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La Wallonie aime les « gros » cumulards

Un gros score communal en 2012 (r)ouvrira la porte du parlement aux maïeurs des grandes villes, en 2014.

Après les élections de 2014, un quart seulement des députés wallons pourront encore exercer un mandat exécutif (bourgmestre, échevin, président du CPAS) dans leur commune. Ils seront triés sur la base de leur taux de pénétration (nombre de voix obtenues par rapport au nombre d’électeurs), ce qui devrait avantager les candidats des grandes villes. Il y a quelques années, le PS avait fait mieux : en 1997, il avait en effet changé ses statuts, décrétant l’incompatibilité absolue entre un mandat de parlementaire et un mandat exécutif (bourgmestre, échevin, président du CPAS) dans une commune de plus de 50 000 habitants. Sans doute semblait-il évident aux socialistes que la gestion d’une commune importante représente un job à temps plein.

Fin de l’année 2000, le PS fait volte-face, et autorise à nouveau ce cumul. Le président du parti n’est autre, depuis un an, que le tout nouveau bourgmestre de Mons (quelque 90 000 habitants à l’époque) et député fédéral Elio Di Rupo. La man£uvre ne plaît toutefois pas à tout le monde. Si la fédération liégeoise du PS (Liège, 188 000 habitants à l’époque, et Seraing, 60 000) applaudit, ce n’est pas le cas de la fédération de Charleroi (201 000 habitants), qui garde dans ses statuts propres l’incompatibilité. Pareil pour Tournai (67 000) en Hainaut occidental (qui n’est pas encore devenu Wapi, pour Wallonie picarde). C’est le cas également pour Namur (107 000) dont les bourgmestres socialistes successifs Jean-Louis Close et Bernard Anselme se consacreront exclusivement à leur tâche municipale.

Leur successeur, Jacques Etienne (CDH), en fera d’ailleurs tout autant, renonçant à son mandat de député wallon. Son dauphin Maxime Prévot, par contre, se sent les épaules assez larges pour assumer pleinement le double mandat échevin-député. Il en a été de même pour le Liégeois Benoit Drèze (CDH également), devenu échevin après les élections de 2006, alors qu’il était député fédéral. « On ne peut pas parler de dérogation, explique-t-il, puisqu’il n’y a pas d’interdiction légale à ce cumul, ni statutaire selon les règles du CDH, même si ce n’est pas l’usage dans notre parti. Je n’ai pas été réélu en 2007, donc je continue à exercer aujourd’hui mon mandat d’échevin… »

Le siège de Tournai

En Wapi, les choses bougent. Le bourgmestre empêché de Flobecq, Rudy Demotte, veut conquérir l’hôtel de ville de Tournai. Les statuts de la fédération l’empêcheraient de cumuler le poste de bourgmestre avec celui de parlementaire ? Pas de problème : on change les statuts, ce qui permettra au double ministre-président de devenir, fin 2012, bourgmestre de Tournai, d’y installer un remplaçant de son choix (il ne peut être ministre et bourgmestre en même temps), et d’assurer l’avenir de ses suppléants au parlement wallon (Daniel Senesael) et à la Chambre (Olivier Henry)… De quoi faire râler l’ancien député wallon Christian Massy, bourgmestre actuel, ou, plus encore, Pierre-Olivier Delannois, élu député wallon en 2004, qui n’avait pas pu devenir échevin en 2006, mais n’avait pas été réélu député en 2009, et qui n’a dû sa nouvelle écharpe scabinale, en 2010, qu’à la démission fort opportune d’une échevine. Ce changement de statut a également permis à la députée wallonne Annick Saudoyer de remplacer un échevin démissionnaire à Mouscron (52 000) et de se profiler pour le maïorat en 2012.

MICHEL DELWICHE

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