Eric Defoort © Imagedesk / Nicolas Maeterlinck

« Le confédéralisme s’imposera durant cette législature »

La situation n’a jamais été aussi favorable à un saut en avant rapide vers une Belgique confédérale :  » Le PS et le CDH nous ont fait un cadeau merveilleux en se hâtant dans les Régions « , explique Eric Defoort, père fondateur de la N-VA. Le regard tourné vers le référendum pour l’indépendance de l’Ecosse.

Cofondateur de la N-VA, ancien président de l’Alliance libre européenne (ALE, qui regroupe les partis régionalistes au Parlement européen), Eric Defoort continue, du haut de ses 71 ans, à suivre de près tous les mouvements nationalistes sur le continent, tout en restant une source d’inspiration pour le sommet de son parti. Le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, ce 18 septembre, n’est pas transposable dans l’immédiat en Flandre, reconnaît-il. Mais l’objectif de la N-VA reste clair: le confédéralisme, à court terme. Voilà le MR prévenu !

Le Vif/L’Express : Les Ecossais se prononcent sur leur indépendance ce 18 septembre. Est-ce un modèle à suivre pour la Flandre?

Erik Defoort : Les Ecossais défendent un principe qui est cher à mon parti, celui du droit des peuples à l’autodétermination. Et ils le font sans révolution, par la voie démocratique d’un référendum. En Flandre non plus, la N-VA ne veut aucune révolution, contrairement au Vlaams Belang qui défend des voies plus radicales. On se rend bien compte qu’il n’y a pas, pour l’instant, de majorité pour une indépendance pure et simple de la Flandre. Il faut respecter l’opinion de la population. Je connais très bien le sommet de la N-VA et je peux vous le certifier : en dehors de la démocratie parlementaire, il considère qu’il n’y a aucune issue et ne veut même pas en entendre parler, Nous devons mener un travail de conviction. Si l’on veut atteindre l’autre côté de la rivière, il faut construire un pont pour la traverser. On ne peut demander aux gens de se jeter à l’eau sans savoir nager.

Votre parti négocie la formation d’un gouvernement fédéral au programme duquel il n’est pas question de confédéralisme. N’est-ce pas contradictoire ?

Cette évolution s’imposera d’elle-même dans le courant de la prochaine législature. Notre ministre-président, Geert Bourgeois, a donné une interview importante au Tijd à la fin du mois d’août dans laquelle il rappelait : « Nous voulons le confédéralisme. » C’est la seule option viable pour qu’on arrête de se freiner mutuellement ! Les Flamands, comme les Wallons, n’ont-ils pas le droit de choisir leur modèle de société ?

Mais l’absence de thématiques institutionnelles au menu de la suédoise n’irrite-t-elle pas l’aile radicale de la N-VA ?

Non. Ce que les francophones ont l’habitude d’appeler le « communautaire » se retrouve dans toutes les matières. Nous voulons profiter des circonstances pour engranger avec la suédoise un maximum de réformes socio-économiques et pour le reste, nous poursuivons notre stratégie politique. La situation s’y prête d’ailleurs à merveille. Ce n’est pas nous qui venons de faire un pas dans le sens du confédéralisme, mais bien le PS et le CDH. En se hâtant dans les Régions, ils ont offert un cadeau magnifique à la N-VA ; nous n’aurions jamais espéré cela ! Quand ils ont posé ce choix, nous nous sommes dit: « Merci Magnette, Merci Elio! » Dans son interview de fin août, Geert Bourgeois exprimait un autre élément important : nous ne voulons pas que le PS détricote dans cinq ans tout le travail qui aura été engrangé.

  • La suite de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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