© Kristof Clerix

Les Services secrets étrangers en Belgique

Kristof Clerix est le premier à avoir osé le voyage dans le passé de l’espionnage en Belgique.

Kristof Clerix, 33 ans, explore depuis dix ans les eaux profondes de l’ « intelligence » au sens anglo-saxon du terme. Journaliste au magazine MO* depuis 2004, couronné par deux prix internationaux de journalisme, il a publié en français En toute impunité ? Les Services secrets étrangers en Belgique (Racine, 2008).

Alors que les archives de la Stasi, le service secret de l’ancienne Allemagne de l’Est, sont accessibles depuis vingt ans, aucun chercheur ou journaliste belge n’avait eu la curiosité d’y mettre le nez. « Manipuler ces vieux papiers qui n’étaient pas faits pour vos yeux, imaginer ceux qui les ont écrits à la main ou tapés à la machine, découvrir leurs secrets… », se régale Krisof Clerix. « Ces archives, c’est du WikiLeaks avant la lettre, sauf que je les ai obtenues légalement ! »

Le statut des archives des services secrets communistes varie d’un pays à l’autre. Après la chute du mur de Berlin, en 1989, l’Allemagne s’est très vite dotée d’une législation fouillée pour en autoriser l’accès, en biffant les noms des espions et des informateurs. A Prague (République tchéque), la divulgation de données personnelles est affaire d’éthique. « Il est légitime de parler de personnes publiques comme Freddy Thielemans, le bourgmestre de Bruxelles, mais il est hors de question de balancer le nom d’un citoyen quelconque », précise Clerix. En Bulgarie, le curieux peut tout lire mais rien répercuter sous peine de poursuites pénales. Quant aux archives de la Securitate roumaine, elles contiennent deux millions de dossiers, dont au moins 900 pages sur la Belgique, mais elles sont difficilement exploitables car il n’y a pas d’index. « Par exemple, le dossier de l’espion belge Eugène Michiels est introuvable. »

N’était-ce pas imprudent de la part de Freddy Thielemans de fréquenter un diplomate de l’Est ? « Il n’était pas écrit KGB sur son front, répond le journaliste. Mais, d’une façon générale, quand un diplomate, un journaliste ou, aujourd’hui, un lobbyiste, vous interrogent sur des sujets sensibles, il n’est pas stupide de se demander s’il ne s’agit pas d’un espion. Cela dit, c’est lorsque de l’argent entre en jeu que l’on court le risque d’être manipulé. Jusqu’à présent, je n’ai rien trouvé montrant que des hommes politiques belges aient collaboré avec des services secrets étrangers pendant la guerre froide. Si je découvre quelque chose, je le publierai sur mon site Web, www.targetbrussels.be. »

M.-C.R.

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