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Les associations francophones de Flandre s’inquiètent de l’évolution de leur région

La persistance de la Belgique à ne pas ratifier la convention-cadre sur la protection des minorités nationales ou le refus de la Flandre de ratifier le protocole n°12 du Conseil de l’Europe inquiètent les associations francophones de Flandre qui voient leur région gagnée pas à pas par le repli sur soi.

« La Flandre, par son attitude, discrédite la Belgique. Sur tous les processus qui pourraient conduire à se doter d’outils de lutte contre les discriminations, nous sommes en retard », regrette le porte-parole de la Coalition des associations francophones de Flandre (CAFF) et secrétaire général de l’Association pour la promotion de la Francophonie en Flandre (APFF), Edgar Fonck.

Jeudi, le rapport sur l’examen périodique universel de la Belgique devant les Nations-Unies en matière de droits de l’homme a été adopté. La CAFF n’a pas manqué d’exprimer sa déception devant les « réserves » mises par la Belgique face à la ratification de la convention sur les minorités. Le texte signé en 2001 est au frigo depuis lors parce que la Flandre ne veut pas reconnaître les francophones qui vivent sur son territoire comme une minorité. La déclaration du gouvernement Bourgeois énonce même que la Communauté flamande ne ratifiera pas la convention.

La création d’un Institut national des droits de l’homme n’a pas plus avancé. Un autre texte sème aussi la discorde: le protocole n°12 à la Convention européenne des droits de l’homme, signé le 4 novembre 2000 et toujours pas ratifié. Toutes les assemblées du pays ont approuvé le document sauf le parlement flamand. Le protocole permet de porter toutes les discriminations devant la Cour de Strasbourg et non seulement celles qui ont trait à des droits garantis par la Convention des droits de l’homme.

« Où cela va-t-il s’arrêter? »

Interrogé mardi au parlement flamand, le ministre-président Geert Bourgeois a confirmé ce refus, invoquant les « équilibres fragiles » qui seraient mis en péril en périphérie bruxelloise et la menace pour le principe de territorialité.

Pendant ce temps, l’indice de démocratie de la Belgique régresse, affirme la CAFF, invoquant un classement du groupe de presse « The Economist ». Jusqu’en 2013, la Belgique faisait partie des « pleines démocraties ». Depuis 2014, elle se retrouve dans le groupe des « démocraties imparfaites ». L’une des raisons de cette rétrogradation est la menace que la N-VA fait peser sur la cohésion de la Belgique.

« Où cela va-t-il s’arrêter? Je suis outré d’entendre mon pays se présenter aux Nations-Unies comme étant à la pointe de la démocratie. Cette minorité francophone est très sage, conciliante, bien intégrée. Elle demande simplement que ses racines soient reconnues. Comment la Flandre va-t-elle se débrouiller face à l’afflux de migrants qu’elle doit accueillir? C’est un défi d’une toute autre ampleur », souligne M. Fonck.

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