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Les consultations pour un gouvernement fédéral, un chemin semé d’embûches

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Les socialistes ont pris la main. Mais le timing, les tensions politiques qui resurgissent, le bilan du passé voire le rôle du roi vont compliquer les choses, malgré l’urgence.

Des consultations informelles préalables à la formation d’un gouvernement fédéral ont bel et bien repris. Les présidents socialistes Paul Magnette (PS) et Conner Rousseau (SP.A), dont les partis constituent la principale famille du pays, ont pris la main depuis la semaine passée.

Il s’agit de prendre les devants face au préavis de crise annoncé, fin juin. Les partis qui soutiennent le gouvernement Wilmès II de l’extérieur ont déjà annoncé qu’ils ne soutiendront plus ses pouvoirs spéciaux – l’exécutif pourrait d’ailleurs ne plus les demander – et certains pourraient être tentés de demander un vote de confiance, renvoyant la gestion du pays en affaires courantes dès cet été. Sur le principe, la plupart des partis sont positifs sur cette nécessité de préparer l’avenir. « Une bonne chose », disait ce lundi matin à la VRT l’Open VLD Alexander De Croo. « Nous répondrons présent », poursuivait le CDH Maxime Prévot sur LN24. Ce week-end, tous les partis ont même relayé un inhabituel message d’unité pour lutter contre le coronavirus

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Au-delà de cette volonté commune, le chemin risque pourtant d’être une nouvelle fois parsemé d’obstacles.

1 La relance ou le gouvernement d’abord ?

Il s’agira d’abord de s’entendre… sur le timing de la formation de cet éventuel nouveau gouvernement. L’initiative du PS revient surtout à déterminer « la manière dont les autres partis voient la suite des événements, comment ils voient l’avenir ». Paul Magnette ne cache pas sa volonté de mettre rapidement un place une stratégie de relance, sur fond de plaidoyer vibrants sur la nécessité que le monde d’après soit fortement différent de celui d’avant le coronavirus. Son leitmotiv : « Il faut passer à la vitesse supérieure. On ne peut pas attendre qu’un nouveau gouvernement (fédéral) soit formé. Sinon, on risque de connaître une récession plus forte que les pays voisins. » Georges-Luis Bouchez, son homologue du MR, insiste sur la nécessité qu’une telle stratégie soit élaborée par un gouvernement majoritaire de plein exercice. Son collègue libéral flamand Alexander De Croo ne dit pas autre chose quand il appelle à la mise en place d’un « gouvernement de relance » dont la stabilité serait assurée par la présence des grands partis.

2 Avec ou sans la N-VA et/ou les écologistes ?

Vouloir former un gouvernement fédéral, aujourd’hui, c’est prendre le risque, réel, de retomber dans les ornières d’un passé récent, avant que la crise du coronavirus n’impose une « grande union » très fragile. C’est revenir à l’impasse N-VA – PS. Bart De Wever souhaite à nouveau dialoguer avec les socialistes, mais pose toujours comme condition l’évocation d’une prochaine réforme de l’Etat. Les nationalistes restent en outre marqués par la « trahison » de Paul Magnette, qui avait coupé court en mars à la possibilité de former un gouvernement de plein exercice, après avoir ouvert la porte. Pour les socialistes, et les francophones au sens large, pas question d’ouvrir la porte au confédéralisme. Socialistes et écologistes n’ont guère d’appétit à convoler en juste noces avec la N-VA – c’est peu de le dire – et souhaitent une rupture par rapport aux années Charles Michel. Se greffe à cela de nouvelles tensions sérieuses entre libéraux et écologistes francophones sur plusieurs dossiers (déconfinement, mobilité, 5G…), la candidature rejetée de Zakia Khattabi à la Cour constitutionnelle ayant envenimé encore les relations entre leurs présidents.

3 Assumer ou détricoter le bilan du passé ?

Sur le fond des dossiers, l’écart reste abyssal entre les positions de la N-VA et du PS, il reste important entre celles du MR et du PS. Les socialistes, appuyés par les écologistes, DéFi voire les humanistes, souhaitent revoir fondamentalement les priorités politiques par rapport à la précédente législature, notamment en investissant massivement dans la sécurité sociale ou en menant une autre politique fiscale et budgétaire. La crise du coronavirus pourrait certes faciliter certains rapprochements, mais la tension reste grande comme en témoigne les fortes critiques à l’encontre de l’action de la ministre de la Santé, Maggie De Block (Open VLD) et ses arrêtés ministériels pour faciliter l’accès au métier d’infirmier. Ce matin, Maxime Prévot confiait avoir demandé leur retrait, ce qui aurait été refusé. Les expressions de colères du personnel soignant, ce week-end, ont également témoigné de l’importance de ce passif qui devra être surmonté. Les critiques de Marie-Christine Marghem (MR) dénoncée par le PS et le recadrage de la ministre par son président, Georges-Louis Bouchez, ont peut-être témoigné du jeu qui se trame en coulisses.

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4 Avec ou sans… le roi?

La question peut paraître anecdotique, mais elle ne l’est pas vraiment. Pour l’instant, en raison de la situation politique exceptionnelle d’un gouvernement minoritaire soutenu de l’extérieur et disposant de pouvoir spéciaux, le roi Philippe est mis hors-jeu de cette gestion anticipative de la crise. Cela aussi est aussi est relativement inédit : une des missions principales du roi consiste à donner le ‘la » dans la formation d’un gouvernement fédéral. Son retour dans le jeu pourrait d’ailleurs signifier un retour de la crise politique, car elle interviendrait au moment où le gouvernement Wilmès II ne disposant plus des soutiens nécessaires, la Première ministre libérale serait contrainte de retourner au palais. Pour de nouvelles passes d’armes qui seraient peu audibles en cette période où l’urgence sanitaire se double désormais d’une crise économique et sociale.

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