« Le comportement du gouvernement Michel laisse fort à désirer, mais qu’en est-il de ses prestations? »

À l’époque, les bulletins scolaires de l’école primaire se composaient de deux rubriques. Une première partie sanctionnait le « comportement », c’est-à-dire l’ordre, l’assiduité et la politesse. La deuxième partie concernait la lecture, l’écriture, le calcul, etc. Les parents toléraient un 8 ou même un 7 sur 10 pour les cours, tant qu’on était au-dessus de la moyenne de la classe, mais pour la rubrique comportement seul un 10 était accepté, même quand on avait un 9, on était puni.

Le monde politique n’a jamais été un modèle de comportement exemplaire, et certainement pas le gouvernement Michel. Les partenaires de coalition préfèrent se tirer dans les pattes plutôt que de se complimenter. À en croire le sondage de Het Laatste Nieuws, VTM, Le Soir et RTL publié la semaine dernière, le gouvernement dirigé par Charles Michel (MR) n’a plus de majorité. La N-VA perd même 8%, ce qui signifie qu’elle a perdu un quart de ses électeurs par rapport aux élections de 2014. Selon le politologue Carl Devos, ce sont surtout les chamailleries du cabinet qui font fuir les électeurs. Les points de « comportement » sont lamentables et punis par les électeurs.

Le sondage révèle également que les partis extrémistes gagnent du terrain. Certains électeurs de la N-VA sont passés au Vlaams Belang, qui a fait son beurre des attentats terroristes et du débat monté en épingle au sujet des « cours d’islam dans l’enseignement catholique » qui faisait rage au moment du sondage. Et alors que la Flandre penche davantage vers l’extrême droite, la Wallonie se rapproche de l’extrême gauche : le PS y perd 6%, surtout au profit du PTB/PVDA. Bien niché dans le syndicat socialiste, ce parti peut mieux se déchaîner contre la politique gouvernementale que depuis les bancs de l’opposition. Le PTB/PVDA est le seul parti à ne pas avoir condamné les destructions causées par des gardiens de prison au cabinet de la Justice. Cela en dit long.

Le comportement du gouvernement Michel laisse fort à désirer, mais qu’en est-il de ses prestations?

Le comportement du gouvernement Michel laisse fort à désirer, mais qu’en est-il de ses prestations? Il se présente comme un « gouvernement de redressement » qui mettra bon ordre dans l’économie et les finances. On n’a pas encore vu grand-chose. Le ministre des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) s’est servi du tax shift pour vanter le glissement des impôts sur le travail vers la consommation, l’environnement et la fortune, mais celle-ci s’est muée en monstruosité que seuls les spécialistes sont capables de remplir correctement. Cette année, il y a 38 codes en plus. Le gouvernement Michel n’est donc pas parti pour rendre nos impôts plus simples, transparents et équitables, au contraire.

Pour le reste aussi, les résultats du gouvernement Michel ne sont guère brillants. Il sape sa réforme de pensions en autorisant toutes sortes d’exceptions, souvent pour le personnel d’état et les entreprises publiques. Il n’est pas question de reconfiguration de l’état et de l’administration. Les partenaires de coalition n’arrivent pas à se mettre d’accord sur l’avenir de la sécurité sociale. Et il devient de plus en plus incertain que ce gouvernement réussisse à équilibrer le budget, comme il l’a promis à plusieurs reprises : pour cela il doit encore fournir deux tiers de l’effort budgétaire, alors qu’il est déjà à mi-chemin de son mandat.

Il y a une lueur d’espoir: pour la première fois depuis longtemps, il y a de nouveaux emplois dans le secteur privé. Et c’était la priorité absolue du gouvernement Michel : « jobs, jobs, jobs ». Pourtant, ici encore, il est très éloigné de ses objectifs. Il souhaite en effet que d’ici 2019, 73% de la population âgée entre 20 et 64 ans soit au travail, aujourd’hui, ce chiffre ne s’élève qu’à 67%. C’est un chiffre abominable. En Europe, seules l’Espagne, l’Italie et la Grèce font pire, même si les différences régionales sont importantes : en Flandre, le taux d’emploi est de 72%, en Wallonie de 61,5% et à Bruxelles de 59%. Quoi qu’il en soit, le gouvernement Michel aura du mal à faire travailler plus de personnes.

Le gouvernement Michel a encore énormément de pain sur la planche. À mi-chemin de son mandat, ses résultats sont mauvais. Vu son bulletin, il n’a pas intérêt à se présenter aux élections maintenant. Si à l’école, on fait doubler les élèves qui obtiennent un bulletin pareil, en politique on les renvoie chez eux.

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