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Le prince Laurent invité par « une organisation raciste »

Le prince Laurent est fortement critiqué suite à son voyage en Israël où il a été invité par une organisation écologique. Celle-ci serait « raciste » et raserait des villages palestiniens pour y planter des forêts.

Le prince Laurent est à nouveau mis en cause à la suite d’un voyage contesté : le Fonds National Juif (FNJ) ou Keren Kayemet Le Israël (KKL) qui l’a invité en vue de lui décerner un prix est accusé de racisme et d’expulsions forcées de Palestiniens. Groen, l’Open VLD et la N-VA comptent interroger le premier ministre Elio Di Rupo (PS) sur ce qu’ils qualifient de « bévue ». Depuis son voyage contesté au Congo en 2011, le prince Laurent doit faire approuver ses voyages par le gouvernement. Son voyage en Israël n’a pas été ratifié par le premier ministre, mais par le cabinet des Affaires Étrangères de Didier Reynders (MR). Celui-ci aurait donné son feu vert à Laurent parce que le voyage ne prévoyait pas de contacts politiques et que le Fonds National Juif est une « organisation prestigieuse », aux traditions très longues.

Le prince a été invité par l’organisation en sa qualité d’amateur de la nature et remporte un prix pour « ses efforts en matière d’écologie et d’énergie » écrit le journal Het Laatste Nieuws. Rien de très retentissant à première vue.

« Je pense que la famille royale fait vendre des journaux »

Reynders a refusé de réagir à la réputation douteuse de l’organisation et a continué à répéter « Mon devoir est de distinguer un voyage privé de contacts politiques ». Le porte-parole de Reynders, Michel Malherbe, déclare que le Fonds National Juif « est une fondation respectée, historique d’Israël ». Reynders a même lancé un sarcasme à la presse sur Bel RTL : « Je pense que la famille royale fait vendre des journaux. Ce sont également des éléments importants. »

Laurent non plus ne voit pas de problème. Il a déclaré au journal Het Laatste Nieuws « se réjouir de ce prix. L’organisation effectue un travail fantastique. »

« L’écologie sert de prétexte à la ségrégation »

L’organisation internationale des droits de l’homme Amnesty ne partage pas ce point de vue. Elle suspecte le Fonds National Juif d’utiliser le développement durable comme prétexte pour développer la ségrégation. Un responsable de l’organisation a déclaré sur Radio 1 que « la mission officielle du Fonds National Juif consiste à récupérer le pays juif ». Elle reçoit des donations du monde entier.

L’organisation sioniste, qualifiée de raciste par Amnesty, est accusée de raser des villages palestiniens pour y planter des arbres. Les habitants palestiniens se font expulser. Le président de la filiale belge d’Amnesty raconte sur Radio 1 qu’il a assisté à un de ces « projets ». Il parle « d’énormes forces de police » déployées pour chasser les Palestiniens.

Le prince est « complice de la colonisation »

Le voyage du Prince Laurent en Israël « ne peut être jugé apolitique », affirme dans un communiqué la secrétaire générale de l’Association Belgo-Palestinienne (ABP) Nadia Farkh. Cette organisation soucieuse d’environnement est aussi « un des principaux acteurs de la colonisation juive de la Palestine », estime l’ABP, pour qui Laurent se rend « complice de la colonisation ».

« Le KKL est destiné à acheter des terres palestiniennes grâce à des fonds récoltés auprès des communautés juives du monde entier. Ses statuts prévoient qu’une fois acquises les terres deviennent ‘propriété perpétuelle du peuple juif’. Elles ne peuvent être vendues, et ne peuvent être louées qu’à des juifs. Enfin, elles doivent être vidées de leurs habitants non-juifs afin d’être disponible à la colonisation », selon le communiqué de l’ABP.

L’organisation « a participé à l’élaboration des ‘fichiers des villages’ sur lesquels s’est basée la conduite des opérations israéliennes de nettoyage ethnique en 1948-49. Une fois vidés de leurs habitants, les villages ont ensuite été détruits et ‘reboisés’ afin d’en effacer toute trace d’histoire palestinienne. Aujourd’hui, le KKL plante des arbres pour chasser les habitants palestiniens de leurs terres. Le village bédouin d’Al Araqib situé dans Néguev a été détruit à trente-trois reprises entre juillet 2010 et décembre 2011. Le KKL compte y implanter un parc. L’expulsion des Palestiniens d’Al Araqib fait partie du plan Prawer visant au déplacement forcé de plus de 70.000 Bédouins du Néguev », ajoute l’Organisation Belgo-Palestinienne.

L’ABP remet même en cause le profil écologique de l’organisation, qui reboiserait « à l’aide de conifères peu adaptés au climat à l’environnement, qui stérilisent les sols et accentuent les risques d’incendie ».

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