Pierre Carette, le leader des CCC, photographié le jour de son arrestation, le 16 décembre 1985. © Photo News

Le 15 octobre 1984, les terroristes communistes des CCC explosent les libéraux

Dès qu’il arrivent sur les lieux, ils peuvent constater les dégâts. Les vitres ont été soufflées. Encadrés par de misérables châssis, seuls de vagues rideaux flottent encore. En lambeaux. A certains endroits, même les murs se sont effondrés. Puis, les enquêteurs pénètrent à l’intérieur du bâtiment. Ils découvrent des poutres brisées, des sols effondrés. Partout, ce ne sont qu’amas, monceaux et amoncellements. De pierres, de briques et de broc.

En s’attaquant au centre Paul Hymans, rue de Naples, c’est au coeur même du libéralisme que les terroristes s’en sont pris. Qui sont-ils ? Nul besoin d’une longue enquête pour le découvrir. Effets spectaculaires, absence de victimes, cible éminemment symbolique : un tel modus operandi ne peut être l’oeuvre que des CCC.

Deux semaines plus tôt, elles avaient signé leur premier fait d’armes. Le 2 octobre, les bâtiments de la multinationale Litton explosent. Dès alors, les Cellules communistes combattantes se dévoilent, au moyen d’un long communiqué ponctué d’une étoile rouge. Invoquant le manifeste du Parti communiste, elles annoncent mener une campagne anticapitaliste, et refuser l’implantation de missiles américains sur le territoire national. Dans les jours qui suivent, deux autres sociétés sont visées : Man et Honeywell. Point commun entre ces grosses boîtes ? Toutes sont actives dans l’industrie de l’armement.

Vient le tour du Parti réformateur libéral. Puis celui du Parti social-chrétien flamand. Le 17 octobre, une bombe explose au secrétariat CVP de l’arrondissement de Gand-Eeklo. C’est là que, tous les vendredis, le Premier ministre Wilfried Martens assure ses permanences, de 17 h 30 à 19 h 30. A nouveau, pas de hasard : le PRL et le CVP sont les deux principaux partis du gouvernement…

Les ministres Gol (Justice), Nothomb (Intérieur) et Vreven (Défense) sont chargés de la riposte. Mais ils sont mal pris :  » L’accélération des événements et les objectifs changeants imposent la prise de mesures que, par manque de moyens structurés et suffisants, nous ne pouvons actuellement prendre, encore moins maintenir « , reconnaissent les ministres. Qui exigent le recrutement de 180 gendarmes, de 20 inspecteurs pour la Sûreté de l’Etat, ainsi que la création d’une unité spécialisée dans la filature. Le 19 octobre, à l’aube, pas moins de 86 perquisitions sont tout de même organisées, et 12 personnes arrêtées.

Mais les CCC ne sont ni impressionnées ni rassasiées. Dans les semaines qui suivent, elles s’en prennent à de nouvelles cibles, particulièrement militaires (Force aérienne, Otan…). Alors que le gouvernement enrage, les médias… ne sont pas loin de prendre le parti des terroristes, y voyant des Robin des bois des temps nouveaux. Avec le temps, toutefois, la belle aura des bandits se dissipera. Jusqu’en décembre 1985, plus de 25 attentats seront commis, et deux personnes perdront la vie. En septembre 1988, la justice condamnera quatre membres des CCC, dont un certain Pierre Carette. En 2003, ce dernier obtiendra sa libération. Mais jamais il ne verra s’accomplir sa révolution tant espérée.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire