Jacques Gobert, bourgmestre de La Louvière. © Belga

« Les communes wallonnes étranglées par des surcoûts de 208 millions d’euros »

Le dû incontestable des autres niveaux de pouvoir (Fédéral, Région/Communauté) envers les villes et communes de Wallonie a atteint l’an dernier 208,7 millions d’euros, a affirmé jeudi leur coupole (UVCW) à l’occasion d’une conférence de presse.

La plus grosse partie de ces surcoûts viennent de l’État fédéral, qui n’assume toujours pas le partage à 50-50 des dépenses pour les zones de secours (services d’incendie), déplore l’Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW). Même si, d’une participation de 10%, le Fédéral est aujourd’hui monté à environ 23%, l’écart par rapport à la trajectoire convenue laisse toujours 71,5 millions d’euros de surcoûts à charge des communes, calcule l’Union.

L’indolence dans l’établissement d’un précompte immobilier correspondant aux revenus cadastraux réels fait perdre aux communes 46,9 millions d’euros supplémentaires, ajoute-t-elle. Le problème incombe au Fédéral comme à la Région: la perception du précompte immobilier a été régionalisée, mais la Wallonie n’est toujours pas prête à reprendre le service de cet impôt, qui est toujours assuré par le Fédéral, peu enclin à mettre tous les moyens nécessaires vu qu’il n’y trouve pas d’intérêt financier.

En attendant une réforme du système d’imposition foncière en Région wallonne, l’UVCW demande de recourir davantage aux services d’indicateurs-experts pour une mise à jour plus performante de la matrice cadastrale.

Autre source de surcoûts, la diminution de la base taxable à l’impôt des personnes physiques (IPP) due au tax-shift fédéral génère 20,5 millions d’euros de recettes en moins, ajoutent les municipalistes.

En outre, le poids des pensions des agents communaux a fait débourser l’an dernier 14,6 millions d’euros en plus aux municipalités wallonnes. Les unions de communes des trois Régions du pays feront d’ailleurs de ce dossier leur priorité en vue des élections de 2019. Fédéral et Région ont annoncé des mesures pour atténuer l’impact, mais ces avancées ne permettront pas d’amortir le choc, estime l’UVCW. La facture annuelle des communes augmentera de 77 millions d’euros en six ans, selon elle.

Quant aux entités fédérées (Région/Communauté), elles ont fait supporter par les communes 26,91 millions d’euros de surcoûts l’an dernier.

« Nous sommes conscients que les pouvoirs locaux doivent aussi participer à l’effort budgétaire », concède Jacques Gobert, président de l’UVCW. « Mais si l’on nous étrangle financièrement – et c’est surtout le cas du Fédéral qui n’est pas en charge des Pouvoirs locaux -, cela aura des répercussions sur la cohésion sociale, ainsi que sur la capacité des communes à faire face à leurs grands défis: la gouvernance, la transition écologique, la démographie (logement et mobilité) ou encore l’attractivité des villes, notamment numérique », fait-il valoir.

Au total donc, l’UVCW estime que les 262 communes wallonnes assument 208,07 millions d’euros de surcoûts à la place du Fédéral et des entités fédérées, pour un budget total de quelque 5 milliards d’euros (à l’ordinaire).

Elle voit toutefois des bonnes nouvelles dans l’annonce du gouvernement wallon de renouer avec les 65 millions d’euros annuels consacrés aux investissements locaux à travers un fonds régional à partir de 2019 (+20 millions d’euros par rapport aux montants 2013-2018).

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