Bart De Wever © BELGA

Le MRAX se porte partie civile contre De Wever, qu’il accuse de propos racistes

Le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie (MRAX) a annoncé jeudi via communiqué s’être constitué partie civile auprès d’un juge d’instruction vendredi dernier, contre le bourgmestre d’Anvers et député fédéral Bart De Wever (N-VA). L’association l’accuse d’avoir tenu durant une émission télévisée de la VRT, datant de mars dernier, des propos « racistes et pénalement répréhensibles ».

Le 23 mars 2015, le président de la N-VA s’était exprimé dans « Terzake » au sujet de la radicalisation de certains jeunes Belges candidats au djihad en Syrie. Il avait voulu démonter l’idée selon laquelle le racisme est une cause de radicalisation parmi les populations d’origine immigrée. « Nous avons autorisé (à venir) la mauvaise sorte de migrants en masse et ensuite trop peu a été fait », avait affirmé De Wever, postulant que le racisme est une notion « relative » et trop souvent invoquée comme excuse pour un échec personnel chez certains. « Surtout les Berbères. Ce sont des communautés fermées, avec une défiance envers les autorités », avait-il dit, assurant ne jamais avoir rencontré « un migrant asiatique qui se dise victime de racisme ».

« Le MRAX avait exigé de M. De Wever qu’il s’excuse publiquement, ce qu’il avait refusé », rappelle l’organisation jeudi. « Notre mouvement avait alors annoncé qu’il se constituerait partie civile auprès d’un juge d’instruction. Ce qui a été fait ce vendredi 8 janvier ». Le MRAX indique avoir aussi envoyé « une plainte devant le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, M. Nils Mui¸nieks, afin qu’il prenne position quant aux propos tenus par M. De Wever ». Faisant référence aux affirmations de De Wever à la suite d’autres plaintes, le MRAX conclut en l' »enjoignant de renoncer dès aujourd’hui à son immunité parlementaire ».

Dans la semaine suivant l’intervention de Bart De Wever, deux associations (le « Movement X » d’Abou Jahjah et l’Association marocaine des Droits de l’Homme) et 9 citoyens s’étaient déjà rassemblés pour déposer plainte au sujet des mêmes propos. L’immunité parlementaire de Bart De Wever, qui le protège de toute procédure pénale, complexifie toutefois le déroulement. Concrètement, l’avocat Abderrahim Lahlali s’est adressé, au nom des associations et des citoyens impliqués, au parquet d’Anvers.

« Je lui ai demandé une ‘intervention juridique’, une enquête au sujet des propos de De Wever », précise Me Lahlali jeudi. « Actuellement, je n’ai pas encore reçu de réponse officielle du parquet, donc je ne sais pas si une enquête est en cours ou non. » Vu qu’il ne s’agit pas d’une instruction en bonne et due forme, rendue impossible par l’immunité parlementaire du député, on ne peut pas obliger le président de la N-VA à se justifier, précise l’avocat. En revanche, « si le parquet d’Anvers trouve finalement qu’il y a suffisamment d’éléments qui peuvent indiquer des faits répréhensibles au regard de la loi, il devra s’adresser au parquet général, qui, lui, peut demander au Parlement d’examiner une éventuelle levée d’immunité parlementaire ».

L’initiative toute récente du MRAX ne devrait d’ailleurs pas non plus avoir de suite notable, en dehors de sa portée symbolique, si l’immunité parlementaire de Bart De Wever n’est pas levée, indique l’avocat. Le président du MRAX, Carlos Crespo, confirme que le mouvement table en fait sur un acte volontaire de l’Anversois. « Juste après l’affaire, il avait affirmé que s’il était poursuivi, il prendrait ses responsabilités et demanderait lui-même à Sigfried Bracke la levée de son immunité pour venir se défendre. Et bien, c’est ce que nous attendons, qu’il respecte son engagement », indique Carlos Crespo. « Son inviolabilité parlementaire n’empêche pas qu’il soit informé de notre action. »

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