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Les Belges et la guerre, sans raccourcis ni concessions

Le Vif

Cette publication n’est pas un énième condensé de la Seconde Guerre mondiale. Ni une nouvelle anthologie de la période la plus sombre du XXe siècle.

Cet ouvrage propose la lecture, la relecture même, des événements tragiques qui ont déchiqueté la Belgique entre 1940 et 1945. Aujourd’hui encore, 70 ans après la fin du conflit, le regard posé sur l’implication des Belges dans cette guerre effroyable oppose une frange importante de nos deux plus grandes Communautés. Ainsi, lorsqu’en octobre 2014, un tout frais ministre N-VA, Jan Jambon, exprime à haute voix que certains, en Flandre, avaient des raisons de collaborer avec l’occupant allemand, donc le régime nazi, beaucoup de  » leaders d’opinion » francophones se sont indignés, là où la plupart de leurs homologues néerlandophones se refusaient à condamner les propos tenus au nom, nous a-t-on répété, d’une histoire différente. Presque d’une culture distincte de la nôtre. Pas forcément pour excuser les faits de collaboration, mais certainement pour tenter de les expliquer. D’une façon plus nuancée que celle qui est la plus communément transmise, d’une génération à l’autre, depuis trois quarts de siècle, en Belgique : celle qui veut que la Flandre était collaborationniste et que la Résistance au IIIe Reich était le fait des francophones.

C’est donc à une quinzaine d’historiens, flamands, bruxellois et wallons, que nous avons demandé de (re)prendre la plume pour réaliser cet authentique document de 200 pages que vous avez entre les mains. Issus de différentes universités et du Cegesoma, le centre majeur belge d’analyse de l’histoire du XXe siècle. Leur mission : non pas seulement raconter les épisodes de la Seconde Guerre mais les décoder, les contextualiser, les commenter.

Ce sont donc des experts, opposés aux vérités sommaires et allergiques aux à-peuprès, qui nous confrontent à la « drôle de guerre », l’invasion éclair de mai 1940, la longue Occupation, la répression allemande et la persécution des Juifs. A l’activité économique de la Belgique sous le joug nazi, le rôle joué par les administrations communales, l’enseignement, les partis politiques, le gouvernement en exil, le roi Léopold III et l’Eglise, les réalités de la collaboration et celles de la Résistance. A l’impact de la propagande, les coulisses du Débarquement en Normandie, la Libération de septembre 1944, la bataille des Ardennes, les comptes à rendre par les uns et les autres après la guerre et les leçons qu’on a tirées depuis. Et celles qui restent encore à extirper et à enseigner aujourd’hui.

Parce que ce travail collectif exceptionnel aboutit à une conclusion implacable : en Belgique, malgré les septante dernières années écoulées, les milliers d’ouvrages publiés, les dizaines de milliers de débats tenus, on n’a pas fini de parler de la Seconde Guerre mondiale. Puisqu’elle a accéléré la division communautaire et linguistique. Qu’elle l’a nourrie. Et que sa simple évocation contribue, encore, à l’aggraver.

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