© Filip Van Roe

Le président Van Rompuy crise sur la Grèce

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

La menace d’un Grexit fait sortir le président CD&V de la commission parlementaire des Finances de ses gonds et de son élémentaire devoir de réserve. Sa charge contre l’opposition PS et Ecolo, coupable à ses yeux de soutenir la cause grecque, était parfaitement déplacée. Le bouillant Eric Van Rompuy assume son dérapage.

La crise grecque échauffe les esprits. Le CD&V Eric Van Rompuy en a furtivement perdu la tête. Connu pour son tempérament bouillonnant et sa liberté de ton, le député fédéral de la majorité apprend à se contenir et à se maîtriser lorsqu’il préside la commission des Finances de la Chambre. Il reste du boulot.

Hier, Eric Van Rompuy n’a pu résister à ses pulsions. Il n’a pu s’empêcher de mettre son grain de sel dans le bourbier grec que trois députés avaient mis à l’agenda de la séance parlementaire. Alors que l’échange verbal entre les élus et le ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) s’achève selon les convenances en usage, le président de séance jette sa neutralité aux orties pour livrer sans détours sa façon de penser : « Je déplore que depuis la Belgique, le PS de Di Rupo se déclare solidaire du premier ministre Tsipras et marque son accord avec le « non » adressé aux institutions européennes. C’est surprenant pour un ancien premier ministre et pour un parti qui a toujours approuvé le sixpack et a toujours été solidaire avec le processus décisionnel à l’échelon européen. Monsieur Di Rupo est le seul socialiste en Europe à agir ainsi. Ecolo soutient aussi en partie le premier Tsipras. Je déplore que la voix de l’opposition belge semble être la voix de la Belgique en Europe. »

Non mais, de quoi j’me mêle ? De ceci encore : « je veux clairement rappeler qu’une majorité de ce Parlement soutient le premier ministre et le ministre des Finances dans les événements de ces derniers semaines. »

Voilà qui est dit. Et dit au mépris de tout règlement qui enjoint à un président de commission un strict devoir de neutralité et lui impose de ne pas prendre la parole dans ces circonstances. Eric Van Rompuy déclare benoîtement en être le premier conscient : « bon, j’ai déclenché la polémique, ce qu’un président n’a pas le droit de faire. D’accord, je sors de mon rôle. »

Faute avouée à moitié pardonnée ? Stupéfaite d’entendre ainsi ses oreilles siffler, l’opposition francophone n’est pas restée sans voix. Sans l’élever outre mesure. « Ce type d’attitude n’est pas très respectable », s’émeut le député PS Stéphane Crusnière. « J’apprécie votre liberté de parole, mais là, c’est effectivement limite », renchérit Georges Gilkinet pour Ecolo. L’incident est clos. Et ne devrait pas atteindre le stade du rappel à l’ordre.

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