Geert Bourgeois © BELGA

Les partis flamands pas enthousiasmés par la Constitution flamande de la N-VA

Le ministre-président flamand Geert Bourgeois a réclamé lundi l’élaboration d’une Constitution pour la Flandre, qu’il verrait bien promulguée un 11 juillet, dans une sortie à titre personnel qui n’a pas suscité l’enthousiasme de ses partenaires de coalition.

Geert Bourgeois a plaidé dans le journal ‘De Standaard’ pour un agenda constitutionnel élargi pour la Flandre, reconnaissant toutefois que rien n’était prévu en ce sens dans l’accord de son gouvernement. « Dans presque tous les autres Etats fédéraux, les Etats disposent de leur propre Constitution », a-t-il expliqué.

Il demande donc au Parlement fédéral de déclarer la Constitution ouverte à révision, de sorte que la Flandre puisse être dotée de compétences constitutionnelles en 2020. La majorité fédérale (N-VA, MR, CD&V et Open Vld) a toutefois convenu de laisser les questions institutionnelles au frigo pendant la législature.

Le chef de l’exécutif flamand a confirmé ces propos lundi en fin de journée, à l’occasion d’une lecture académique à l’université catholique de Louvain (KUL). Il a ajouté qu’à ses yeux, le jour de la Fête de la Communauté flamande, lel 11 juillet, pourrait aussi devenir une journée de célébration de la Constitution flamande, à l’instar du « Constitution Day » aux Etats-Unis (17 septembre). « De la sorte, la journée de commémoration de la Bataille des éperons d’or serait aussi celle de la Constitution flamande ».

En 2013, les partis du gouvernement flamand (CD&V, sp.a et N-VA) avaient déjà proposé un projet de Charte pour la Flandre, sorte de Constitution avant la lettre, mais l’initiative avait fait long feu. Tout comme celle, au sud du pays, d’une Constitution wallonne proposée en 2006 par cinq élus socialistes. S’en tenant au calendrier fédéral, le CD&V s’est contenté lundi de proposer de réactiver cette proposition de résolution d’une Charte pour la Flandre.

« Complexe d’infériorité

L’Open Vld a quant à lui replacé le débat à l’échelle de la Belgique: « le débat sur les droits fondamentaux, les valeurs et les libertés est aux yeux des libéraux un débat pour tous les Belges ». Et d’évoquer les échanges sur la laïcité de l’Etat actuellement en cours à la Chambre. Du côté de l’opposition flamande, le ton est sarcastique dans les rangs du sp.a: « j’ai l’impression que le ministre-président souffre d’un complexe d’infériorité », a réagi le député Joris Vandenbroucke.

Il a appelé M. Bourgeois à plutôt élaborer une politique qui s’empare réellement des nouvelles compétences régionales, notamment en matière de loyers et d’allocations familiales. Pour Groen, pas question d’entrer dans un scénario préparatif d’un indépendance flamande. Le parti d’opposition a appelé les formations du gouvernement à améliorer les droits des Flamands dans les politiques socio-économiques (logement, lutte contre la discrimination, santé et protection sociale), dans une perspective de fédéralisme de coopération. Geert Bourgeois, lui, envisage en outre de profiter du 11 juillet pour souhaiter officiellement la bienvenue aux primo-arrivants, pour autant qu’ils aient suivi un parcours d’intégration, a-t-il ajouté dans son intervention à Louvain.

Le nationaliste flamand propose aussi d’instaurer à l’école secondaire un objectif final de « formation à la citoyenneté », pour acquérir une connaissance de base de la Constitution, des organisations politiques et du fonctionnement des institutions. Au sud du pays, un cours de philosophie et de citoyenneté sera déjà instauré progressivement dès la rentrée prochaine. M. Bourgeois a par ailleurs répété son hostilité à la simultanéité des scrutins régionaux, fédéral et européen comme ce fut le cas lors des élections de 2014.

Vu l’évolution institutionnelle du pays, il serait « inacceptable que les élections pour le parlement flamand soient attelées à celles de la Chambre des représentants comme un wagonnet de 2e classe », a-t-il lancé. Le député CD&V Peter Van Rompuy l’a rejoint en partie, en rappelant sa proposition déposée au Sénat visant à organiser les élections régionales dix semaines avant les législatives et européennes, ce qui permettrait de préserver un intervalle de plus de quatre ans sans élections, nécessaire à ses yeux pour mener des réformes sans être interrompu par d’incessantes campagnes électorales. L’Open Vld ne se montre pas enthousiaste: « nous avons toujours été favorables à des élections simultanées », ont rappelé les libéraux flamands.

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