Kris Peeters et Charles Michel © Belga

Le taux d’emploi ne s’est pas du tout amélioré sous le gouvernement Michel

Le gouvernement Michel fait étalage de ses jobs, jobs, jobs, mais il est beaucoup plus important de savoir si ces emplois font travailler plus de gens. Et le résultat est assez déplorable.

L’année dernière, il y a eu 66 000 emplois en plus dans notre pays, et c’est très beau. Depuis l’entrée en fonction du gouvernement Michel, il y a eu plus de 180 000 jobs supplémentaires, ce qui est également excellent. Et contrairement au passé, il ne s’agit pas d’emplois subventionnés par l’état, mais surtout de jobs dans le secteur privé. C’est important, car ces emplois rapportent plus à l’État que ce qu’ils coûtent. Et ce qui n’est pas dénué d’importance non plus, c’est qu’il s’agit souvent d’emplois quatre-cinquième ou à temps plein. Tout cela, ce sont de bonnes nouvelles que le gouvernement Michel aime à exhiber. Mais derrière ces jolis chiffres, se cache une évolution nettement moins rassurante.

Ces derniers mois, les causes de cette croissance d’emploi ont fait l’objet de discussions. Soit, elle est le mérite de la politique gouvernementale menée par le Premier ministre Charles Michel (MR), soit il faut l’attribuer à la bonne conjoncture internationale. C’est l’économiste gantois Gert Peersman qui a lancé le débat. Sur base d’une comparaison de chiffres, il a abouti à la conclusion que la hausse de jobs dans notre pays « n’est pas tant due à la politique gouvernementale qu’à la conjoncture européenne ».

Évidemment, ce gouvernement prend des mesures qui créent plus d’emplois. Ainsi, il y a eu le tax shift, qui a fait baisser les coûts salariaux, mais qui a englouti beaucoup d’argent de l’État. D’après les calculs de la Banque Nationale chaque emploi créé par ce tax shift coûte entre 25 000 et 30 000 euros par an au contribuable. Cette croissance d’emploi est donc due surtout à la reprise économique internationale, et les emplois créés grâce à la politique gouvernementale coûtent beaucoup d’argent. Cela jette une autre lumière sur les prestations du gouvernement Michel en matière de ‘jobs, jobs, jobs’.

Beaucoup plus important que la croissance d’emploi, c’est le nombre de personnes au travail. Combien de personnes contribuent à notre système de prospérité ? Sur les personnes âgées de 25 à 64 ans en Belgique, seuls 71,6 travaillent : en Allemagne, ce chiffre s’élève à 80,9%, aux Pays-Bas 79,1% et même la France – que l’on peut difficilement qualifier de modèle dans ce domaine – atteignent les 73%. Il n’y a pas de quoi en être fier.

Y a-t-il une amélioration depuis l’entrée en fonction du gouvernement Michel? Depuis fin 2014, le taux d’emploi dans notre pays a augmenté de 1,4 point. C’est un peu plus que la France (plus 1,2), mais un peu moins que l’Allemagne (plus 1,5), qui était déjà très haute, et les Pays-Bas (plus 2,5). Il y a quatre ans, notre taux d’emploi nous plaçait en dix-huitième position de 28 pays de l’UE, il n’y avait pas de quoi non plus en être fier. À présent, nous sommes à la 24e place et nous laissons uniquement la Croatie, l’Italie, l’Espagne, et la Grèce derrière nous. On ne peut que conclure que sous le gouvernement Michel notre taux d’emploi ne s’est pas du tout amélioré par rapport au reste de l’Europe.

La Belgique affiche un grand groupe d’inactifs. On ne les retrouve pas dans les statistiques de chômage – notre taux d’emploi de 7% est relativement bas – car ils ne sont plus (activement) à la recherche de travail et ne perçoivent donc pas d’indemnités de chômage.

Souvent, on attribue notre taux d’emploi bas au nombre faible de personnes de plus de 55 ans encore au travail, mais cela n’explique pas tout. Nous avons un taux d’emploi faible dans toutes les catégories d’âge. Dans notre pays il y a moins d’habitants âgés de 25 à 40 ans qu’aux Pays-Bas ou en Allemagne, et à partir de 40 ans également moins qu’en France.

Il y a de multiples raisons à ce taux d’emploi faible. Ce sont surtout les personnes peu qualifiées, les allochtones et les plus de 40 ans qui restent sur la touche. Notre taux d’emploi beaucoup trop faible est un problème complexe pour lequel il n’existe pas de solution simple. Il s’agit d’investir en éducation, et en enseignement, d’engager plus de citoyens originaires d’en dehors de l’UE, d’assurer une activation encore meilleure, de modifier les indemnités de chômage, mais aussi de prévoir un accueil plus flexible et meilleur marché pour les enfants. Les compétences sont dispersées, mais vu la piètre amélioration de notre taux d’emploi les gouvernements ont trop peu presté. « Jobs, jobs, jobs », est une chose, mais « au travail, au travail, au travail » en est une autre – et beaucoup plus importante.

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