Benoît Lutgen (CDH), Paul Magnette (PS) et Elio Di Rupo (PS) © Belga

« Les trafics du PS et du cdH doivent leur permettre de limiter la casse en 2019 »

Han Renard

Les partis wallons de la majorité PS et cdH se servent d’une réforme imposée des arrondissements électoraux pour se donner un avantage électoral.

Selon la Cour constitutionnelle, un certain nombre de circonscriptions électorales ne sont pas au point. Contrairement à la Flandre, la Wallonie n’a pas de circonscriptions électorales provinciales pour les élections régionales. Les circonscriptions électorales, treize au total, se composent toujours d’anciens arrondissements, ou de plusieurs arrondissements réunis. A la suite d’une plainte de quelques candidats Ecolo de petits arrondissements de la province du Luxembourg, la Cour constitutionnelle a qualifié les trop petites circonscriptions d’anticonstitutionnelles. La Cour estime, en effet, que la proportionnalité du système électoral est compromise et que le principe d’égalité est foulé aux pieds. Même s’ils atteignent 20% des voix, les candidats Ecolo issus de petites circonscriptions électorales au Luxembourg n’obtiennent pas de siège. Cependant, ce pourcentage suffit dans les circonscriptions wallonnes plus grandes au pourcentage de voix comparable.

Du coup, il faut modifier les circonscriptions électorales d’ici 2019. En principe, c’est la tâche des 75 élus wallons. Mais en pratique, ce seront les partis de la majorité, le PS et le cdH qui régleront la question. Comme l’écrit La Libre Belgique, le redécoupage entraîne un maquignonnage en coulisse où les partis de la majorité veulent essayer de limiter au maximum la casse prévue en 2019.

Il va de soi que laisser des politiques élus décider de leurs propres circonscriptions électorales, c’est enfermer le loup dans la bergerie. À certains endroits, la solution est évidente. Au Luxembourg, on peut réunir les arrondissements en une circonscription électorale provinciale sans que le PS ou le cdH aient grand-chose à craindre. À d’autres endroits, l’adaptation des circonscriptions électorales risque de coûter des voix aux partis de la majorité. Rassembler Thuin et Charleroi serait logique, mais pas pour le PS, parce qu’alors le ministre des Pouvoirs Locaux, Paul Furlan, se retrouverait dans la circonscription électorale du ministre-président wallon, Paul Magnette. Mettre deux attrape-voix sur la même liste, c’est une perte de voix garantie. Et évidemment, le cdH a également ses propres calculs dont il faut tenir compte.

Ce spectacle de trafics politiques à l’ancienne fait froncer les sourcils. Depuis l’opposition au CETA, la politique wallonne se voit comme une balise de transparence démocratique, mais le maquignonnage actuel vient contredire cette image.

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