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Lasagne au cheval : la Belgique n’est pas concernée

Le Vif

La Belgique n’est pas concernée par la problématique de la présence de viande de cheval dans certains plats préparés, a annoncé lundi le SPF Economie, à l’issue d’un état de la situation réalisé lundi matin. L’administration belge se veut rassurante.

La Belgique a reçu, via le système d’échange d’informations européen (RASFF), « la mention selon laquelle nous ne sommes pas concernés », indique dans un communiqué le SPF Economie, qui rappelle au passage que « la sécurité du consommateur n’est pas en danger ».

Du côté de l’Agence pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA), on explique suivre l’enquête menée par le SPF Economie et on répète qu’il n’y a pas de danger pour la santé du consommateur.

Le SPF Economie précise que des contacts ont été pris avec la fédération de la distribution, Comeos, celle-ci enquêtant actuellement auprès de ses membres. Selon le SPF Economie, « les membres impliqués retirent les produits des rayons, de leur propre initiative ».

Les ventes de produits surgelés Findus, dont on a découvert la semaine dernière que des lasagnes au boeuf contenaient en fait de la viande de cheval, sont limitées en Belgique. « Findus est très peu présent sur le marché belge », explique la porte-parole du SPF Economie.

Des contacts sont néanmoins pris avec les firmes concernées. Si l’Inspection économique constate que ces produits sont encore présents dans certains commerces, elle saisira des échantillons pour analyse, est-il encore annoncé.

Sur base des informations disponibles, il n’y aurait pas de production dans notre pays de ces plats préparés. Le SPF Economie rappelle enfin qu’il peut intervenir sur la base de l’arrêté royal relatif à l’étiquetage des denrées alimentaires préemballées.

Test-Achats demande une meilleure information sur l’origine des produits

L’association de défense des intérêts des consommateurs Test-Achats a estimé lundi qu’un étiquetage « clair et honnête » des aliments est « plus que jamais fondé », et « particulièrement l’information sur l’origine des produits ».

« L’exemple des lasagnes Findus est excessivement parlant: une firme suédoise (Findus) fait fabriquer par une firme française (Comigel) qui sous-traite à une firme luxembourgeoise (Tavola). La viande vient bien de Comigel qui fait appel à une autre firme française (Spanghero) qui, elle-même, se fournit en viande en Roumanie. Si le consommateur devait lire tout ce processus de fabrication sur l’étiquette, il serait autrement plus critique », estime Test-Achats dans un communiqué.

L’association de consommateurs regrette que les règles concernant l’indication d’origine ne s’appliquent que dans certains cas. « L’indication d’origine doit aussi être prévue pour la viande (aussi comme ingrédient), le lait (aussi comme ingrédient dans les produits laitiers), les aliments non-transformés, les produits avec uniquement un seul ingrédient,… », réclame Test-Achats, qui demande aussi « qu’au moins le pays d’origine soit indiqué ».

L’association rappelle avoir réalisé en 2008 un test de sandwiches au filet américain. De la viande de porc, meilleur marché que la viande de boeuf, avait été retrouvée dans 42% des sandwiches testés alors que la loi prévoit que le filet américain doit contenir exclusivement de la viande de boeuf maigre.

Test-Achats estime encore que le cas des lasagnes contenant de la viande de cheval démontre les limites de l’auto-régulation et « que les contrôles indépendants par des autorités publiques performantes restent indispensables ».

Enfin, Test-Achats déplore « l’attentisme et la communication » de l’AFSCA et du SPF Economie. « Il faut ici rappeler que l’incident a commencé mi-janvier en Irlande mais que c’est seulement ce lundi 11 février que l’on a décidé d’examiner si oui ou non le marché belge était concerné », dénonce l’association.

Plusieurs pays européens (France, Royaume-Uni, Suède) ont décidé de faire retirer plusieurs sortes de plats (lasagnes, spaghettis bolognaises, moussakas) des rayons des magasins après la découverte de viande de cheval alors que ces plats étaient censés contenir 100% de boeuf.


De l’abattoir à l’assiette : des traders, des acheteurs, des transformateurs Le scandale européen des plats surgelés de lasagnes au boeuf contenant de la viande de cheval révèle des pratiques opaques sur le commerce international de la viande via des intermédiaires exotiques, qui concernent le « minerai », des bas morceaux vendus en blocs congelés.

L’ABATTAGE : pour les carcasses, 80 à 90% de l’animal abattu est déjà affecté à un acheteur: la carcasse elle-même est dûment tamponnée, identifiée, tracée et étiquetée « au champ près », assure un expert.

Restent les 10% à 15 % de « minerai » qui n’est pas directement valorisable et s’incorpore dans les préparations industrielles en boulettes, raviolis, lasagnes, hachis parmentiers…

Ce sont des « pointes de muscle », les deux extrémités d’un faux-filet par exemple, coupées sur 5 cm et invendable en l’état à l’étal, du gras et des morceaux prélevés sur les « avants » de la bête, moins nobles.

Ce minerai vendu congelé en sacs de 5 à 10 kilos n’est pas soumis aux mêmes obligations par la législation européenne mais relève des « conventions commerciales » entre vendeurs et acheteurs: à l’acquéreur d’énoncer ses besoins et ses critères et à lui de vérifier que la viande livrée correspond chez son fournisseur .

Dans l’affaire Findus, les firmes françaises Spanghero et Comigel auraient dû s’assurer de la qualité de la livraison.

LES INTERMEDIAIRES : ce sont des circuits tout à fait légaux par lesquels un opérateur s’adresse à un trader pour s’approvisionner. Dans l’affaire Findus, au moins un basé à Chypre est intervenu: il sert d’interface grâce à son réseau et peut aussi démarcher des clients pour placer des lots « au plus offrant ».

Le trader qui dispose d’une tonne de minerai dans un abattoir en Roumanie trouve un acheteur: le lot arrive chez l’acquéreur ou directement chez l’industriel qui va le transformer.

Aucun des interlocuteurs contactés par l’AFP n’a pu donner de prix, « mais on est très loin de ce que paie le consommateur chez le boucher » confie l’un et c’est bien l’approvisionnement au moindre prix qui motive ces pratiques. C’est néanmoins du commerce de gros, tout à fait légal.

UNE MAFIA ? Parler de « mafia de la viande » paraît excessif aux experts contactés même s’il y eu visiblement « tromperie » ou « fraude ».

Ici la tête de réseau était située en Roumanie, qui dispose de beaucoup de chevaux mais n’en consomme pas et exporte la viande, en petites quantités, vers les pays hippophages : dans l’ordre, l’Italie, la France, la Belgique et l’Espagne.

La question est donc de savoir qui a placé l’étiquette « boeuf » sur la viande de cheval: était-ce au départ en Roumanie ou après l’arrivée en France? ce que les documents commerciaux, sanitaires et douaniers doivent pouvoir préciser.

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