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Le CDH crucifié par Tecteo

Second à la Ville de Liège, le CDH est écartelé entre sa fidélité au PS et l’effet désastreux de l’affaire Tecteo sur ses électeurs.

Le rachat des Editions de l’Avenir par l’intercommunale Tecteo a fait une victime collatérale à Liège : Dominique Drion. L’inamovible président du CDH d’arrondissement et président du comité d’éthique du CDH national a commis le faux pas de trop en attribuant, dans La Meuse, une cote de 8/10 à Stéphane Moreau, patron de Tecteo, au moment où son parti en disait pis que pendre. A une encablure des élections législatives, difficile de se payer le luxe d’un clash. Désavoué, voilà Drion condamné au supplice chinois. En face de lui : la famille Wathelet, fils et mère, et, tout en haut, la direction du parti.

Le secrétaire d’Etat à l’Environnement, l’Energie, la Mobilité et les Réformes institutionnelles est, en effet, la future tête de liste liégeoise centriste aux élections législatives de mai 2014. Soucieux de contrecarrer l’effet désastreux produit par l’alignement de Drion sur Moreau, il a exigé que le premier mette deux points à l’ordre du jour de la SA Tecteo Services : la levée du secret defense sur la rémunération de l’administrateur délégué (600 000 euros brut par an ?) et l’acceptation par Tecteo de la tutelle de la Région wallonne. Par la même occasion, les amis de Dominique Drion aimeraient aussi connaître le montant du « fixe » que ce dernier perçoit en tant que vice-président de l’intercommunale et d’une série d’autres satellites… Autre manifestation de mauvaise humeur : la démission du conseil provincial de la mère de Melchior, Janine, excédée par le manque de « transparence » de son chef de groupe à la Province. Le remplacement de ce dernier – Dominique Drion – au profit d’un Verviétois est déjà programmé pour après les élections.

D’ici là, prudence. La consigne est : pas de vagues. Le CDH liégeois fait dans la demi-mesure, la demi-colère. Le demi-mandat, aussi. Bien qu’une nouvelle présidente ait été élue à la tête du CDH d’arrondissement, Vinciane Pirmolin (fille d’un ancien cacique PSC de la Province), Dominique Drion a obtenu du comité d’éthique du CDH (qu’il préside) une dérogation pour rester en place jusqu’aux législatives. Officiellement, parce que le CDH local le lui a demandé. Officieusement, parce que l’homme ne veut pas lâcher le pouvoir. Il tire beaucoup de ficelles : depuis vingt-quatre ans, le CDH est en majorité avec le PS à la Ville, dans l’opposition à la Province (PS-MR). C’est mécaniquement l’un ou l’autre.
Une autre ambiguïté concerne l’ancienne présentatrice du JT de la RTBF, la députée européenne, Anne Delvaux, qui a été transplantée du Brabant wallon vers Liège. Elle réclame le mandat d’échevine qui lui a été promis et que Michel Firket (Finances) s’est engagé, devant témoins, à lui céder en cours de législature. Mais quand ? C’est maintenant qu’elle a besoin de visibilité. D’autant qu’on prête au CDH l’intention de lancer Philippe Maystadt comme tête de liste aux européennes, auquel cas Anne Delvaux passerait seconde derrière Melchior Wathelet, au fédéral. Pas sûr qu’elle en ait envie. Pour un autre « jeune », le conseiller communal Marc Gillis, les choses sont plus simples : l’échevin André Schroyen (Environnement) a déjà annoncé qu’il se retirerait à son profit début 2017. En attendant, le CDH n’échappe pas à son destin, fixé par Willy Demeyer (PS), au lendemain des élections communales : « Je reconduis l’accord avec Michel Firket, premier échevin pour six ans. » De l’inconfort d’être l’allié du PS.

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