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Le Roi met en avant le « besoin » de relations « réelles » et « profondes »

Le roi Philippe souligne lundi, dans son discours prononcé à l’occasion de la Fête nationale, le « besoin » que nous avons de « relations réelles et profondes », « une source d’énergie humaine renouvelable » dans un monde hyper-connecté.

Le souverain met ainsi en avant les personnes qui investissent dans le capital social et humain et plaide pour des liens forts et réels entre les peuples. Il estime également illusoire de penser que la Belgique peut s’isoler des drames se déroulant aux portes de l’Europe.

Evoquant des médias sociaux « qui nous rapprochent », les progrès « fascinants » de l’informatique et de l’internet et leur « impact fondamental » sur nos vies et sur notre travail, le Roi constate que « parfois le monde virtuel envahit notre vie et s’impose à nous sans que nous ne l’ayons réellement décidé ». « Il nous pousse à vouloir tout, tout de suite. Cela peut conduire à des relations superficielles qui ne laissent plus le temps au ciment humain de ‘prendre’ et de construire durablement », poursuit-il.

Pour Philippe, en outre, la surinformation risque à certains moments de prendre le pas sur une réflexion plus personnelle. Le souverain estime dès lors que nous avons besoin de relations « réelles et profondes », permettant de développer la personnalité et l’esprit critique mais également aux talents de s’exprimer pleinement et à chacun de trouver sa place dans la société.

Le roi Philippe souhaite ainsi mettre en avant les nombreuses personnes que la reine Mathilde et lui ont rencontrées lors de leurs déplacements et « qui investissent quotidiennement dans ce capital social et humain » et sont à la base d’initiatives se fondant sur des « relations vraies ». Celles-ci « sont une source d’énergie humaine renouvelable pour notre société », dit-il. De même, pour le souverain, il faut des « liens réels forts et sincères » entre les peuples. Selon lui, les drames qui se déroulent aux portes de l’Europe ne peuvent nous laisser indifférents.

« Des guerres civiles y sévissent, des Etats se désagrègent, des milliers de réfugiés affluent. Il est illusoire de penser que nous pouvons nous en isoler », lance-t-il, appelant l’Europe à soutenir les forces qui prônent la participation politique et le partage économique. Alors que le projet européen traverse une période difficile, il faut éviter que nos pays se dressent les uns contre les autres, affirme Philippe, faisant ici écho à la situation en Grèce. « Au contraire, approfondissons les liens qui nous unissent sur base d’une confiance retrouvée (…) Ils sont le ciment de notre civilisation, de notre sécurité et de notre avenir », conclut-il.

Discours du Roi à l’occasion de la Fête Nationale.

Mesdames et Messieurs,

La fête nationale est une bonne occasion pour réfléchir à la qualité des liens qui nous unissent. Ces liens sont précieux. Ils sont aussi constamment mis à l’épreuve.

Nous vivons dans un monde interconnecté, hyper-connecté. Les médias sociaux nous rapprochent. Les progrès de l’informatique et de l’internet sont fascinants. Ils ont un impact fondamental sur nos vies, sur notre travail. Ils offrent un excellent atout pour affronter les défis de la globalisation et rendre notre monde durable. En effet, l’informatique nous permet de gérer de façon efficiente nos activités, nos soins de santé, nos modes de production et notre mobilité, tout en réduisant les coûts et l’impact sur l’environnement.

Mais cette hyper-connexion comporte aussi des zones d’ombre. Parfois, le monde virtuel envahit notre vie et s’impose à nous sans que nous l’ayons réellement décidé. Ayant considérablement réduit le temps et l’espace, il nous pousse à vouloir tout, tout de suite. Cela peut conduire à des relations superficielles qui ne laissent plus le temps au ciment humain de ‘prendre’ et de construire durablement. Par ailleurs, la surinformation nous arrive souvent sous la forme d’un « prêt à penser » pré-formaté. Elle risque à certains moments de prendre le pas sur une réflexion plus personnelle.

Plus que virtuelles ou immédiates, nous avons besoin de relations réelles et profondes : elles seules développent la personnalité et l’esprit critique, encouragent à donner le meilleur de soi-même, elles seules permettent aux talents de s’exprimer pleinement et à chacun de trouver sa place dans la société.

Au cours de nos déplacements dans le pays, la Reine et moi avons rencontré de nombreuses personnes qui investissent quotidiennement dans ce capital social et humain. Je pense par exemple à ces écoles et à ces entreprises qui stimulent la créativité et l’initiative. Je pense à ces réseaux d’entrepreneurs qui aident des jeunes à lancer leur propre entreprise. Je pense à ces associations qui, à travers le sport, le théâtre ou d’autres activités, aident des personnes fragilisées à se donner un nouvel élan. Toutes ces initiatives se fondent sur des relations vraies qui sont une source d’énergie humaine renouvelable pour notre société.

De même, il est essentiel de créer des liens réels forts et sincères entre les peuples. J’ai à nouveau pu le constater lors de notre visite d’Etat en Chine. Avec les autorités fédérales, les ministres-présidents régionaux et une centaine d’hommes d’affaires et de recteurs d’universités, nous avons avant tout cherché à entretenir un espace de confiance dans l’intérêt des deux pays. Les liens avec la Chine engagent l’avenir.

Aux portes de l’Europe se déroulent des drames qui ne peuvent nous laisser indifférents. Des guerres civiles y sévissent, des Etats se désagrègent, des milliers de réfugiés affluent. Il est illusoire de penser que nous pouvons nous en isoler. L’Europe se doit de soutenir, dans les pays qui l’entourent, les forces qui prônent la participation politique et le partage économique.

Je voudrais enfin vous parler des liens entre les peuples d’Europe. Après des siècles parsemés de guerres s’est créée entre Européens une Union dont bénéficient tous les pays qui en font partie. L’Union permet un enrichissement mutuel unique des peuples et des cultures. Nous réalisons cette unité grâce à une foi commune dans l’être humain et dans la plus-value qui naît de la mise en commun de nos talents. Quand le projet européen traverse une période difficile, comme c’est le cas aujourd’hui, évitons que nos pays ne se dressent les uns contre les autres. Au contraire, approfondissons les liens qui nous unissent sur base d’une confiance retrouvée.

Mesdames et Messieurs,

Que ce soit pour nous-même, comme citoyens de notre pays, de l’Europe ou du monde, oui, nous sommes en mesure de faire la différence en créant et en nourrissant des liens profonds, solides et durables. Ils sont le ciment de notre civilisation, de notre sécurité et de notre avenir.

La Reine et moi, et toute notre famille, vous souhaitons une belle Fête Nationale.

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