Le nombre de militaires déployés va franchir largement la barre du millier d’hommes

Le déploiement de « patrouilles mixtes » de policiers et de militaires à partir de la semaine prochaine pour renforcer la sécurité, principalement dans le métro bruxellois, va entraîner une nouvelle augmentation des effectifs engagés dans l’opération « Vigilant Guardian », qui dépasseront ainsi largement le millier d’hommes, un effort difficilement supportable dans la durée, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

« On va solidement au dessus du millier » de militaires déployés en rue en appui de la police fédérale pour cette opération de sécurité intérieure, a indiqué une source gouvernementale à l’agence Belga. Un chiffre confirmé par une autre source, en l’absence d’informations officielles.

Ce qui représente un effort considérable pour l’armée, alors que la Défense compte actuellement quelque 32.000 personnes (30.000 militaires, dont tous ne peuvent pas être déployés en rue, et 2.000 civils). Quelque 340 militaires sont en outre engagés en opérations à l’étranger – principalement au Mali, en Afghanistan, en Jordanie, en Irak et en Estonie.

« Nous ne communiquons pas à ce sujet (les effectifs de l’opération « Vigilant Guardian »). Mais nous avons bien conscience qu’il en faut en plus », a pour sa part indiqué le cabinet du ministre de la Défense, Steven Vandeput.

Le Premier ministre Charles Michel a annoncé mercredi que des patrouilles mixtes policiers-militaires allaient être mises en place à partir de la semaine prochaine pour assurer la sécurité, notamment dans les lieux publics comme le métro bruxellois, qui devrait ainsi retrouver un fonctionnement normal.

Le gouvernement fédéral avait décidé le mois dernier – avant les attentats qui ont fait 32 morts à l’aéroport de Bruxelles-National et à la station de métro Maelbeek – de prolonger jusqu’au 15 avril le déploiement de militaires dans les rues, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme alors que le pays se trouvait avec un niveau de menace fixé à trois (sur une échelle de quatre). Il était alors question d’un déploiement maximal de 1.000 militaires dont, au plus 740 en rue.

La mobilisation de plus d’un millier de soldats n’est tenable que pendant « quelques semaines », a toutefois souligné une source informée.

Car la présence de militaires en rue a une influence sur les autres activités, comme une forte réduction de l’entraînement, avec le risque de perte de nombre de compétences.

Le 3ème bataillon parachutistes de Tielen, près de Turnhout, a ainsi été contraint d’annuler une période d’entraînement au camp de Boletice (République tchèque), qui devait rassembler quelque 530 personnes de fin mars à début avril, selon des sources militaires.

« Nous ne nous entraînons plus au niveau peloton (une trentaine d’hommes, ndlr) et encore moins compagnie (une centaine) », a déploré sous le couvert de l’anonymat un responsable militaire interrogé par l’agence Belga.

Le recours à l’armée – même les composantes Air et médicales ont été sollicités pour renforcer l’effort principalement fourni par la composante Terre – intervient alors que les sept unités de combat terrestres souffrent toutes d’un déficit plus ou moins grave en personnel (de 10 à 35%, selon les catégories de personnel). Et cette situation qui ne fera qu’empirer au cours des prochaines années, en raison de la faiblesse du recrutement.

Ce qui contraint l’armée à faire également appel à du personnel d’unités d’appui (artillerie, reconnaissance, …) ou logistiques, moins aguerri que les fantassins ou para-commandos, même si tous ces militaires ont reçu une formation de base et continuée au maniement des armes et au respect des « règles d’engagement » (les circonstances dans lesquelles ils peuvent faire usage de la force).

Contenu partenaire