Olivier Mouton

La transparence, disait Magnette…

Olivier Mouton Journaliste

La réunion secrète avec les potentiels partenaires de l’arc-en-ciel est une erreur stratégique de la part de l’informateur.

Paul Magnette avait su séduire une partie de l’opinion publique en promettant la transparence tout au long de sa mission d’information royale. Et en adoptant une méthode basée sur le contenu, non sur les petits jeux politiciens. Deux semaines durant, il a tenu le cap, même si certaines orientations de ses notes donnaient des indications sur la voie qu’il souhaitait suivre : l’arc-en-ciel.

Jusqu’à indisposer, d’ailleurs. La preuve ? Une première version de la note a fuité. Et l’exaspération s’est exprimée, singulièrement au sein de la N-VA et de l’Open VLD.

Samedi, en vue d’un nouveau rapport au palais la semaine prochaine, le 9 décembre, le président du PS a finalement abattu ses cartes en tenant une réunion secrète avec les membres d’un potentiel arc-en-ciel fédéral : socialistes, donc, libéraux et écologistes. C’est une erreur stratégique à double titre.

Premièrement, il a rompu ce pacte explicite selon lequel il tiendrait les Belges au courant de chacune de ces démarches. On peut forcément comprendre que la mise en place d’une formule pour sortir le pays du blocage nécessite une certaine discrétion. Mais cela eut été plus opportun de le dire. En prenant en charge sa mission, Paul Magnette se donnait deux à trois chances de réussite, avant de se montrer plus optimiste. Il vient peut-être de revenir à ce taux-là en exaspérant l’opinion publique flamande – ceux qui veulent le voir échouer s’en frottent les mains.

Deuxièmement, et sans se prononcer sur le fond des politiques à mener, il est quand même singulier de vouloir forcer cet arc-en-ciel en coulisses. On sait qu’il s’agit de convaincre les libéraux flamands – dont certains membres ont montré des signaux positifs ces derniers temps. Mais voilà le CD&V braqué, lui qui aurait pu appuyer cette majorité ultra-minoritaire du côté flamand. Il l’avait d’ailleurs déjà été par les discussions parlementaires pour réformer l’avortement – une autre provocation visant en l’exaspérer au plus mauvais moment. Ses ténors ont rappelé qu’à leurs yeux, la N-VA était incontournable en Flandre comme le PS l’était du côté francophone. Et au MR, le nouveau président Georges-Louis Bouchez ne dit pas vraiment autre chose.

Paul Magnette aurait voulu fermer la porte de l’arc-en-ciel qu’il n’aurait pas agi autrement. Et si cette formule voyait le jour malgré tout, ce ne pourrait être qu’une parenthèse pour gagner du temps avec sa courte majorité et les forces centrifuges du côté flamand : N-VA, Vlaams Belang et, désormais, CD&V qui revient avec une demande de réforme de l’Etat.

Tôt ou tard, l’avenir de la Belgique risque quand même de passer par un dialogue entre ses deux principaux partis, N-VA et PS. Même si l’on sait toutes les incompatibilités potentielles entre eux.

« We must use time creatively », soulignait Paul Magnette sur son compte Twitter le 25 novembre en paraphrasant Martin Luther King. Il lui reste une semaine pour le faire, en toute transparence.

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