Les trucs antistress des superwomen

Elles jonglent entre vie professionnelle, vie familiale et vie sociale. Hyperactives, dévouées aux autres au point d’oublier leurs besoins, les femmes stressées ne voient pas toujours arriver la crise qui pointe à 50 ans. Leur combat ? Apprendre à mieux s’occuper d’elles.

Elles ont tout : un travail, un mari, des grands enfants, des parents, des amis, une belle maison. Toujours en train de courir,de galoper d’une obligation à l’autre, pestant contre les journées qui ne font « que » 24 heures et la fatigue qui s’accumule. De répit, elles n’en connaissent point puisqu’elles profitent de leur pause de midi pour aller chercher les costumes de leur mari au pressing ou faire les courses pour leur mère qui vit seule et n’a pas de voiture. Quand le soir, elles rentrent dare-dare à la maison après une journée de travail, elles préparent le dîner en même temps qu’elles mettent en route la lessiveuse. Sur le frigo,des post-it de toutes les couleurs leur rappellent tout ce qu’il ne faut pas oublier de faire : appeler le chauffagiste, acheter un cadeau pour les Dupont qui fêtent leur anniversaire de mariage, trier cartons et journaux en vue du passage des « papiers », etc.

« Elles », ce sont les superwomen. Sollicitées de toutes parts, assumant tête haute (et avec le sourire svp) toutes les demandes qui leur sont faites, ces femmes passent leur temps à se démultiplier en ne prêtant plus attention aux signaux d’alerte que leur envoie leur corps. Fatigue, nuque et épaules nouées, migraines, insomnies, brûlant à l’estomac, irritabilité, anxiété… ça vous dit quelque chose ? Ce sont les manifestations typiques du stress et beaucoup de femmes en sont familières.

« Et moi dans tout ça ? » Dans une société qui valorise la performance et la vitesse, le stress n’a pas toujours mauvaise réputation (dire qu’on est stressé, c’est dire qu’on existe). Pourtant, l’état de tension généré par la difficulté de tout concilier finit un jour ou l’autre par avoir des répercussions importantes sur la santé mentale des femmes.

Pour le psychiatre Philippe Corten, responsable de la clinique du stress du CHU Brugmann, le blues qui saisit les femmes qui veulent tout assumer de front se cristallise souvent autour de la cinquantaine : « C’est un moment charnière, observe-t-il. A cet âge, beaucoup de femmes se posent des questions sur le sens de leur investissement dans le travail, en se disant qu’il leur reste encore quelques bonnes années pour faire ce à quoi elles aspirent réellement. Elles s’interrogent aussi sur leur rôle de mère. Les enfants sont en partance et se profile l’idée qu’elles vont peut-être se retrouver grand-mère sans avoir pu s’occuper d’elles-mêmes. La question, en filigrane, est : « Et moi dans tout ça ? N’est-il pas temps que je trouve des centres d’intérêt propres alors que j’ai consacré toute ma vie à mon travail et à ma famille ? »

Des interrogations légitimes qui sont encore accentuées par le fait que ces femmes, qui abattent quotidiennement un travail de Titan, sont bien obligées de constater que personne, ni leur patron, ni leur mari, ni leurs enfants, ni leurs parents, ne pense à leur faire compliment de leur dévouement « exemplaire ».

Comme si l’énergie dépensée pour faire tourner leur petit monde était parfaitement « normale » (on n’attend pourtant pas des hommes qu’ils excellent sur tous les fronts). Et c’est comme cela qu’au stress s’ajoute la frustration…

Le mythe du pélican
« Le stress aboutit toujours au même résultat, observe Philippe Corten. Une crainte croissante quant à la capacité qu’on a de répondre adéquatement aux tâches qui nous attendent. Quand on est stressé, on a l’impression qu’il n’y a pas d’issue à la situation, qu’on ne peut pas se retirer, se mettre à l’abri. Les femmes y sont particulièrement sensibles parce notre société a fait passer le message que s’occuper de soi-même, c’est de l’égoïsme. On a glorifié le mythe du pélican, la mère pélican étant capable de donner sa propre chair pour nourrir ses petits. Ainsi, les femmes sont censées donner, quitte à se sacrifier et à s’oublier. Les femmes stressées sont donc des femmes qui ont tendance à offrir leur énergie aux autres en oubliant de recharger leurs propres batteries. Certaines se croient en plus obligées de prendre toute la misère du monde sur leurs épaules. »

L’autre grande caractéristique des femmes stressées est qu’elles se croient… indispensables. Elles vont au boulot avec une bronchite, sont convaincues que leur ménage s’écroulerait sans leur sens inné de l’organisation et que leurs parents arrêteraient de s’alimenter si elles ne s’en occupaient pas. Elles veulent tout contrôler, en ne déléguant pas et en ne demandant d’aide à personne. Comment sortir de ce cercle vicieux ?

« En pensant d’abord à soi avant de penser aux autres, assène Philippe Corten. Lorsque je rencontre des femmes stressées en souffrance, la première prescription que je leur fais, ce n’est pas des médicaments ni du repos, mais de prendre tous les jours 15 minutes pour elles- mêmes. Pour faire une balade sans penser au repassage qui les attend, faire un détour par une boutique qu’elles aiment, prendre une douche etchanger de vêtements quand elles rentrent du boulot, etc. Souvent, leur première réaction est de dire que c’est égoïste et qu’elles ne voient pas quand elles pourraient s’octroyer ce quart d’heure de respiration personnelle. Je leur réponds que les cimetières sont peuplés de gens indispensables. »

Charité bien ordonnée commence par soi-même Quinze minutes pour soi : cela peut sembler dérisoire et c’est pourtant déjà trop pour certaines.Philippe Corten : « Dans la hiérarchie des choses à faire dans une journée, beaucoup de femmes mettent penser à soi en dernier lieu, alors que cette préoccupation devrait figurer en première place.Au départ, elles sont très surprises par cette approche, puis elles comprennent que quand elles ont pu avoir un peu de temps à elles dans une journée, elles sont bien plus disponibles pour les autres. J’utilise souvent l’image suivante : si vous devez traverser une piscine sous l’eau, vous pourrez faire dix longueurs si vous allez prendre de l’air toutes les trois brasses.Mais si vous ne pouvez prendre de l’air qu’au bout de la piscine, vous ne ferez même pas une seule longueur… Les femmes qui osent s’occuper davantage d’elles-mêmes sont étonnées de constater que leur entourage se montre plutôt compréhensif et ne leur tient pas rigueur de leur désir de souffler un peu.Notre corps mérite qu’on s’occupe de lui car c’est notre premier outil. »

Mais outre le fait de mieux écouter les besoins de son corps, les spécialistes du stress savent aussi que le meilleur déstressant est le fait de reprendre les choses en mains, et de ne plus subir certaines situations qui coincent. Comme par exemple, s’échapper d’un gros embouteillage en empruntant une route alternative ou refuser certaines obligations parce qu’on n’en a pas le temps ou le désir. Pour déstresser, il faudrait en somme redevenir acteur de son destin. Et si on essayait ?

(Source: Plusmagazine)

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