Liesbeth Van Impe

« Le CD&V ne se laissera plus piéger »

Pendant trois jours, il a semblé qu’après des mois de piétinement la note du formateur Di Rupo allait remettre les négociations prégouvernementales sur les rails – de vraies négociations, s’entend.

Liesbeth Van Impe, Editorialiste au Nieuwsblad

Le neen, never, jamais de la N-VA a torpillé cette belle espérance. Bart De Wever ne réclamait pas des adaptations ni même des éclaircissements. Il signifiait sèchement que les négociations sur la base de la note n’avaient plus de raison d’être. D’abord, il a démoli la note, point par point. Ensuite, il a lancé une attaque personnelle contre Elio Di Rupo – « Il est soit perfide, soit incompétent. » Nous voilà confrontés à une situation dont personne ne sait prédire l’issue. A chaque fois, l’impasse politique semble plus désespérée que jamais.

Que reste-t-il comme possibilités ? Trois scénarios se profilent dont, à tous les coups, le CD&V détient les clés. Le parti se démène pour échapper aux pressions, mais il y a tout lieu de croire que cela ne lui réussira pas. Les chrétiens-démocrates flamands veulent concilier l’inconciliable, à savoir le refus d’organiser de nouvelles élections et le rejet d’un gouvernement sans la N-VA. Or le CD&V devra prendre position, inévitablement. Autant choisir entre la peste et le choléra.

La première piste consiste à entamer les négociations avec les partis qui ont répondu oui au formateur, d’une manière ou d’une autre. Dans ce cas, le CD&V ne pourra pas pratiquer la politique de la chaise vide. Or le parti garde de très mauvais souvenirs d’un scénario analogue qui s’est produit en 2008. A l’époque, il a choisi de former un gouvernement et de privilégier la stabilité du pays. Mais la réforme de l’Etat est restée lettre morte. Et, aux élections législatives de juin 2010, la N-VA, restée dans l’opposition, lui a infligé une lourde défaite. A défaut d’obtenir des garanties en béton, le CD&V ne se laissera plus piéger. Et il n’est même pas sûr que ces gages suffisent à le faire monter à bord.

La deuxième piste revient à étendre les compétences de Leterme II. Cette solution offre l’avantage de ne pas devoir constituer un gouvernement sans la N-VA puisque celui-ci est déjà en place. Il se dit que Leterme pencherait en faveur de cette idée. Mais le risque demeure le même, pour l’essentiel : la non-participation de la N-VA constitue un défi majeur pour chaque parti flamand.

La troisième piste, c’est l’organisation de nouvelles élections. Du côté flamand, la N-VA (et elle seule) est sûre de la victoire. Le passage aux urnes ne résoudra (pratiquement) rien. La N-VA et le PS s’affronteront à nouveau, tandis que les autres partis flamands, de plus en plus affaiblis, assisteront, impuissants, au spectacle. Au pire, les élections nous livreront aux spéculateurs et aux agences de notation.

Le CD&V est devenu un parti timoré. Reste à savoir quel scénario lui inspire le plus d’angoisse.

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