Nicolas De Decker

Le royaume orange et la porte ouverte

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Il était une fois, dans un pays très lointain, un président de parti très courageux que tout le monde appelait prince Maxime. Le prince Maxime était si brave qu’il voulait « réenchanter la politique et porter de nouvelles utopies », tout comme son prédécesseur avant lui, tout comme leur prédécesseure avant eux, et tout comme tous leurs prédécesseurs avant eux depuis la nuit des temps.

Mais le prince Maxime, lui, avait une idée révolutionnaire. Il avait décidé de transformer sa citadelle orangée, que les fidèles avaient désertée et qui menaçait ruine, en un royaume enchanté de la porte ouverte. Remonté par une équipe de magiciens qui se faisait payer très cher pour enluminer les portes ouvertes de languettes de bois précieux, le prince Maxime, par un matin pluvieux de janvier, descendit bravement sur la place où vaquaient généralement les gueux. En avisant un qui passait par là, le prince prit un joyeux élan, sauta pieds joints devant lui, s’arrêta, et lui sourit.

 » Il fera beau demain !  » lui cria le prince, ce qui fit sursauter le passant.

 » Ah bon ?  » lui répondit-il en reculant.

 » Plutôt que de rester au balcon en disant « y a qu’à faut qu’on », venez saisir la main qu’on vous tend !  » lui dit le prince en le tirant par la manche.

 » Mais… pour quoi faire ?  » lui répondit le gueux en essayant de se débattre.

 » Je veux qu’on retrouve cette capacité à hurler contre les loups plutôt qu’avec eux, brossant toujours dans le sens du poil « , lança le prince.

 » Euh…  »

 » Allez, acceptez de monter au jeu pour marquer des goals dans la maison Belgique !  » lui dit résolument le jeune prince.

 » Hein ?  »

 » Plutôt que d’incarner un passé, soyons en capacité de proposer un avenir positif pour chacun !  » relança le prince.

 » Qu’est-ce que vous voulez dire, à la fin ?  »

 » Quel est le projet commun que l’on peut porter pour qu’il y ait une qualité de vie pour chacun et que le soleil brille pour tous ?  » lui demanda le prince.

 » Euh… vous voulez parler du réchauffement climatique, de la pollution, des particules fines ?  » lui dit le passant.

 » Mais non, enfin ! Les gens ont besoin de retrouver quelque chose qui les mobilise positivement !  » dit le prince en pensant à ce que les magiciens lui avaient expliqué.

 » Hmm… Vous avez quelque chose à dire sur le capitalisme, les inégalités, la sécurité sociale, alors ?  »

 » Pas du tout ! On ne peut plus faire la politique de demain avec les lunettes d’hier !  » fit mine de s’énerver le prince.

 » Vous vous intéressez à l’immigration, au racisme, à la radicalisation, c’est ça ?  »

 » Encore moins ! Plutôt que d’incarner un passé, soyons en capacité de proposer un avenir positif pour chacun « , se récria le seigneur.

 » Ah ! Alors vous voulez parler de la note d’information de Bouchez et Coens ?  » triompha le gueux.

 » Oh non, malheureux ! A force de l’avoir aseptisée, il n’y avait dedans rien de fédérateur ou d’enthousiasmant « , sourit, matois, le courageux prince.

 » Ah ça, ça me rappelle quelqu’un, mais qui ?  » s’interrogea le gueux, mais il n’y avait plus personne pour lui répondre. Le prince était déjà parti. Il s’était bien entraîné pour le débat à la radio de ce matin pluvieux de janvier. Les enchanteurs de la porte ouverte allaient être contents de lui.

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