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Les chantiers sur les routes wallonnes sont-ils vraiment trop longs et moins efficaces ?

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Trop longs, moins efficaces, les chantiers wallons ? Autopsie de trois idées reçues, partagées par de nombreux automobilistes.

1. Les chantiers de voiries en Wallonie durent plus longtemps qu’à l’étranger. Plutôt faux.

Les automobilistes peuvent avoir l’impression que les chantiers dans les pays voisins sont menés plus rapidement qu’en Wallonie.  » Nous avons fait des comparaisons, et il n’y a pas de différences fondamentales entre l’organisation de nos chantiers et ceux qui sont réalisés en France, en Allemagne ou aux Pays-Bas « , indique Dominique Verlaine, chef de cabinet adjoint du ministre wallon des Travaux publics, Carlo Di Antonio. En théorie, la Wallonie pourrait réduire drastiquement la durée de ses chantiers, en faisant par exemple appel à des entreprises encore plus grandes – et plus chères.  » Mais nous n’en avons pas chez nous « , précise le ministre. Or, l’opinion publique reprocherait certainement à la Wallonie de ne pas privilégier des modalités bénéficiant autant que possible à la main- d’oeuvre locale. Les automobilistes perçoivent rarement l’ampleur des interventions effectuées, ni les imprévus difficilement identifiables avant le début de chantiers plus complexes qu’ailleurs, vu le déficit d’investissement accumulé pendant trente ans.

2. Les entreprises ne travaillent pas assez souvent la nuit. Faux.

Pour les petits travaux de maintenance, la Wallonie opte autant que possible pour des interventions de nuit. Elle compte aussi généraliser cette pratique pour le raclage-posage, qui consiste à rénover une route sur une épaisseur d’environ trois centimètres, pour en assurer la pérennité. Des interventions de nuit sont aussi menées sur les chantiers de plus grande ampleur, mais la marge de manoeuvre reste limitée, pour trois raisons. Un : le travail sera généralement plus rapide s’il est effectué dans les meilleures conditions de luminosité. Tout ne peut pas être effectué de nuit. Deux : les syndicats confirment que le secteur fait déjà preuve d’une grande souplesse, puisque des plages de travail de nuit sont fréquentes. Enfin, cela supposerait aussi d’autres ajustements, notamment pour les permis d’exploitation des usines qui produisent les matières premières, ou encore des restrictions qui interdisent, par exemple, l’évacuation de déchets durant la nuit.

3. Même rénovées, les routes sont de moins bonne qualité en Wallonie. Faux.

Après la régionalisation des voiries nationales, la Wallonie s’est longtemps résolue, faute de moyens, à entretenir son réseau routier de façon superficielle, sans s’attaquer réellement à leur état de décrépitude bien réel. Ces rénovations de façade, inadaptées, ont pu donner l’impression que les normes techniques imposées aux entrepreneurs par la Wallonie étaient moins exigeantes qu’ailleurs.  » C’est faux, affirme la FWEV. Le niveau d’exigence sur le plan technique a toujours été élevé. Simplement, auparavant, on ne curait pas le mal à fond.  » Les grands chantiers lancés depuis quelques années pérenniseront la qualité des tronçons concernés pour plusieurs années, si les opérations de maintenance suivent le rythme. Ils doivent aussi répondre aux critères très stricts établis dans le cahier des charges Qualiroutes. Pour les entrepreneurs, la marge de manoeuvre est presque nulle. En revanche, les 60 000 kilomètres de voiries communales n’échappent toujours pas, faute de moyens, au fléau des petites réfections inadaptées.

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