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Le plan wallon de réorganisation des lieux de culte

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

En exclusivité pour Le Vif/L’Express, Paul Furlan dévoile sa réforme de l’organisation et du financement des lieux de culte en Wallonie. Les autorités des six religions reconnues ont un mois pour réagir.

Paul Furlan, ministre wallon des Pouvoirs locaux (PS), a rencontré en janvier les quatre évêques wallons, ainsi que les représentants musulmans, protestants, juifs, orthodoxes et anglicans, pour leur proposer son plan de réforme de l’organisation et du financement des lieux de culte en Wallonie. Sont concernées : près de 1900 fabriques d’église, 64 communautés protestantes, 39 mosquées, 6 établissements de culte orthodoxes, 4 israélites et 2 anglicans. La réforme sera évaluée dans les deux ou trois ans, pour ensuite être traduite dans un texte législatif. Les autorités religieuses disposent maintenant d’un mois pour formuler leurs remarques. Au mois de mai, Paul Furlan soumettra son plan au gouvernement wallon. En voici les principaux axes.

Un contrat de gestion. C’est le coeur de la réforme : la contractualisation des relations entre le pouvoir subsidiant et la communauté religieuse. Pour l’instant, les fabriques d’église (qui représentent plus de 95 % des établissements de culte en Wallonie) établissent un budget, et si les dépenses sont supérieures aux recettes, les communes n’ont d’autre choix que de payer pour palier au déficit. Ce qui ne va pas sans frictions. Le contrat de gestion devra, entre autres, fixer une trajectoire budgétaire pluriannuelle, régler les modalités de logement des ministres du culte (leur verser une indemnité de loyer ou leur fournir une maison ?), définir les réparations à réaliser aux édifices, établir les conditions de mise à disposition du lieu de culte pour l’organisation d’événements culturels, etc.

Des priorités fixées à moyen terme. Paul Furlan veut que la relation entre les deux parties s’établisse sur une base pluriannuelle. « Au lieu de demander chaque année des sous, on négocie au début de la législature pour les six ans à venir. Le bourgmestre et les représentants de la paroisse font ensemble le tour des besoins. »

Un espace de dialogue permanent. La réforme prévoit de systématiser la concertation entre le pouvoir subsidiant et les représentants du culte. « Si vous avez dans une commune un Peppone et un Don Camillo, cela provoquera toujours des étincelles, explique Paul Furlan. Mais, en cas de litige, l’autorité du ministre et de l’évêque pourront trancher. »

Une bonne gouvernance. La réforme doit favoriser une meilleure utilisation des deniers publics. Théoriquement, les fabriques d’église sont tenues d’ouvrir une procédure de marché public pour la totalité de leurs dépenses : achat de mazout, travaux de peinture, réfection des installations d’électricité, et même l’achat des cierges ! Le nouveau cadre veillera à un meilleur respect des règles.

Une rationalisation. La Wallonie compte plus de 1 900 églises. Entretenir ce patrimoine coûte cher aux pouvoirs publics, alors qu’il y a de moins en moins de fidèles (moins de 7 % des Wallons sont pratiquants). Autre difficulté : une concurrence oppose souvent les fabriques d’église au sein d’une même commune, le bourgmestre devant arbitrer entre les unes et les autres, afin de déterminer les travaux les plus urgents. Paul Furlan veut réduire le nombre de fabriques d’église. Sans rien imposer.

La transparence favorisée. Seules 39 mosquées sont reconnues par la Région wallonne. Les autres ne peuvent prétendre à aucune aide des pouvoirs publics pour l’entretien de leurs bâtiments. « Dans le cas de certaines mosquées, assène le ministre, on n’est pas certain de l’origine des fonds, et quand on n’est pas certain de l’origine des fonds, on n’est pas certain de ce qui se dit à l’intérieur. Moi, je pense qu’on a intérêt à fixer un cadre, en disant aux représentants des mosquées : vous voulez un financement public ? Pas de souci, on peut le faire, mais en contrepartie, on veut la transparence. »

Le dossier intégral dans le Vif/L’Express de cette semaine.

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