André Antoine (Les Engagés) © Belga

« La Wallonie ne va pas s’isoler »

 » La Wallonie ne va pas s’isoler parce que le PS et le cdH ne sont pas au fédéral », précise André Antoine le nouveau président du parlement wallon. « Je suis bien décidé à coopérer avec les autres entités »

« Je vous fais part de ma détermination à coopérer. Il ne faut pas s’armer les uns contre les autres », a-t-il affirmé à plusieurs dizaines de députés nouvellement élus, alors que se profile un isolement inédit du gouvernement wallon (PS-cdH) par rapport au fédéral, où se dessine une coalition sans aucun des deux partis de la rouge-romaine, mais bien avec ceux du gouvernement flamand.

Insistant sur la loyauté fédérale, M. Antoine (cdH) a souligné l’importance que devrait prendre le comité de concertation. A ses yeux, le fait régional doit y être davantage reconnu en permettant aux ministres-présidents d’entités fédérées de le présider eux aussi. Au niveau parlementaire, le « Saint-Gilles » abritera sous la prochaine législature une neuvième commission, dite « de coopération » avec les autres entités fédérées.

« Pourquoi ne pas y inviter un responsable politique flamand pour y parler du budget flamand », suggère l’ancien ministre du Budget, qui y voit un instrument de meilleure information mutuelle. André Antoine relève aussi une nouveauté autorisée par la 6e réforme de l’État, celle des décrets conjoints. Actuellement, le principal mode de coopération entre les entités sont les accords de coopération, négociés par les gouvernements sans possibilité de modification par les parlements concernés.

« Avec les décrets conjoints, il existera une possibilité de corriger, amender le texte dans les parlements régionaux, quitte à faire des navettes entre les assemblées », a souligné M. Antoine. Il a par ailleurs invité les nouveaux députés à faire preuve d' »exigence démocratique » et de recherche d’efficacité, alors que la dernière législature a été marquée par une affluence record de questions écrites. « Certaines n’ont guère d’intérêt, sinon celui de s’afficher au hit-parade » de certains médias, a commenté l’ancien ministre.

Avant même le début de la nouvelle session parlementaire, 250 questions écrites avaient déjà été envoyées aux services du parlement. André Antoine n’a pas éludé la perte de prestige de la fonction parlementaire dans l’opinion publique. « Certains disent: ‘A quoi servent-ils ? Ne gagnent-ils pas trop ? ‘ ». Il a demandé aux nouveaux députés de « trouver le bon ton pour ranimer cette flamme de respect dans l’opinion publique ».

Le parlement ne pourra se dédouaner de cet effort, lui qui a offert l’image d’un blocage singulier de plusieurs jours en juin dernier sur la validation des élections. M. Antoine a dès lors pris l’engagement de trouver, avec les groupes politiques, « un texte qui nous mette à l’abri » de telles péripéties. Il a aussi souhaité davantage de place à la société civile, avec des possibilités de prises de parole dans la galerie, plutôt que des manifestations sous les fenêtres du parlement. Le droit de pétition sera aussi favorisé.

Enfin, et sans tomber dans des travers du passé ayant concerné certaines missions parlementaires à l’étranger, M. Antoine a dit sa volonté de « brancher le parlement sur le monde », non seulement l’Europe qui détermine jusqu’à 80% des législations nationales, mais aussi les échanges internationaux, afin de « s’émanciper d’une perspective myope ».

Les nouveaux députés wallons, qui constituent la moitié de l’hémicycle, étaient accueillis mercredi par les services du parlement pour une journée de formation au travail parlementaire. Ils devaient notamment rencontrer quatre anciens « ténors » de l’assemblée, Léon Walry (PS), Serge Kubla (MR), Michel Lebrun (cdH) et Marcel Cheron (Ecolo).

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