voix, inaudible par le passé par la classe politique belge.

Cette lettre s’adresse à vous tous, ceux saturés de la stigmatisation, de l’arrogance et la marginalisation. Jamais au top des priorités politiques locales, ni dans leur pays d’origine, ni dans le pays d’adoption. Elle s’adresse aux Roumains (mais aussi à d’autres nationalités de l’Est) qui veulent vivre et s’intégrer dans une société qui les accepte, et soutiennent une classe politique qui les respecte.

Allez voter le 14 Octobre 2018, selon vos affinités politiques. Allez exercer vos droits dans la commune qui est désormais la vôtre. Où vos enfants vont à l’école, où vous payez vos taxes, où vous travaillez, où vous faites vos courses. Ne laissez personne décider à votre place, car la situation en Roumanie montre déjà le risque de la non-implication citoyenne. De nombreuses personnes pensent malheureusement que leur vote ne changera pas l’élection. Mais 10% d’une population signifie quelque chose. Devenez acteur et non spectateur de la vie politique communale dans le pays où vous avez choisi de vivre. En 2017, on comptait 179 nationalités différentes dans la capitale. Soit un habitant de Bruxelles sur trois n’est pas Belge. L’enjeu du vote étranger lors des élections communales est donc majeur.

Vu leur passé historique communiste, dont sont issus des partis hybrides qui actuellement gouvernent leur pays, les Roumains de Belgique se doivent de soutenir un projet de société pluraliste et moderne, qui respecte la démocratie et n’emballe pas le totalitarisme dans un faux discours social. Un projet qui garantit le respect des droits humains, la propriété privée, le droit à la parole. Un projet politique qui respecte la vie et où le mérite personnel occupe encore toute sa place. Où l’individu n’est pas effacé dans la masse amorphe et il n’est pas obligé de vivre dans l’ignorance sociale, pour être mieux contrôlé par ses « bienfaiteurs politiques ». Un projet conscient des difficultés économiques et sociales actuelles mais un projet où la pauvreté n’est pas entretenue à bon escient, comme fonds de commerce électoral, comme le fut le cas pendant des années. Cela n’est pas sans rappeler l’état de dépendance que le gouvernement roumain actuel crée envers une grande majorité du pays en détresse, pour s’assurer de son vote.

Soutenir activement un projet communal qui rejette des telles pratiques tient de la cohérence avec soi-même, pour garantir que la situation du pays qu’ils ont quitté (mauvaise gestion publique, étouffement de l’initiative privée, fausse lutte contre les parvenus, clientélisme outrancier etc) ne se répètera pas ou plus dans leur commune.

Voter revient aussi à s’assurer de la place européenne de la communauté roumaine, de son droit d’avoir un mot à dire dans la commune où ils vivent. A éviter que l’Occident qu’ils ont regardé au-delà d’un mur pendant plus d’un demi-siècle les traite avec un tel mépris et nie leur vocation européenne comme le font certains leaders de gauche belge (à l’unisson avec certains leaders d’extrême droite). A faire comprendre que la Roumanie n’est pas juste le pays kitch de Dracula. Revient à faire de la politique de proximité une clef de l’intégration économique et sociale dans votre nouveau pays, dont il faut respecter les lois.

Soutenez le respect des choix de vie, respect mutuel des cultures, respect des lois, de l’égalité homme-femme, des droits et devoirs de chacune et de chacun, et de l’environnement. Le vote des Roumains de Belgique peut aider à soutenir un projet politique qui respecte les personnes qui y vivent, travaillent, aiment, et ont toutes des rêves à réaliser.

Daniela Livia Bîciu

21ème liste de la Bourgmestre, Molenbeek

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