Le viaduc de Remouchamps © Capture d'écran Google Street View

Les suicidés de Remouchamps

Le Vif

Dans ce village wallon, on dénombre pas moins de 160 suicides en 20 ans. La semaine dernière La Meuse revenait sur ces deux policiers qui venaient de sauver un énième candidat au grand saut.

Le viaduc de Remouchamps, sur l’autoroute E25, a sinistre réputation. Selon De Morgen pas moins de 160 personnes s’y seraient suicidées en 20 ans.

La semaine dernière, le journal La Meuse racontait une histoire avec un happy end digne d’Hollywood. « Dans un magnifique réflexe, les deux jeunes policiers parviennent à attraper ses bras. Voilà le trentenaire, tenu à bout de bras, suspendu dans le vide. Mais le désespéré ne se laisse pas faire pour la cause. Un des deux policiers tente alors le tout pour le tout: il dégage une de ses mains et se saisit de sa paire de menottes… qu’il attache à la barrière et à un des poignets du gaillard. »

L’homme s’en sortira avec une entorse au poignet, mais d’autres n’ont pas eu cette chance. Il faut dire que la route se situe 90 mètres plus bas.

Devant la récurrence du phénomène, la police locale a reçu comme consigne de « tenter d’amorcer un dialogue avec ceux qui sont sur le point de faire un acte désespéré » dit le bourgmestre Philippe Dodrimont (MR) dans les colonnes du Morgen.

Ce qui surprend le journaliste du quotidien flamand, c’est de constater à quel point les habitants sont désabusés. « Il est difficile de trouver quelqu’un qui n’a pas vu sauter ou tomber quelqu’un du viaduc. »

Celui-ci a été construit entre 1976 et 1982, mais le problème des suicides n’est apparu qu’à partir de la moitié des années 90. Depuis vingt ans, il y a en moyenne 8 suicides par an. Comme le précise le bourgmestre: « les habitants sont devenus très prudents et appellent la police dès qu’une voiture s’arrête. Même si c’est pour une panne. »

Paul-Émile Lawarree est le dépanneur qu’on appelle lorsqu’il s’agit de remorquer les voitures abandonnées. « Le dernier c’était un Allemand. Il y avait une carte avec trois autres viaducs qui étaient entourés. Mais là-bas, il y a de hautes barrières. Cela a dû le décourager. »

A Remouchamps, il n’y a pas de filet. « Pour ne pas mettre inutilement en danger les pompiers qui devraient récupérer, à plus de 90 mètres de haut, quelqu’un qui a de toute façon envie de mourir et pour la protection des oiseaux » dit encore le dépanneur.

Des barrières ont tout de même été installées en 2008 au-dessus des habitations et des rues après une vague de 5 suicides. Tout comme des panneaux avec la mention suivante : ‘Le centre de prévention du suicide 0800 32123 vous écoute 24 /24.’

Comme le précise un autre témoin dans le journal De Morgen, les habitants sont fatalistes : « s’ils ne le font pas ici, ils le feront ailleurs ». Un détachement affiché qui n’empêche pas que de nombreux habitants aient besoin d’une aide psychologique.

Un pic en hiver

« C’est encore pire en hiver, c’est surtout la Saint-Valentin qui est critique » précise encore Paul-Émile dans De Morgen. C’est souvent le soir, entre 21 et 22h, que les personnes sautent. « On entend alors le cri et les oiseaux qui s’envolent. Il ne reste plus qu’à appeler la police. »

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