« Les syndicats des cheminots suivent la voie qui a conduit la Sabena à la faillite »

Les syndicats des cheminots annoncent 5 jours de grève en janvier. Les voyageurs sont à nouveau le dindon de la farce, mais les grèves ne sont bonnes ni pour la SNCB ni pour les syndicats.

Les syndicats socialiste et chrétien des cheminots ont déposé un préavis de grève pour pas moins de cinq jours en janvier. Ils commenceront par une grève de 48 heures, du mardi 5 janvier au jeudi 7 janvier. Ensuite, il y aura une grève de 72 heures, du mercredi 20 janvier au samedi 23 janvier. Ils ont pris cette décision parce qu’ils n’acceptent pas la proposition d’accord social obtenue après des mois de négociations. Le but était d’augmenter la productivité à la SNCB sans toucher, ni au statut social, ni à la semaine de 36 heures. Les employés ne se voyaient pas renoncer à une série de jours de congé et de compensation.

Les syndicats ont déposé un préavis de grève immédiatement après la divulgation de la proposition. C’est disproportionné : le premier mois de l’année, les trains ne rouleront pas pendant une semaine de travail complète. Les voyageurs sont à nouveau les premières victimes, car ils n’arriveront pas, ou encore plus difficilement que d’habitude, à leur destination. Les écoliers n’arriveront pas à temps à l’école, certains employés prendront congé pour éviter les problèmes. La grève ne suscite pas uniquement la frustration des voyageurs, elle nuit très fort à l’économie. Et le personnel en grève ne devra plus compter sur une grande solidarité du monde extérieur, il a déjà épuisé toute sa bonne volonté lors des fréquentes actions spontanées et organisées de ces derniers mois. Les syndicats affirment à nouveau qu’ils font grève pour « un meilleur service », mais ils ne pourront pas expliquer que c’est une raison pour laisser les voyageurs en rade pendant cinq jours. Et c’est en effet inexplicable.

Les syndicats semblent toujours placer leurs intérêts privés au-dessus de l’intérêt général. S’intéressent-ils à l’avenir de la SNCB ? On s’imagine qu’ils connaissent les chiffres. Chaque année, la SNCB perçoit un peu plus de 3 milliards d’euros de la part de l’état. Le gouvernement Michel a diminué ce montant de 663 millions. L’état demande depuis longtemps à la SNCB de maîtriser sa dette, mais elle n’y arrive pas. Fin 2014, le CEO Jo Cornu a écrit une lettre aux syndicats pour leur signifier à quel point la situation financière était précaire : « Depuis 2005, la SNCB accumule entre 200 et 250 millions d’euros de pertes par an. Si on continue comme ça pendant cinq ans, la dette s’élèvera à 4 milliards d’euros. Cela ne semble inquiéter personne alors que cette situation financière est tout simplement intenable. » Et n’oublions pas non plus qu’en 2004 le gouvernement Verhofstadt avait déjà repris 7 sur les 10 milliards de dettes de la SNCB, avec en conséquence une hausse de la dette publique. Une grève de cinq jours ne fera qu’empirer cette situation financière dramatique.

Au lieu de suivre l’exemple de bpost, les syndicats des cheminots suivent la voie qui a conduit la Sabena à la faillite

Il y a quelques mois, une étude qui comparait plusieurs sociétés de chemins de fer européennes révélait que la SNCB retardait en matière de productivité. Le CEO Jo Cornu souhaite améliorer cette productivité. Il voulait s’y prendre étape par étape en collaboration avec les syndicats, à l’instar de Johnny Tijs qui a réussi à transformer bpost en entreprise moderne. En lançant une grève disproportionnée, les syndicats montrent clairement qu’ils ne veulent pas d’une société de chemins de fer moderne. Au lieu de suivre l’exemple de bpost, les syndicats des cheminots suivent la voie qui a conduit la Sabena à la faillite.

Le gouvernement Michel a toujours fait savoir que la modernisation de la SNCB représentait une de ses priorités socio-économiques. Aussi le syndicat ne se confronte-t-il pas uniquement à la direction de la SNCB, mais aussi au gouvernement. Les organisations d’employeurs appellent plus que jamais à la restreinte du droit de grève et au gouvernement la N-VA a déjà lancé une proposition dans ce sens. Et il n’est pas du tout certain que beaucoup de gens choisissent le côté des syndicats dans leur bras de fer avec le gouvernement.

En agissant comme ils le font, les syndicats mènent un combat perdu d’avance. Et ils risquent d’entraîner beaucoup de gens dans leur chute.

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