Du côté du MR, la cheffe de file locale Christine Defraigne est pressentie pour devenir la première échevine de Liège, aux côtés du bourgmestre Willy Demeyer (PS). © Belga (montage)

Le CDH qualifie l’alliance PS-MR à Liège de « coalition Publifin, des perdants »

Les rencontres initiées par le PS en vue de constituer la future majorité communale n’ont été qu’une mascarade, selon le cdH. Il n’y a pas eu de véritables négociations, a déclaré vendredi Carine Clotuche, qui menait la liste cdH à Liège, après l’annonce du PS, jeudi soir, de poursuivre les discussions avec le MR seul.

Le PS discute avec le MR en vue d’une coalition pour diriger la ville de Liège, selon un communiqué de presse envoyé après le feu vert donné jeudi soir par les instances socialistes locales.

Au terme de 15 jours de négociations, seules deux majorités restaient possibles pour Liège: une coalition PS-Vert Ardent-cdH (28 sièges sur 49) ou PS-MR (27 sièges).

C’est la manière dont les démocrates-humanistes envisageaient de traiter la problématique des pensions, qui pèsera lourd à Liège, qui a amené les socialistes à constater une « divergence importante » avec le cdH, parti pivot dans les futures négociations depuis l’échec des discussions entre le PS et le PTB.

Par ailleurs, si des convergences avaient été mises au jour avec les écologistes locaux, notamment en matière d’environnement, les socialistes jugent que ce courant, formé de trois composantes, dont Vert Ardent et Vega, aux relations détériorées, ne pourrait se retrouver dans une coalition durable. Et le succès du PTB a rendu impossible une coalition entre le PS et Vert Ardent seuls.

« L’objet d’un traitement entièrement spécifique »

C’est donc avec le MR que le PS du bourgmestre sortant Willy Demeyer voit le plus de convergences, notamment sur la problématique des pensions. Le gouvernement fédéral a réformé les pensions des fonctionnaires locaux avec l’objectif de rendre le système pérenne. Cette réforme demande, à titre transitoire, un effort accru des pouvoirs locaux à travers la cotisation de responsabilisation de pension. A Liège, le montant a atteint 25 millions d’euros en 2017. Le financement a eu lieu via l’emprunt. A l’horizon 2024, la cité ardente s’attend à devoir dépenser 60 millions d’euros pour la Ville, la police et le CPAS.

Selon les socialistes locaux, le cdH préconisait d’inscrire le montant dans la trajectoire budgétaire. Le PS ne le souhaite pas, afin de ne pas astreindre la ville à « l’austérité la plus dure ».

Le PS considère que ce dossier doit « faire l’objet d’un traitement entièrement spécifique, assorti de moyens distincts, en concertation avec les pouvoirs fédéral et régional ». A cet égard notamment, il a constaté des convergences avec le MR local.

Christine Defraigne, première échevine de Liège ?

Les socialistes disent avoir dégagé d’autres convergences avec les réformateurs, notamment quant à la primauté du service public communal (enseignement et action sociale essentiellement). Le PS a pris bonne note du dossier déposé par le MR liégeois sur le réseau scolaire de la Ville de Liège, qui constitue une autre priorité pour les socialistes.

Enfin, d’autres convergences existent en matière d’environnement, de numérique, de mobilité et de logement.

Les négociations vont à présent avoir pour objectif l’émergence d’une coalition PS-MR à Liège pour la mandature 2018-2024. Et « cela ne remet nullement en cause le fait que l’Union Socialiste Communale de Liège continuera à combattre la politique tant du gouvernement wallon que du gouvernement Michel-De Wever », souligne l’USC.

Du côté du MR, la cheffe de file locale Christine Defraigne est pressentie pour devenir la première échevine de Liège, aux côtés du bourgmestre Willy Demeyer (PS). Mme Defraigne devrait alors quitter le parlement wallon et renoncer à sa fonction sénatoriale, et a fortiori à la présidence de la Haute assemblée.

« Une coalition des perdants », selon le CDH

Le cdH local qualifie l’alliance PS-MR de « coalition Publifin, la coalition des perdants ». Le parti humaniste faisait ainsi référence au fait que MR et PS ont respectivement perdu un et cinq sièges.

« À la seconde rencontre, le PS s’est contenté de lire la note que nous avions remise et de demander des clarifications mais, jamais, il n’y a eu de négociations. À aucun moment le PS n’a suggéré une possible tripartite progressiste PS-cdH et Vert Ardent, malgré les perches tendues. La seule chose qui a été évoquée, c’est une tripartite PS-MR et cdH mais nous avons formellement refusé », déplore Carine Clotuche.

Le cdH liégeois regrette également que le PS justifie sa décision en indiquant que le cdH entendait mener une politique d’austérité. « Au contraire, nous avons suggéré des solutions d’économies, notamment concernant la publicité pour l’enseignement communal ou les frais au sein des cabinets, pour éviter l’austérité. On s’en étonne d’autant plus que le PS nous avait demandé si nous voulions le porte-feuille des finances, que nous avons gérées avec rigueur pendant 30 ans », insiste Serge Carabin, président de la section liégeoise du cdH.

Selon Benoît Drèze, conseiller communal et député wallon, l’austérité avancée par le PS est « un pur prétexte pour faire passer un partenaire docile qui se contente de trois échevinats alors qu’il pourrait en avoir quatre ».

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