Le 26 mai 2019 s’annonce comme un Superdimanche

Sept mois avant les élections européennes, l’Union européenne se dirige vers une nouvelle crise.

Nous avons encore de la chance. Le budget belge ne respecte pas les accords que nous avons conclus avec l’Europe, mais heureusement, il y a un État qui, selon la Commission européenne, a causé encore un plus gros gâchis. Le gouvernement italien de la Lega populiste de droite et du parti anti-establishment Mouvement 5 étoiles souhaite faire monter son déficit budgétaire jusqu’à 2,4% du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2019. Soit trois fois plus que ce que l’Europe avait convenu avec la précédente équipe gouvernementale de centre gauche. C’est pourquoi l’Italie est le premier État membre de l’UE à voir rejeter son budget par la Commission européenne. La Belgique échappe ainsi à une plus grande colère européenne.

Les Italiens ont trois semaines pour ajuster leur budget, mais ils ne semblent pas en avoir l’intention. L’intransigeance du gouvernement à Rome s’explique, en partie, par la haine viscérale des partenaires de la coalition envers l’Union européenne. « L’ Union européenne telle qu’elle est aura disparu dans six mois », a déclaré le vice-premier ministre italien, Luigi Di Maio, du Mouvement des cinq étoiles. Parce que le 26 mai 2019, il y aura des élections européennes et qu’en Italie, comme dans les autres États membres, la résistance contre « Bruxelles » s’accroît. Beaucoup sont convaincus qu’il y aura un changement de pouvoir en Europe d’ici l’été.

Dans sa lutte contre l’Europe, le gouvernement italien est soutenu par des universitaires tels que Paul De Grauwe de la London School of Economics. Ce dernier écrit sur son blog que la réprimande européenne contre l’Italie pose un problème de « légitimité démocratique ». Non pas que le rôle accru que la Commission européenne peut jouer dans le contrôle des budgets des États membres ait été réalisé de manière antidémocratique. Non, le grand problème c’est que la Commission européenne peut forcer les États membres à augmenter les impôts et à réduire les dépenses sans avoir à en supporter les conséquences politiques, estime De Grauwe.

Les politiciens nationaux devront en payer le prix lors des élections. Toutefois, le gouvernement italien n’a pas l’intention, sur ordre de la Commission européenne, de renoncer à ses promesses électorales. Le rejet du budget italien par l’Europe est considéré à Rome comme une « attaque contre le peuple ».

Le bras de fer entre la Commission européenne et le gouvernement italien menace de plonger l’Union européenne – mais aussi l’euro – dans une nouvelle crise existentielle. L’Italie est la troisième économie d’Europe continentale et de nombreuses banques européennes sont exposées à des risques financiers. Dans les capitales européennes, beaucoup de gens ont des sueurs froides.

Quelle que soit l’issue du bras de fer entre l’Europe et l’Italie, les élections européennes de mai 2019 promettent d’être captivantes. Car l’échec de la politique européenne de l’immigration ébranle de nombreux électeurs. Dans tous les États membres, l’aversion pour l’Europe « bureaucratique » et « antidémocratique », qui « ne prête pas attention aux vrais problèmes », grandit. En Belgique aussi, le temps où tous les partis étaient inconditionnellement pro-européens est révolu.

En Belgique, le 26 mai, nous voterons non seulement pour le Parlement européen, mais aussi pour de nouveaux parlements régionaux et fédéraux. Il y a de réelles chances que les campagnes européennes et nationales s’emmêlent dans notre pays. En tout état de cause, les élections régionales et fédérales seront également cruciales. Les récentes élections locales ont confirmé que la Belgique francophone glissait vers la gauche et la Flandre vers la droite. Les élections nationales décideront de l’avenir de notre pays.

Les élections sont toujours importantes, mais le 26 mai, elles culmineront, dans notre pays, dans un vote sur l’avenir et peut-être même la survie de la Belgique et de l’Europe. Le 26 mai 2019 promet d’être un Super dimanche.