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Les accidents sont trois fois plus mortels en Wallonie qu’en Flandre

Il y a eu moins de morts sur les routes en 2017. Au point d’atteindre un niveau historiquement bas. Mais une région n’est pas une autre. Explication.

L’an dernier, 483 personnes ont perdu la vie sur les routes, contre 500 en 2016. Ce qui représente une baisse de 3%. C’est même un niveau historiquement bas, d’après le baromètre de l’institut Vias. Néanmoins, pour obtenir le nombre exact de personnes décédées sur les routes, on doit aussi rajouter celles qui sont décédées dans les 30 jours suivant leur accident. En faisant cela, selon Vias, on arrive à environ 620 morts en 2017 contre 637 en 2016. Autre bonne nouvelle: on constate aussi une baisse de 6% du nombre de blessés qui passe de 51.074 à 48.227, tout comme celui des accidents qui baisse de 5% et passe de 39.850 accidents à 37.786.

Si les statistiques sont optimistes, elles doivent cependant être nuancées tant il existe des différences notables entre les différentes régions du pays. La Flandre s’en sort plutôt bien, avec une baisse de 10% du nombre de tués sur place (on est passé de 246 à 222) avec 290 morts dans les 30 jours. On ne peut pas dire la même chose pour la Wallonie où depuis 2014, le nombre de tués sur place n’a quasiment pas évolué (+0,4%) et celui des décédés 30 jours devrait atteindre 305 en 2017. A Bruxelles aussi les chiffres ne sont pas glorieux puisqu’on est même face à une hausse du chiffre de tués sur place qui est passé de 9 à 15, à quoi il faut encore rajouter entre 20 et 30 décédés dans les 30 jours.

On notera cependant que la situation est beaucoup plus uniforme pour ce qui est du nombre d’accidents, en baisse dans les trois Régions (-3% en Wallonie, -1% à Bruxelles et -7% en Flandre).

Pourquoi de telles différences ?

Hier, le ministre flamand de la Mobilité, Ben Weyts (N-VA), n’a pas hésité à jubiler. « C’est une grande journée pour la sécurité routière. Nos mesures, parfois tellement impopulaires qu’elles me valent des menaces de mort, sauvent des vies. » La Flandre a, entre autres, réduit la vitesse sur les routes régionales à 70 km / h, augmenté les exigences pour l’obtention du permis et accrus le nombre de contrôles de trajet sur les routes.

Pourtant cela n’explique pas le fait que malgré un nombre d’accidents en baisse il y a trois fois plus de morts par 1000 accidents en Wallonie qu’en Flandre. Pour Stef Willems de Vias, interrogé par De Standaard, l’explication est à chercher du côté de la vitesse, car on roule plus vite en Wallonie, car il y a moins de radars. Les chiffres sont là pour le prouver. Alors qu’il n’y a que 430 radars en Wallonie, ils sont 1400 en Flandre. Soit trois fois plus. « Il y a effectivement beaucoup moins de chance d’être flashé en Wallonie » explique Belinda Damatia de l’Agence Wallonne de la Sécurité Routière dans De Standaard.

En outre, la Wallonie n’a, contrairement à la Flandre, pas réduit la vitesse maximale sur les routes régionales. « On peut effectivement toujours rouler à 90 à l’heure sur des routes étroites » explique encore Damatia. Elle y voit aussi une explication culturelle: « La vitesse excessive et l’alcool au volant sont plus tolérés en Wallonie ». Lors de la dernière enquête pour la campagne BOB, 1,9% des conducteurs flamands ont été testés positifs, contre 2,7% en Wallonie. Par ailleurs 18% des conducteurs wallons ont admis qu’il leur arrivait de conduire en ayant bu. En Flandre c’est moitié moins. Damatia se veut pourtant positive. « Quatre-vingts radars seront ajoutés cette année et nous mettrons en place des campagnes de sensibilisation. » Une déclaration encore confirmée par le ministre fédéral de la Mobilité, François Bellot, pour qui « La priorité actuelle est d’augmenter le nombre de contrôles. Cela devrait ainsi nous permettre de nous rapprocher le plus possible de l’objectif d’un maximum de 420 tués sur les routes en 2020 ».

Quelques autres conclusions

Il apparaît que les accidents sont en diminution pour toutes les catégories d’usagers, sauf pour les camions. La hausse y est de 3%, dont une augmentation de 6% en Wallonie. La baisse est la plus marquée pour les accidents avec un cyclo (-13%) tandis que ceux avec un piéton, un deux-roues motorisé, une voiture ou une camionnette ont atteint un niveau historiquement bas. Le nombre de cyclomotoristes tués est, lui, passé de 10 à 17, ce qui fait dire à l’institut que les accidents sont « beaucoup plus graves qu’avant ». Et il y a une nette hausse des piétons tués (de 49 à 64).

Si le nombre d’accidents a diminué quelle que soit la période de la semaine, celui des tués a, en revanche, fortement augmenté en semaine la journée (+10) et surtout baissé le week-end en journée (-21). Enfin, parmi les autres tendances positives du baromètre, il n’y a jamais eu aussi peu de seniors (de plus de 65 ans) à avoir perdu la vie sur les routes. Diminution également des accidents (-8%) impliquant un jeune automobiliste (18-24 ans), où le nombre de tués est d’ailleurs en recul de 5%. « Sur un plus long terme, le nombre de jeunes tués dans la circulation a baissé de plus de 50% ces 10 dernières années! C’est la tendance positive la plus notable de l’ensemble du baromètre », se réjouit Vias.

Les dangers des passages pour piétons

Septante-huit personnes sont décédées en 2016 dans un accident sur un passage pour piétons ou dans ses environs immédiats, ou des suites d’un tel évènement (dans les 30 jours). En plus de ces décès, 4.202 personnes ont été légèrement blessées, et 524 l’ont été gravement. Si le nombre total de victimes d’accidents sur ou près d’un passage pour piétons reste relativement stable (4.809 en 2014 et 4.765 en 2015), le nombre de décès n’a cessé de diminuer, de 106 en 2014, à 92 en 2015 pour arriver à 78 en 2016. « Plus d’un piéton sur quatre qui est victime d’un accident l’est au moment où il traverse sur un passage qui lui est dédié », note Benoît Godart, de Vias.

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