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La volée de bois vert reçue par Joëlle Milquet au Parlement

« Communication désastreuse », « gigantesque navigation à vue », « manque d’anticipation », « mauvais feuilleton », « surréalisme à la belge » et « voyage en absurdie »: la ministre de l’Education Joëlle Milquet a essuyé mardi une véritable volée de bois vert de l’opposition en commission du Parlement à l’occasion d’une série d’interpellations sur sa gestion dossier de la dispense des cours philosophiques dans l’enseignement officiel.

Durant plus d’une heure, l’opposition Ecolo, FDF, mais surtout MR, a fustigé l’attitude de la ministre centriste, au coeur de la polémique ces dernières semaines après l’organisation de son sondage auprès des parents de l’officiel pour savoir s’ils envisageaient de dispenser leurs enfants du cours de morale/religion à la rentrée prochaine, conformément à un récent arrêt de la Cour constitutionnelle.

L’initiative a donné lieu la semaine dernière à un conflit ouvert avec les parents et différents pouvoirs organisateurs de l’enseignement officiel, accusant Mme Milquet de vouloir « relancer la Guerre scolaire ».

Devant les députés mardi, la ministre a qualifié de « balivernes » la polémique de ces derniers jours.

Selon elle, c’est non son sondage, mais le « combat pour la dispense » mené à cette occasion par la FAPEO et différents pouvoirs organisateurs qui a mené au « chaos généralisé ».

Or, « les priorités de l’enseignement ne sont pas celles-là », a répliqué Mme Milquet.

« Si on a dix millions d’euros à mettre dans l’école, ce n’est pas là (dans l’encadrement des élèves dispensés, ndlr) qu’il faut les mettre, mais plutôt dans la remédiation et l’encadrement pédagogique », notamment pour lutter contre l’échec scolaire, a-t-elle défendu.

Visiblement irritée par les « extrapolations hallucinantes » de l’opposition, la ministre dénoncé de son côté les propos « presque calomnieux » de l’opposition MR qui, la semaine dernière par la voix de sa cheffe de groupe Françoise Bertieaux, avait jugé le sondage ministériel « à la limite du recensement religieux », soit une pratique clairement d’extrême-droite, selon Mme Milquet.

Face à ce déluge de critiques, la ministre a répété mardi que la Fédération Wallonie-Bruxelles n’avait pas les moyens financiers de créer un cours en bonne et due forme pour les élèves qui choisiront la dispense des cours de morale ou religions à la rentrée prochaine.

D’où sa proposition de mettre sur pied un « encadrement pédagogique alternatif » (EPA) dès la rentrée prochaine pour ces élèves.

Obligatoire, organisé dans les locaux de chaque établissement, faisant l’objet d’une évaluation, cet « encadrement » -et non pas « cours »- visera à travailler à l’autonomisation des élèves, notamment via des lectures et une contribution écrite sur les thèmes de la démocratie, de la citoyenneté, de la connaissance de soi et de son environnement, …

Le programme de cet EPA, a expliqué la ministre, sera défini dans chaque établissement par une équipe pédagogique ou un enseignant disposant du titre pédagogique, mais la prise en charge effective des élèves sera assurée par un enseignant, voire un éducateur, et ce sous la responsabilité du chef d’établissement.

« Si vous pensez que ce n’est pas gérable, on reporte tout le projet d’un an. Je n’ai aucun souci avec cela… », a lancé Mme Milquet devant les critiques acerbes de l’opposition MR qui ironisait notamment sur ce « non-cours qui sera coté ».

Quant à l’introduction d’une heure de cours de citoyenneté prévue dans l’accord de majorité l’été dernier, la ministre a annoncé mardi qu’elle déposerait le 20 mai prochain au gouvernement un avant-projet de décret fixant les grandes lignes de ce cours destiné à remplacer une des deux heures de cours de religion/morale aujourd’hui donnés dans tout l’enseignement officiel.

Elle a par ailleurs confirmé son intention d’introduire un cours de citoyenneté « dans tous les réseaux » de l’enseignement subventionné en Fédération Wallonie-Bruxelles, en ce compris les écoles libres qui devront intégrer ces matières (éducation à la citoyenneté et la démocratie, méthodes philosophiques) dans leur programme de cours, mais selon des modalités qui seront laissées à leur discrétion.

La ministre n’a pas précisé si ces réformes seraient d’abord introduites au niveau primaire, et puis secondaire. Ou inversement.

Mme Milquet entend décider de cela en concertation avec les acteurs de l’enseignement, avant de s’atteler à l’élaboration des référentiels de cours.

La ministre vise une entrée en application dès la rentrée scolaire de 2016.

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