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Le premier bordel de poupées a ouvert en Belgique

Ryan Claus Journaliste freelance

Même le plus vieux métier du monde est sur le point d’être sacrifié sur l’autel des nouvelles technologies. Dans le premier bordel en Belgique qui emploie des poupées, les clients ne paient plus pour avoir de vraies prostituées, mais bien pour une heure d’intimité avec des Realdoll, des poupées plus vraies que nature. Capote non obligatoire.

Le bordel de Nicolas Peeters * (50) est la seule maison qui se niche entre les ateliers, les hangars et les garages qui longent la N13. Si elle dénote quelque peu, les travailleurs de ce discret parc industriel ignorent ce qui se passe chez leur voisin. « Je les vois parfois porter de longues boîtes, alors je suppose qu’ils ont une activité de location » hasarde un verrier que l’on croise.

Il n’y a aucun signe distinctif, même lorsqu’on pénètre dans le salon. Ce n’est que lorsque le propriétaire des lieux nous emmène dans sa cuisine, où l’on aperçoit une tête d’une jolie femme en train de sécher à côté de l’évier, que l’on comprend qu’on n’est pas dans un bordel comme les autres.

Depuis février, Peeters a lancé ici sa nouvelle société Rent a Doll, le premier bordel en Belgique qui utilise des poupées sexuelles. Des poupées ultras réelles qui occupent un nouveau marché qui semble conquérir peu à peu le monde. « C’est ici que je reçois les clients », dit-il derrière sa réception très kitsch. « Ils sont très nerveux quand ils viennent pour la première fois. Parfois, ils tremblent comme des feuilles. Mais la glace est immédiatement rompue lorsque je leur dis que j’ai aussi des rapports sexuels avec des poupées. »

Un bar avec trois tabourets, un éclairage bleu et une musique de fond apaisante viennent compléter la vue de six femmes sans vie certes, mais bien faites, et fort opportunément exposées sur un petit canapé et quatre chaises. « Mes clients peuvent choisir une, ou plusieurs, de ces dames. »

Le premier bordel de poupées a ouvert en Belgique
© Dingena Mol

Le prix

Une petite heure d’intimité dans l’une des six chambres de l’établissement coûte 100 euros. Pour 180 euros, le client peut rester six heures. Peeters montre fièrement les rondeurs toniques d’un modèle à la perruque noire. « Lisa a beaucoup de succès en ce moment. Une belle silhouette, pas trop grande, c’est très tendance. Et comme vous pouvez le voir, j’en ai pour tous les goûts : gros seins, petits seins, fesses rebondies ou non, des brunes et des blondes.  »

Freya est à gauche sur le canapé. C’est une brune avec un gigantesque bonnet H coincé dans un top en résille. Avec ses 45 kilos, elle est la poupée la plus lourde du bordel. « C’est à cause de ses seins », rigole Peeters.

Au toucher, les poupées semblent remarquablement réalistes. Les « femmes » de Peeters sont de haute qualité, car elles sont faites avec l’un des meilleures silicones. L’entrepreneur paie chaque poupée entre 1800 et 2500 euros à son importateur néerlandais, Mytenga, qui se fournit en Chine.

« Le corps en silicone est maintenu droit par un squelette métallique. Les perruques sont faites de vrais cheveux et les yeux sont simplement en plastique « , explique Peeters. « Les poupées peuvent être mises ou couchées dans une douzaine de positions différentes grâce aux articulations du squelette.

Non sans importance, chacune a trois trous dits de plaisance (bouche, vagin, anus) avec lesquels, parfois avec l’aide d’un peu de lubrifiant, la « vraie chose » peut être faite d’une manière assez réaliste.

Nettoyage

Tout en admirant le corps impressionnant de Freya, Peeters saisit sans la moindre émotion son vagin amovible et le retourne complètement. « De cette façon, nous pouvons nettoyer soigneusement les poupées après chaque client. Un travail titanesque », assure le propriétaire. Car les préservatifs sont recommandés, mais pas obligatoires. « Nous nettoyons et désinfectons soigneusement les poupées après chaque client, dans la salle de bain située à l’arrière. C’est bien une heure de travail. Nous utilisons toutes sortes de désinfectants: il n’y a pas plus hygiénique. Le sexe avec nos poupées est plus propre qu’avec une vraie prostituée.  »

Avec Rent a Doll, il a ouvert presque simultanément un deuxième établissement, Peeters s’inspire des maisons closes de Londres, Paris, Barcelone et Dortmund qui proposent des Realdolls en plus de leur offre classique de « vraies » femmes.

Service d’escorte

Peeters peut aussi livrer à domicile. En étant le premier à offrir ce service en Belgique, Peeters espère jouer un rôle de pionnier dans une société qui laisse une part de plus en plus belle à la technologie. « Les poupées sexuelles sont en plein essor. Après leur première visite, beaucoup de clients me disent que c’est meilleur avec un Realdoll qu’avec une vraie femme. »

Le premier bordel de poupées a ouvert en Belgique
© Dingena Mol

Peeters reçoit maintenant quatre à cinq clients par jour, mais le service de livraison de Peeters est également populaire. Pour cela, il sillonne la Belgique pour livrer ou rechercher ses demoiselles laissées pour la nuit. Le coût ? 400 euros. Ce business semble particulièrement lucratif, mais Peeters ne rentre actuellement encore que difficilement dans ses frais. « La masse de travail est importante. La chambre et les poupées doivent être complètement nettoyées et remises en état. C’est surtout le service d’escorte qui me coûte beaucoup d’argent. Pas seulement en raison du temps que me prennent les livraisons et la collecte, mais aussi parce que les poupées s’usent très vite.  » Pour preuve, Peeters nous montre les genoux déchirés de Chelsea, une grande blonde habillée d’un très sexy ensemble de lingerie.  » Neuf fois sur dix, les poupées sont endommagées. Les clients ne traitent pas toujours les dames avec le soin qu’elles méritent. Elles se déchirent rapidement si quelqu’un les traîne ou si on leur plante des ongles dans la peau. De telles marques ne peuvent plus être réparées.

Autisme

L’argent – contrairement à tous les autres bordels – n’est étonnamment pas la principale raison du succès de genre d’établissement dit Peeters. « J’ai un fils autiste, alors je sais à quel point il est difficile pour les personnes ayant un handicap de construire une relation, pour ne rien dire sur les relations sexuelles. Certains sont encore des enfants dans leur tête, mais ils ont aussi des besoins physiques. Pour eux, une telle poupée leur permet d’y répondre. La moitié de mes clients sont d’ailleurs autistes. » Peeters envisage même de contacter des institutions qui s’occupent des personnes autistes pour leur proposer son service d’escorte. « C’est génial de voir comment nous aidons les gens avec ça ».

Peeters ne fait pas que louer, il vend aussi des Realdolls. Il voit son bordel comme une façon idéale de tester la chose avant d’acheter. « C’est un nouveau concept, les gens doivent encore s’y faire. Cela n’a rien à voir avec de la tromperie. C’est une poupée, pas une amante. Pour les femmes, il y a des vibromasseurs depuis des décennies, mais pour les hommes, il n’y a rien de comparable.  » Précurseur d’un nouveau genre, Peeters espère surtout briser un tabou. « Je veux qu’on oublie l’idée que c’est bizarre d’avoir des relations sexuelles avec une poupée. Et pas seulement pour les hommes seuls, mais aussi pour tous ceux qui ont une vie sexuelle en berne. Je reçois beaucoup de couples. Vous seriez étonné de voir combien de femmes sont excitées de voir leurs maris occupés avec une poupée. Et inversement. « 

*Le nom de Nicolas Peeters est fictif pour des raisons de confidentialité

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