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La violence dans le foot belge, un phénomène croissant

Stagiaire

Le nombre de faits de violence sur les terrains de football ne cesse d’augmenter en Belgique. C’est le résultat d’une étude menée par la Cellule Football du Ministère de l’Intérieur, basée sur le nombre de procès-verbaux délivrés au cours des trois dernières années, dont 1.478 rien qu’en 2015. Décryptage.

Trop de tension sur nos terrains de foot ? Il semblerait que beaucoup de supporters du Plat pays aient le sang chaud, à en croire le nombre de PVs que la Cellule Football du Service Public Fédéral doit traiter chaque saison. Rien qu’en 2015, ce sont 1.478 procès-verbaux qui ont été dressés pour des infractions, soit 348 de plus que l’année précédente. Parmi ceux-ci, on compte 1.169 interdictions de stade dont 1.119 assorties d’amendes. Au total, 9.634 mois d’interdiction de stade ont été infligés et 495.425 euros récoltés à la suite d’infractions. Un nombre d’incidents qui n’avait plus été aussi élevé depuis l’année 2007 (1.736 incidents).

En Belgique, toutes les rencontres qui impliquent les équipes allant de la première à la troisième division, sont soumises à la même Loi Football, entrée en vigueur en 1998 et qui définit les limites à ne pas dépasser une fois en tribune. Interrogée sur le sujet, Cathy Van Den Berghe, coordinatrice de la Cellule Football, attribue l’évolution de ces chiffres à la santé des équipes dites « chaudes » dans leurs championnats respectifs. « La saison passée, le Sporting de Charleroi est remonté en D1, raconte-t-elle. Dans certains matchs, contre le Standard par exemple, nous avons constaté une augmentation des faits de violence entre leurs supporters, une tendance qui s’est prolongée lorsque que les deux clubs se sont à nouveau affrontés en play-offs 1. »

En deuxième division, l’Antwerp, autre club dans le collimateur, peut également faire osciller la tendance en fonction de ses résultats. « A cause de ses mauvais résultats en début de saison, le club n’emmenait avec lui que 300 à 400 fans sur chaque match, selon Mme Van Den Berghe. Mais quand il a recommencé à gagner, on parlait alors de 1.000 à 1.200 supporters à domicile et en déplacement. Là, les problèmes arrivent. »

Dans son rapport, la Cellule cite également le Beerschot-Wilrijk, La Louvière-Centre, l’ASV Geel, le RFC Liège, le Lierse, le Racing Mechelen et KAS Eupen comme les autres entités où les débordements se manifestent plus spontanément qu’ailleurs. De même, ce recensement prend également en compte des faits de violence impliquant des matchs entre la Gantoise, le Club de Bruges et Anderlecht, coupes nationale et européenne confondues.

Si au Ministère, on n’évoque pas vraiment le retour d’un Hooliganisme d’antan, la tolérance zéro est sans doute à la base de ces contestations. « Les deux sanctions les plus sévères, l’interdiction d’accès au stade et au périmètre, sont définies dans les articles 21 et 23 de la loi Football, explique Cathy Van Den Berghe. La deuxième ne s’applique que pour les faits graves et pose toujours quelques problèmes d’application. » C’est bien connu, le supporter pur et dur aime voyager avec son équipe au fil des matchs. Quitte parfois à donner des cheveux blancs aux forces de police, pour qui la tâche de surveillance devient dés lors plus compliquée.

Aux Pays-Bas, la fédération nationale voit déjà plus loin et procéderait à des tests en contrôlant les empreintes digitales de ses supporters dissidents. Grâce à une appli sur smartphone, les autorités pourraient suivre en temps réel la position de la personne et faire en sorte qu’elle se tienne loin du lieu d’un match. Une procédure encore en phase de test, pour le moment.

De la violence partout ?

On se pose un peu la question. Car si le rapport du Service Public ne concerne que les trois premières divisions nationales, quid au-delà ? « Depuis cinq ans que je suis à mon poste, je n’ai pas constaté de recrudescence similaire au niveau des faits de violence, nous dit Didier Petit-Jean, manager du comité de football pour la Province de Liège. Avant, lorsque j’arbitrais (durant 25 ans, ndlr.), il était évidemment question de bagarres entre joueurs, aujourd’hui ce sont plus les parents qui crée de la nervosité au bord du terrain, quand ils n’en viennent pas aux mains. »

Le phénomène, en provincial et dans les formules de promotion, reste tout de même marginalisé. « Avec près de 500 matchs par semaine dans toute la province, on ne recense en moyenne que 3,4 faits de violence par week end », confirme le président. Le règlement provincial est d’ailleurs différent du national. On ne peut pas, par exemple, pénaliser un supporter d’une interdiction de stade. En cas de fait répréhensible, deux types de sanction ; soit financière pour le club, soit interdiction d’affiliation pour la personne responsable.

Le basket en exemple

En Belgique, si le football est roi, le basket séduit aussi une belle franche de sa population. Et le visage présenté ici détonne avec son homologue des pelouses. « Contrairement à d’autres, le championnat belge de basket ne subit pas les mêmes débordements », s’exprime Jean-Pierre Delchef, Président de l’AWBB, l’Association Wallonie-Bruxelles de basketball. D’une part, parce que nous n’avons pas les mêmes proportions de public, mais aussi grâce peut-être une mentalité différente. » « Je n’exclus pas que des noms d’oiseaux s’échappent parfois, surtout envers les arbitres, mais pour l’instant tout se passe plutôt bien. Touchons du bois », conclut-il.

Guillaume Alvarez

Source : Belga, Het Laatste Nieuws

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