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Le diktat des présidents de partis

Le Vif

La démocratie connaît un inquiétant coup de mou. Francis Delpérée rallie le camp des « indignés. » Le sénateur CDH et constitutionnaliste au long cours pointe « le pouvoir disproportionné » des présidents de parti. Et décode « le mythe de l’élection ».

Par Pierre Havaux

« Elections, pièges à cons. » Le mot d’ordre des manifestants soixante-huitards retrouve un second souffle, à six mois du scrutin du 25 mai. Francis Delpérée, constitutionnaliste et sénateur CDH, apporte sa touche lugubre au pessimisme ambiant : « Le diagnostic que l’on est amené à poser aujourd’hui sur l’état de la démocratie n’est pas très réjouissant. Mondialisation, crise économique, terrorisme… Tous ces éléments peuvent nous inciter à nous poser la question de l’avenir de la démocratie. Ou, plus vigoureusement encore, à dénoncer l’illusion, je n’ose dire l’hypocrisie, démocratique. Il faut l’admettre, les libertés elles-mêmes sont en crise. Nous ne sommes plus au siècle des Lumières. »
Tout n’est pourtant pas perdu. Il existe ces rendez-vous réguliers avec les urnes. Les électeurs belges sont d’ailleurs priés de ne pas les rater, sous peine de sanctions. Mais l’exercice a ses limites. Francis Delpérée : « Un mythe habite nos esprits. C’est celui de l’élection. Je suis un élu du peuple et je ne vais pas cracher dans la soupe électorale. Mais je suis suffisamment lucide pour constater qu’il y a élection et élection. Il faut s’interroger sur les conditions dans lesquelles l’élection a pu se dérouler et sur la manière dont les élus ont été sélectionnés. Les formations politiques s’approprient volontiers une part des prérogatives citoyennes, à l’occasion des élections. C’est la  »particratie ». »
Francis Delpérée pointe « le pouvoir exceptionnel, disproportionné » entre les mains des présidents de parti flanqués d’un entourage restreint. Cette concentration de pouvoirs, jamais atteinte, a pour l’heure son discret port d’attache : la Comori, pour Comité de mise en oeuvre des réformes institutionnelles. Les admis au club ne sont pas légion : le Premier ministre, Elio Di Rupo (PS), et les dirigeants des huit partis impliqués dans l’accord communautaire, flanqués des deux secrétaires d’Etat aux Réformes institutionnelles. Ce petit cénacle, élargi aux écologistes restés dans l’opposition au fédéral, s’occupe de tout. C’est lui qui livre au Parlement, clé sur porte, aussi bien les dotations royales revues et corrigées qu’une réforme de l’Etat à voter sans renâcler.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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