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Le passé  » tunisien  » de Didier Reynders crée la polémique

Didier Reynders, ministre des Affaires étrangères, a porté le titre de consul honoraire de Tunisie de 2004 à 2011, à une époque où le pays vivait sous la dictature de Ben Ali. Plusieurs voix dénoncent aujourd’hui une  » ambigüité « , qui nuit au chef de la diplomatie belge.

Consul honoraire, ce n’est pas à proprement parler un poste de pouvoir. La fonction, exercée de façon bénévole, consiste entre autres à  » favoriser le développement de relations commerciales, économiques, culturelles et scientifiques entre l’Etat d’envoi et l’Etat de résidence « , détaille la convention de Vienne, qui régit les relations consulaires.

Mais le fait que Didier Reynders a été choisi par la Tunisie en 2004, à l’époque où le pays vivait sous la dictature de Ben Ali, nourrit aujourd’hui les interrogations de plusieurs parlementaires belges.  » Quand Didier Reynders a été nommé aux Affaires étrangères, j’ai trouvé ça totalement inopportun, lance la sénatrice écologiste Zakia Khattabi. Il ne faut même pas lire entre les lignes. C’est noir sur blanc : Reynders a été consul honoraire de Tunisie nommé sous l’ère Ben Ali. Cela laisse quand même présager un certain type de relations. Entre-temps, le printemps arabe est passé par là… Et malgré tout, c’est lui qu’on choisit pour représenter le gouvernement sur la scène internationale ! Quelque chose d’aussi gros, ça n’arrive qu’en Belgique. « 

Le député fédéral George Dallemagne, spécialiste des questions internationales pour le CDH, confie lui aussi son malaise.  » C’est regrettable. Le moins qu’on puisse dire est que Didier Reynders aurait pu mieux choisir son pays. Au parlement, on a reçu de multiples rapports indiquant que la liberté de la presse était bafouée en Tunisie, que les militants des droits de l’homme étaient harcelés. » Pour le député, l’ex-fonction consulaire du ministre des Affaires étrangères pourrait avoir une incidence sur les relations belgo-tunisiennes.  » Cela crée une forme d’ambigüité, de flou, qui n’est pas très sain. « 

 » Didier Reynders n’a pas été très regardant, commente Véronique De Keyser, députée européenne PS et conseillère communale à Liège. A l’époque de sa nomination comme consul, j’avais protesté. Au Parlement européen, on connaissait les crimes et les exactions de Ben Ali. Mais après coup, c’est facile de juger l’histoire. Dans tous les partis, y compris le mien, on savait, et on s’est tu. C’est un peu tard pour jeter la pierre à Didier Reynders. »

Contacté par Le Vif/L’Express, Didier Reynders ne cache pas avoir  » de bons contacts  » en Tunisie, où il s’est rendu régulièrement ces dernières années, tant à titre privé que professionnel. Mais il dément toute proximité avec le régime de Ben Ali, balayé en janvier 2011 par un soulèvement populaire. C’est d’ailleurs dans la Tunisie post-révolutionnaire qu’il a effectué son premier voyage comme ministre des Affaires étrangères, le mois dernier.  » Je peux vous dire que les autorités tunisiennes étaient ravies de me voir. J’ai rencontré aussi bien le président que le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères, ce qui n’est pas fréquent. J’ai été reçu pour la première fois au palais présidentiel, alors que je n’avais jamais rencontré Ben Ali. Aujourd’hui, les relations avec la Tunisie sont parfaites. Parmi les actuels responsables tunisiens, plusieurs savent que les activités consulaires ont parfois permis d’aider des personnes sur le territoire belge.  »

François Brabant

Retrouvez l’intégralité du dossier sur les amitiés tunisiennes de Didier Reynders dans l’édition papier du Vif/L’Express.

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