Kris Peeters et Charles Michel © Belga

« Le gouvernement Michel II est un gouvernement de ministres qui prennent la clé des champs »

Si vous pensez que, ces dernières semaines, les politiciens s’occupent de l’avenir de notre pays, vous vous trompez. Ils s’occupent surtout de leur avenir.

« Les pourparlers de formation du gouvernement doivent avoir lieu dès que possible », déclarent les informateurs Johan Vande Lanotte (sp.a) et Didier Reynders (MR). Il y une multitude de bonnes raisons à cela. Par exemple, le déficit budgétaire important. D’après la Banque nationale, si la politique reste inchangée, le déficit budgétaire structurel passera de 1,5% du produit intérieur brut (PIB) en 2019 à 2,3% du PIB, soit 11,1 milliards d’euros en 2021. Depuis des années, la Banque nationale insiste sur la nécessité d’atteindre un équilibre structurel, car on ne peut pas vivre au-dessus de ses moyens année après année en toute impunité. Afin d’éliminer le déficit, des mesures doivent être prises et des choix politiques doivent être faits. C’est à cela que sert un gouvernement.

En attendant un nouveau gouvernement, le pouvoir exécutif est entre les mains du gouvernement « en affaires courantes ». Il est responsable de la gestion quotidienne qui ne nécessite pas de nouvelles décisions majeures. Il peut mener des interventions politiques urgentes qui ne peuvent être reportées, faute de quoi elles porteraient préjudice au pays. En 2011, par exemple, le gouvernement Leterme II a décidé de nationaliser Dexia dans les dossiers en cours afin de protéger l’épargne belge. Le problème, c’est que le gouvernement Michel II ne s’appuie que sur 38 des 150 sièges du Parlement. Pour chaque décision qu’il prend, on peut se demander s’il est soutenu par une majorité démocratique.

De plus, le gouvernement Michel II n’est pas seulement un gouvernement en affaires courantes, mais aussi un gouvernement de ministres qui prennent la clé des champs. Le Vice-Premier Ministre Kris Peeters (CD&V) se rend au Parlement européen. Ses compétences de ministre de l’Emploi, de l’Économie et de la Consommation sont reprises par Wouter Beke, membre du parti, qui démissionne également de ses fonctions de président du parti et de bourgmestre de Leopoldsburg. Le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) est devenu vice-premier ministre. Tout cela « pour garantir la continuité », comme on le dit au CD&V. Une explication peu crédible pour une danse de chaises musicales où deux des trois ministres du CD&V sont impliqués.

Le cas de Charles Michel et Didier Reynders, tous deux MR, est encore pire. Ces dernières semaines, Reynders a renoncé à ses responsabilités de ministre et d’informateur pour faire campagne pour « un changement personnel de carrière ». Il espérait le poste Secrétaire général du Conseil de l’Europe, mais est rentré bredouille, malgré son travail de lobbying intense pendant les heures de travail. Quant à Charles Michel, on a appris mardi qu’il était nommé président du Conseil européen. Il prendra ses fonctions officielles le 1er décembre.

Au sein de l’opposition aussi, on se préoccupe de recaser les politiciens. Au sp.a, par exemple, John Crombez a demandé et obtenu une exception à sa propre interdiction de cumul afin de combiner un siège à la Chambre à la présidence du parti, même si en premier lieu il vise un poste ministériel. Il est également remarquable que Bert Anciaux, à sa propre surprise, ait été repêché comme sénateur coopté pour les socialistes, après avoir déjà fait ses adieux à la politique. « Le SP.A. a grandement besoin de renouvellement. Je serai heureux de soutenir le parti dans ce dossier. Tout se résume à être crédible en politique », a débité Anciaux très sérieusement.

Au niveau flamand, ce n’est pas beaucoup mieux. Là aussi, on a assisté à un jeu de chaises musicales: le ministre-président Geert Bourgeois (N-VA) a choisi le Parlement européen, il a été remplacé par sa collègue de parti Liesbeth Homans et Ben Weyts a pu devenir vice-premier ministre. Entre-temps, Theo Francken et Zuhal Demir ont annoncé qu’ils voulaient devenir ministres du gouvernement flamand et Jan Jambon a été proposé comme ministre-président. Oui, il faudra jouer des coudes à la N-VA. Le formateur flamand Bart De Wever, également président de la N-VA, membre du Parlement flamand et bourgmestre d’Anvers, ne semble pas pressé par la formation du gouvernement flamand. Après un mois de discussions avec le Vlaams Belang – même si celui-ci ne se retrouvera pas au gouvernement – il effectuera une visite de travail en Colombie du 6 au 14 juillet. Chaque chose en son temps.

Rien n’indique que la formation d’un gouvernement fédéral et régional soit urgente. Tout indique que la répartition des postes prioritaire. Au revoir, électeur!

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