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Les armoiries royales féminisées

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Les armes de la famille royale de Belgique font peau neuve. Future Reine oblige, elles se déclinent désormais aussi en version féminine et s’enrichissent d’un modèle conçu pour un souverain qui abdique. Coup d’oeil sur la nouvelle collection.

Figées par arrêté royal du 13 juillet 1880, modifiées par arrêté royal du 17 juin 1910, les armoiries royales avaient pris un petit coup de vieux. Elles restaient imperméables à l’abolition de la loi salique en 1991 qui a brisé le monopole des hommes sur le trône de Belgique ; à l’existence d’une duchesse de Brabant, l’héritière Elisabeth, promise à devenir Reine des Belges ; à l’abdication volontaire d’un roi, Albert II en l’occurrence, survenue en 2013 ; enfin à la limitation des porteurs du titre de Prince ou de Princesse de Belgique, décrétée en 2015.

Une mise à jour des armoiries de la Maison royale s’imposait, le roi Philippe « à la suite de notre avènement au Trône » se disait le premier conscient de la nécessité de les adapter « aux évolutions historiques et juridiques » et de « remédier aux risques de confusion ouvrant la voie à des usages héraldiques inappropriés et dommageables tant dans les usages publics que privés », selon les motivations de l’arrêté royal pris le 12 juillet dernier, paru au Moniteur belge du 19 juillet, et qui revisitent sensiblement les armoiries royales.

Demandez le catalogue, nettement plus étoffé. Y domine une esthétique plus dépouillée et plus empreinte de modernité, avec la devise nationale désormais trilingue du fait de l’introduction de l’allemand dans les armes du roi régnant. On recense de nouvelles déclinaisons, notamment adaptées à la situation d’un Roi ou d’une Reine qui abdique, et qui intègrent chaque fois la dimension féminine sur le même pied que la touche masculine. Seules les armoiries du souverain régnant sont asexuées. Elles signent le retour en grâce sur le blason royal de Belgique de l’écusson de la maison de Saxe-Cobourg-Gotha, écarté par le roi Albert Ier après la première guerre mondiale et l’agression allemande sur la Belgique, sans qu’aucun texte juridique n’ait jamais expressément entériné cette disparition. Cette réhabilitation est à attribuer, selon l’historien Vincent Dujardin (UCL), au contexte de réconciliation avec l’Allemagne et à l’attachement particulier que nourrit le roi Philippe pour ses origines familiales.

A défaut de gouvernement fédéral, un royal désir est au moins exaucé, en régime d’affaires courantes.

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