2016. Hendrik Vuye et Veerle Wouters, dissidents de la N-VA. © FRÉDÉRIC SIERAKOWSKI/ISOPIX

Les ultra-nationalistes à l’assaut des écoles francophones de Flandre

Le Vif

Après la suppression des facilités administratives en périphérie bruxelloise et le long de la frontière linguistique, les députés Hendrik Vuye et Veerle Wouters, deux ex-N-VA alliés, pour l’occasion, au Vlaams Belang, réclament la fin des facilités linguistiques en matière d’enseignement dans les communes concernées.

Ces députés affirment que les facilités linguistiques n’ont pas atteint leur but, à savoir favoriser l’intégration. Qu’elles ont, au contraire, « fait naître une apparence de bilinguisme dans ces communes, créant un effet d’aspiration d’allophones. L’intégration, concluent-ils, s’acquiert en suivant l’enseignement dans la langue de la région linguistique. »

« Mettre en valeur et développer ses compétences linguistiques, leur réplique, le Ministre-Président francophone, Rudy Demotte (PS), que nous avons contacté, ne connaît pas de frontières. Et les facilités ne constituent nullement un frein au bilinguisme et au multilinguisme. »

Rien qu’en périphérie bruxelloise, 3.000 élèves du fondamental, scolarisés en français dans les huit écoles des six communes à facilités, devraient, soit rejoindre une école néerlandophone de leur quartier, soit trouver – difficilement – une place dans un établissement bruxellois.

Pareille mesure, à l’impact considérable, est toutefois très peu probable.

Le statut de ces écoles fondamentales a été réglé en 1963, à la fixation de la frontière linguistique, et cadenassé en 1988, lors du vote des lois dites « de pacification ». Elles ne sont accessibles qu’à des enfants francophones domiciliés dans une commune à facilités. L’inspection linguistique fédérale est, sur ce point, très tatillonne. Administrativement flamandes, elles dispensent les programmes de la Communauté française, chargée de leur inspection pédagogique. En 2009, la Flandre s’était emparée de cette inspection pédagogique. Mais, l’année suivante, la Cour constitutionnelle avait annulé la décision.

A la Chambre, la suppression des facilités linguistiques dans l’enseignement francophone de Flandre nécessiterait une majorité des 2/3 doublée d’une majorité dans chaque groupe linguistique. L’inscription de cette proposition de loi spéciale à l’ordre du jour de la commission de l’Intérieur, présidée par un N-VA, doit être avalisée par ses membres. Ce qui est loin d’être acquis pour un texte qualifié de « provocation habituelle de l’extrême droite » par le chef de groupe MR, David Clarinval, et par les chefs de file Défi-MR-CDH-PS de l’ « Union Francophone », en périphérie.

Michelle Lamensch

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