Illustration. © BELGA

Les CPAS wallons s’opposent à une marchandisation accrue des maisons de repos

La Fédération des CPAS de Wallonie s’est élevée vendredi contre l’intention du ministre wallon de la Santé Maxime Prévot visant à développer les projets privés ou de partenariat public-privé pour répondre à la demande de places en maisons de repos.

Le vice-président cdH du gouvernement wallon s’est prononcé à plusieurs reprises pour une modification de la clé de répartition actuelle, qui partage l’ouverture de lits en maisons de repos entre le secteur public (minimum 29% des lits), l’associatif (minimum 21%) et le commercial (maximum 50%).

Il juge que la demande est telle que cette régulation sectorielle est devenue obsolète. Le ministre prépare une note qui devrait ouvrir davantage le secteur au privé.

Or la régulation actuelle suffit, assure la Fédération des CPAS. Environ 400 lits ont été créés par an depuis 1999 alors que les besoins pour les dix ans à venir sont de 256 lits par an, selon une estimation de l’Institut pour le développement durable (IDD) présentée par l’un de ses administrateurs, l’économiste et président du CPAS de Namur Philippe Defeyt (Ecolo). Ce chiffre tempère des estimations du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE).

Plus fondamentalement, la Fédération des CPAS wallons craint qu’une marchandisation accrue des maisons de repos se fasse au détriment de la diversité des choix, de la qualité des soins et services, de l’emploi (le privé travaillerait avec 15% de personnel en moins) ainsi que de l’accessibilité financière. Selon Jean-Marc Rombeaux, expert-conseiller à la Fédération, les projets PPP (partenariats public-privé) aboutissent à des surcoûts de 20 à 30%.

Les municipalistes réclament donc d’orienter plutôt les moyens vers les centres de soins de jour, les résidences-services sociales ou les maisons communautaires, mais aussi vers des initiatives de maintien des personnes âgées en bonne santé. Face à la volonté affichée par M. Prévot, certains d’entre eux attendent l’attitude qu’adoptera le PS, partenaire du cdH au gouvernement.

Le ministre, quant à lui, est notamment préoccupé par l’impact budgétaire: la gestion des maisons de repos pèse un milliard d’euros dans le nouvel organisme d’intérêt public (OIP) et la loi spéciale de financement ne prévoit pas son accroissement à hauteur de l’accroissement des dépenses de ces dernières années, fait-il observer dans la note de politique générale qu’il a présentée jeudi aux députés.

Il relève aussi que près de 2.250 lits ayant reçu un accord de principe attendent toujours leur mise en oeuvre par leurs détenteurs, la plupart du temps des acteurs publics confrontés à l’insuffisance de moyens financiers.

Maxime Prévot se montre en outre ouvert aux mesures de soutien aux habitats groupés pour personnes âgées, à l’habitat kangourou ou aux formules un toit-deux âges, etc.

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