Stéphane Michiels

Le citoyen aurait-il la mémoire courte ?

Stéphane Michiels Fondateur de Belvox

Alors que le nouveau gouvernement wallon s’installe dans ses fonctions en annonçant avec fierté 150 millions de charge fiscale en moins par la diminution ou la suppression de toute une série de taxes et d’impôts, les négociations sur une nouvelle majorité à la Fédération Wallonie-Bruxelles s’embourbent.

Le pays se retrouve dans une situation inédite avec les différents niveaux de pouvoir présentant des coalitions majoritaires opposées.

Pas particulièrement efficace pour gouverner.

Car à défaut d’accord, il faudra attendre 2019 et les élections pour sortir de cette situation.

Pourtant, les responsables politiques martèlent à qui veut l’entendre que la crise à l’origine de cette situation est bel et bien passée, que des mesures ont été prises et qu’il faut maintenant regarder vers l’avenir. Vraiment ?

Quelqu’un a-t-il encore des nouvelles de la commission Publifin ? Sait-on si ses recommandations ont été traduites dans les textes ? Les mécanismes régissant le fonctionnement des intercommunales ont-ils été modifiés ? Les contrôles sur la gestion des ASBL publiques ont-ils été renforcés ? La question du cumul des mandats et des rémunérations des élus a-t-elle été réglée ? Les différentes enquêtes ouvertes par les Parquets ont-elles abouti ? Les fautifs et les fraudeurs ont-ils été poursuivis et sanctionnés ? Et où en est la commission Kazakhgate ?

Tous ces dossiers sont-ils vraiment clos, toutes ces affaires réglées que pour pouvoir regarder sereinement vers l’avenir ?

Le citoyen a la mémoire courte et est facile à distraire, on le sait… mais quand même. Se laissera-t-il cette fois encore détourner de l’essentiel par quelques cadeaux fiscaux et quelques promesses de moralité ? Toutes ces affaires vont-elles simplement s’ajouter à la longue liste des scandales politiques belges des 40 dernières années et être enterrées comme toutes les autres, d’Agusta à la Carolorégienne en passant par Inusop ou la Smap ?

Gageons que si de nouvelles formations politiques voient le jour – comme c’est souvent le cas après les crises de confiance – elles ne se contenteront pas de surfer sur la vague de colère et de rejet, mais qu’elles auront à coeur de proposer des solutions innovantes et fédératrices et de véritables projets pour un avenir à long terme.

Car partout en Europe, la défiance envers le monde politique augmente. On sent monter un besoin irrépressible de redéfinir les modèles démocratiques vers plus de transparence et de représentativité. On remarque que la plupart des systèmes électoraux mis en place au 19e siècle ne correspondent plus aux attentes et aux impératifs d’une société de plus en plus ouverte et connectée. Il y a aujourd’hui une véritable demande citoyenne d’instaurer une réflexion profonde sur le rôle et le fonctionnement des institutions, un besoin d’explorer de nouveaux modes de démocratie plus participatifs, comme c’est déjà le cas en Islande, en Irlande, en Scandinavie ou même en Suisse.

Le citoyen belge arrivera-t-il à suivre ce mouvement ?

Il devra en tout cas d’abord guérir de son indigestion de politique, surmonter la complexité cauchemardesque de ses institutions et puis s’accrocher, s’accrocher fermement et rester vigilant pour espérer un jour faire sauter les réticences d’un système extrêmement bien verrouillé.

Belvox est une initiative citoyenne indépendante de toute formation politique qui milite pour la moralisation de la vie politique, la rationalisation des institutions et l’instauration de la participation citoyenne. www.facebook.com/Belvox

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