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Les gauchers, les laissés pour compte de l’école

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Les gauchers représentent, en moyenne, un sixième de la population. Dans les écoles, ils constituent une minorité dont on ne se préoccupe pas toujours. Ils sont pourtant confrontés à des difficultés quotidiennes qui peuvent avoir des conséquences sur leur réussite scolaire.

Faute de temps ou faute de formation, les instituteurs sont parfois désarmés face aux difficultés des petits gauchers pour apprendre à écrire par exemple.

Cela fait de nombreuses années que l’on a arrêté de contrarier les gauchers en les forçant à écrire de la main droite. Ce n’est pas pour autant que les difficultés liées à leur particularité ont disparu.

En effet, les enfants gauchers doivent faire leurs apprentissages dans un monde qui a été pensé par et pour les droitiers. Ce qui entraine des complications que les droitiers ont parfois du mal à prendre en compte : être obligés d’utiliser des ciseaux inadaptés qui ne coupent pas au bon endroit, salir sa feuille parce que la main frotte sur l’encre, se gêner avec le voisin de gauche qui écrit de la main droite, ne pas pouvoir écrire dans son classeur à cause des anneaux, etc.

Un article publié par le Guardian indique que les élèves qui écrivent de la main gauche sont pénalisés par l’indifférence des membres de la communauté éducative britannique à leur égard. Selon ce même article, rapporté par Slate, des craintes existent qu’il y ait proportionnellement plus de gauchers et de gauchères en prison que de droitiers.

Le manque d’attention accordé aux difficultés spécifique des gauchers porterait-il préjudice aux élèves tout au long de leur scolarité ? À en croire les spécialistes de l’éducation, la réponse est oui. Selon Slate, apprendre à écrire de la main gauche sans encadrement particulier favoriserait les problèmes de dyslexie et de dysorthographie. Plus largement, de nombreux élèves gauchers vivraient l’apprentissage de l’écriture comme une épreuve qui pourrait altérer leur goût de l’écriture, voire des études.

« C’est quelque chose qu’on apprend à gérer sur le tas, sans réelle formation, témoigne Florence, professeure en France depuis une quinzaine d’années. N’étant pas gauchère, il y a un ensemble de problématiques auxquelles je n’avais jamais songé. L’encre qui bave, les ciseaux qui ne coupent pas au bon endroit… les soucis matériels sont quotidiens et ce n’est que la face émergée de l’iceberg. »

La première chose à faire pour aider un élève gaucher serait de lui fournir un matériel adapté. On peut aujourd’hui trouver assez facilement toutes ces fournitures en quelques clics sur internet. Investir dans un guide-doigt devrait aussi permettre aux gauchers d’adopter une position correcte pour écrire. « Il n’est pas normal que des élèves gauchers écrivent avec la main complètement désaxée de façon à voir ce qu’ils écrivent et à ne pas l’effacer. Si on s’y prend correctement, les élèves gauchers doivent finir par tenir leur stylo de façon quasiment identique aux droitiers, mais en miroir. »

Ensuite, il est bon que les instituteurs tiennent compte de la particularité de leurs élèves gauchers sans pour autant les stigmatiser. Par exemple, en choisissant de les placer à gauche de leur camarade sur le banc pour éviter qu’ils se gênent mutuellement. Et si votre enfant est gaucher, n’hésitez pas à en toucher un mot à son instituteur et à lui demander une attention particulière.

« Être gaucher, c’est avoir envie que sa différence de latéralité soit prise en compte tout en refusant d’être stigmatisé pour cela, affirme Erwan, professeur des écoles… et gaucher lui-même ».

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