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Le psychodrame grec réveille la fracture francophone

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le bras de fer entre la Commission européenne et le gouvernement grec métastase les débats parlementaires sur le budget et la réforme des pensions. Affrontements musclés entre un PS gauche radicale et un MR droite décomplexée.

Le 28 juin dernier, dans la torpeur d’un dimanche d’été ensoleillé, alors que le psychodrame grec conduit à une impasse, accentuant le risque d’un éclatement de la zone euro, Elio Di Rupo, président du PS, s’exprime devant ses militants à Chevetogne. Le cri du coeur : « Je soutiens la Grèce, je soutiens Syriza. L’attitude de l’Union européenne est intenable, non seulement pour les Grecs mais aussi pour la zone euro. Après cinq années d’échecs cuisants, ces penseurs continuent à mener une politique d’austérité insupportable. »

Pierre-Yves Jeholet, chef de file du MR au parlement wallon et fidèle parmi les fidèles de Didier Reynders, en avale son café de travers. « Les propos d’Elio Di Rupo sont d’une grande irresponsabilité, lance-t-il au Vif/L’Express. Il est vrai qu’il n’est plus à un dérapage près, depuis qu’il a affirmé sa volonté de remettre l’âge légal de la pension à 65 ans s’il revient au pouvoir. On sent que le président du PS est complètement à côté de ses pompes. De la part d’un ancien Premier ministre, c’est effrayant. »

« Le PS, quand il est au pouvoir, se comporte comme le MR, raille Jean-Marc Nollet, chef de groupe Ecolo à la Chambre. Quand il est dans l’opposition, il singe le PTB. Et quand il est en campagne, il copie Ecolo. En clair, il cultive une forme permanente d’opportunisme. « 

A l’heure où les débats parlementaires bouillonnent chez nous – la réforme des pensions en commission, l’ajustement budgétaire tant au fédéral qu’en Wallonie… -, l’affrontement idéologique entre la Commission européenne et le gouvernement grec d’Alexis Tspiras réveille une fracture béante du côté francophone, qui oppose la majorité fédérale portée par les libéraux et les majorités régionales dominées par le PS. Elle excite également les rivalités au sein même de la vaste opposition francophone au fédéral, le grand PS étant titillé sur sa gauche par le PTB et Ecolo, tout en étant barré au centre par le CDH.

Dans ce contexte compliqué, les considérations d’Elio Di Rupo sont autant à usage interne qu’en solidarité avec le peuple grec. « Réduire les pensions, les salaires des agents de l’Etat, augmenter la TVA, ce sont des situations que les Grecs, après cinq ans de souffrance, ne peuvent pas accepter », plaide-t-il. Une allusion directe aux mesures imposées par les créanciers internationaux au gouvernement Tsipras, et larvée aux réformes initiées par le gouvernement Michel, que ce soit l’allongement de l’âge légal de départ à la pension à 67 ans ou l’augmentation de la TVA ouvertement envisagée par le ministre des Finances, Johan Van Overtveldt (N-VA) dans le cadre du futur tax-shift.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– Le réveil du débat sur le référendum

– Un parallèle entre Grèce et Wallonie ?

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