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Les travailleurs en incapacité ne roulent pas sur l’or

Avec 65% du salaire brut plafonné à maximum 2.297 euros par mois bruts pour les travailleurs « réguliers », l’indemnité que touchent les travailleurs en incapacité de travail depuis plus d’un an ne leur permet pas de vivre dans l’aisance, rappelle la Mutualité chrétienne sur base d’une enquête auprès de ses membres. Les frais de santé pèsent beaucoup sur la facture notamment l’accès à la médecine spécialisée et les médicaments.

A l’heure où la pression est forte pour remettre au travail les centaines de milliers de travailleurs en incapacité de travail plus ou moins longue, la mutuelle chrétienne a enquêté sur le terrain et récolté près de 500 enquêtes. L’échantillon est représentatif des membres qui perçoivent auprès d’elle une indemnité d’invalidité.

Ont été collectées sur base volontaire les dépenses de santé en assurance obligatoire (AO), les dépenses de santé hors-AO, les dépenses indépendantes de la santé, les revenus du ménage, les difficultés financières et la problématique de la reprise au travail.

Qui sont ces invalides ? Agés de 54 ans (médiane), des femmes à 56%, à charge de la mutuelle depuis 6 ans (médiane également), 39% d’isolés, les trois-quarts du niveau d’humanité maximum pour un quart de masters ou de bacheliers. Un tiers souffrent de troubles psychiques.

En moyenne, ils consultent, par rapport aux assurés ordinaires, trois fois plus le généraliste (9 fois par an), plus de 3 fois plus le médecin spécialiste (7 fois par an), 5 fois plus le kiné et même 13,5 fois plus l’infirmière qui leur rend visite près de 22 fois par an en moyenne. Ils consomment entre 4 et 5 fois plus de médicaments.

Logement et santé

Sur un total de dépenses du ménage de 2.261 euros par mois, la santé absorbe 11%, le logement 22% et les transports 11%. Ils consacrent 488 euros pour se nourrir et à peine 186 euros à leurs loisirs. Comparativement à la population belge, les différences notables concernent les loisirs (6% contre 15) et la santé. Sur les 243 euros consacrés à leur santé, les invalides paient 179 euros en-dehors de l’AO. Dans l’AO, les coûts pour une hospitalisation viennent en tête (30%) suivis des médicaments remboursables (21%). Essentiellement des anti-inflammatoires et médicaments anti-rhumatismes, des inhibiteurs de la sécrétion d’acide gastrique, des psychoanaleptiques (parmi lesquels des antidépresseurs) et des analgésiques. La consultation du médecin pèse 16% du total des dépenses en AO.

Parmi leurs dépenses de soins hors-AO, la mutuelle cite, sans détailler le poids respectif de ces dépenses : l’aide à domicile (femme de ménage, aide familiale), les transport pour raisons médicales, les soins paramédicaux, les soins des pieds (podologue ou pédicure), le psychologue ou psychothérapeute, le diététicien, la parapharmacie, les suppléments alimentaires et vitamines, les pansements, le matériel de désinfection et le matériel d’incontinence, les médicaments non remboursables, les analgésiques, les calmants, les somnifères et les vitamines.

50% des répondants disent s’en sortir assez ou très difficilement. Mais plus on avance en âge, moins c’est difficile. 58% des 18-44 ans ont du mal ou beaucoup de mal à nouer les deux bouts contre 40% des 60-64 ans. Les isolés s’en sortent le plus mal (63%) et les couples sans enfants le mieux (36%).

Parmi les factures difficiles à payer, ce sont les frais de santé qui reviennent le plus souvent (47%) mais aussi les vacances (37%). En tête les soins dentaires (66%), suivi du médecin spécialiste (46%), des frais de lunettes (44%) et les médicaments (31%).

Peu de retour au travail possible

Les trois quarts n’exercent aucune activité professionnelle autorisée. Seuls 7% le font à raison de 17 heures par semaine. 10% ont essayé mais ont dû arrêter pour des raisons de santé. 12% s’estiment toutefois en état d’assumer un travail rémunéré, 71% pensent qu’ils ne le pourraient pas.

Une marge existe donc pour remettre certains d’entre eux au travail sur base volontaire mais plus jeune on est, plus enclin est-on à se relancer dans la carrière puisque 20% des 18-44 ans se voient retrouver le chemin du travail contre 5% seulement des 60-64 ans. Cet enthousiasme s’étiole également en fonction de la durée d’invalidité. 23% de ceux qui sont en arrêt de travail depuis moins de deux ans reprendraient une activité contre 4% des invalides depuis plus de 10 ans.

Intéressantes sont les conditions qui les pousseraient à prester à nouveau : Pas de perte de revenus « si je retombe à nouveau malade » (95%), une bonne ambiance et des bonnes conditions de travail (80%), le maintien des avantages actuels (77%), « un poste de travail adapté à ma maladie ou mon handicap » (74%) et la nature ou le contenu du travail (73%).

« S’en sortir avec une indemnité d’invalidité n’est toujours pas une sinécure », postule l’organisme assureur. « Il ne faut surtout pas diminuer les indemnités mais plutôt les remonter au ‘niveau de sécurité d’existence’. » Celle-ci est de 1.231 euros pour un isolé sans enfant alors qu’il ne perçoit que 1.169 euros en invalidité.

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