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Le CRIOC apprend sa propre fin par la presse

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Les 22 membres du personnel du CRIOC (Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs) ont appris hier par la presse la condamnation à mort du Centre par le gouvernement Michel 1er. Dans le cadre de sa programmation budgétaire, le nouveau gouvernement fédéral a en effet décidé de supprimer le subside de 1,2 million d’euros dévolu au CRIOC. Or ce subside constitue pour ainsi dire sa seule source de financement.

« Nous n’avons pas été consultés, déplore un membre du conseil d’administration. Un nouveau contrat de gestion avait été signé en mai, avec le ministre de tutelle d’alors, Johan Vande Lanotte. Nous étions en train de relancer la machine et cherchions à recruter un nouveau directeur. Et, d’un coup, nous perdons notre financement. C’est une grosse baffe ! »

Le conseil d’administration du CRIOC, composé des trois organisations syndicales (CSC, FGTB, CGSLB), de trois organisations mutualistes (Alliance des mutualités chrétiennes, Mutualités libérales et Solidaris), des Ligues des familles francophone et flamande, d’une organisation de consommateurs germanophones et de Test-Achats, de retour au sein du ca depuis mai dernier, va s’adresser à son nouveau ministre de tutelle, Kris Peeters, pour lui demander de s’expliquer. Ou de proposer un plan B, visant notamment à sauvegarder les 22 postes d’emploi en jeu.

Kris Peeters est d’ailleurs aussi ministre de l’Emploi.

Jusqu’en 2012, le CRIOC, connu pour ses enquêtes relatives à tous les aspects de la consommation (santé, mobilophonie, destinations de vacances…), occupait régulièrement l’espace médiatique.

Mais en février 2012, un dossier diffusé dans Le Vif/L’Express avait mis en doute la qualité scientifique de ces enquêtes ainsi que la gestion des ressources humaines qui y était pratiquée par son directeur d’alors, Marc Vandercammen. La publication de cette enquête journalistique avait conduit certains des partenaires publics du CRIOC a cessé toute collaboration avec le Centre. Le conseil d’administration avait alors commandé deux audits, dont les conclusions avaient confirmé divers manquements dans le fonctionnement de l’organisation.

Quelques mois plus tard, le conseil d’administration du CRIOC décidait de se séparer du directeur Marc Vandercammen.

Le ministre de tutelle, le socialiste flamand Johan Vande Lanotte avait ensuite chargé le cabinet KPMG de réaliser un audit sur le CRIOC, dont le rapport s’était révélé « particulièrement critique sur le manque de gestion financière et administrative du Centre et sur l’affectation des moyens qu’il recevait ». L’Inspection des finances avait également rendu un avis défavorable sur l’octroi d’un subside au Crioc. Le ministre s’était alors prononcé en faveur d’une intégration du personnel du CRIOC au sein d’un service fédéral de médiation.

Depuis lors, le CRIOC vivotait, publiant de moins en moins d’études. Il était toujours alimenté par des subsides publics. Jusqu’en 2011, le budget du CRIOC s’élevait à quelque 2,2 millions d’euros, dont 1,7 million provenait du SPF Economie. Le solde était assuré par le SPF Santé publique, les ministères wallon et bruxellois de l’Environnement et le ministère wallon de l’Agriculture, pour l’essentiel. Au fil du temps, plusieurs membres du personnel avaient quitté l’équipe, relogée depuis janvier 2013 dans les locaux du SPF Economie.

Un nouveau contrat de gestion, signé avec beaucoup de retard en mai dernier, prévoyait que le CRIOC revienne à sa mission de base, c’est-à-dire l’appui et la coordination des différentes organisations de défense de consommateurs.

Le gouvernement Michel 1er semble en avoir décidé autrement en coupant le principal subside du CRIOC dans le cadre de son plan budgétaire. Sans cet apport financier, le CRIOC ne dispose plus des ressources nécessaires pour subsister.

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